dimanche 21 décembre 2008

Sciences humaines, now

La Revue internationale d'éducation Sèvres fait un n°49 sur "Quel avenir pour les sciences humaines ?" (info obtenue par l'OEPU - revue du Centre international d'études pédagogiques).

A partir de la page web donnant le sommaire, liens vers :

samedi 20 décembre 2008

Mesures du capital cognitif

Alain Renaut tourne le travail de son Observatoire Européen des Politiques Universitaires vers un programme d'étude 2010-2013, intitulé "Définir et mesurer le développement académique".
Renaut sur la question de cognitimétrie : bon à suivre. Appeler "développement" la croissance du capital cognitif ?
A voir.

L'innovation : paradigme de la société de la connaissance

Document pour archive de l'état du savoir-pouvoir en cours de reconfiguration, toujours : ici concernant les "Premières Assises de l'innovation" qui se sont tenues à Paris le 9 décembre (Cité des sciences et de l'industrie). A voir.

Espace européen de la recherche - état déc. 2008

Note de veille sur l' "Espace européen de la recherche" , publiée sur le site du Centre d'analyse stratégique [what the f***?], http://www.strategie.gouv.fr.
Archive pour la politique du savoir en dimension (en projet idéologique) européen/ne.

Capitalisme cognitif : innovations

A conserver, pour une archive du capitalisme cognitif, cette info soulignée par la liste Multitudes (Luc Comeau-Montasse) : nouvelles expansions d'Amazon, filant le réseau jusqu'à la circulation des téléphones portables.

Postcolonial libéral

Le fin de la question, une des questions, qui monte/nt des travaux POCO, est politiquement entre une radicalité et un liberalism qui peut se recomposer dès qu'on prend les peuples, et la notion de culture.
La proposition critique centrale, "l'intervention postcoloniale", comme pratique de la "perspective" (les termes sont de Bhabha), étant celles de la politique de la culture, et de la politique du savoir / des savoirs (Said après Foucault).
Précisément il faut suivre au serré les déplacements que Said fait faire aux perspectives de Foucault, vers le liberalism du public intellectual.
Mais certainement, voulant forcer un passage au débat sur la culture, et les peuples, et les historicités culturelles, on engage les implications idéologiques qui sont inscrites dans "peuple", "culture", "identité". La tension est à tenir, avec une féoricité critique absolument exigeante.

Sentir les vitesses - tropismes d'évidence, où on mesure des idéologismes - avec lesquelles le libéralisme revient en jeu dans Arendt (Bhabha le note, trop rapidement, dans "The Postcolonial and the Postmodern") ; dans Naipaul prenant la vie des peuples comme celle "des peuples", leur refaisant un récit comme personnages collectifs et souffrants - récits déclinistes.

Et prendre bien la culture par le langage, et le langage par le temps du radical ; temps, saussurien, du politique.

Modernité de la théorie - France

Oui, modernité de la "théorie" - théorie littéraire, scientificité propre aux questions du littéraire - en France est à chercher du côté d'une histoire et d'une actualisation des disciplines. Le regard à embrasser radicalement plus large : les conditions de la pratique. Conditions de l'énonciation théorique - politiques, culturelles, sociales, théoriques.
C'est l'exercice d'un arrachage à un temps, par l'histoire. On perce un plan d'énonciation, qui s'est aplani comme champ d'énoncé, en surplace - the vivisective spirit (Joyce) étant ce qu'il y a à chercher. Et qui fait déboucher - on respire - sur le courant vif de simplement la pensée, le travail ; espaces des débrayages et des embrayages.

Un exercice d'énonciation, comme les exercices spirituels, étant possible à conduire par des pratiques de terrain, sans l'effort d'une transcendance, mais celui d'un quotidien local, un travail. Travail de bibliographie, par exemple ; travaux ordinaires des sciences de la culture, et en avant à la Rimbaud. Ce sont ces tâches, ordinaires et inédites à la fois, qu'il y a à constituer.
J'ai très envie, hâte, d'aller striking out dans les discours du coaching, du management quand il se met en particulier à parler de l'art et de la créativité (et des langues et de la communication, depuis plus longtemps) etc. Où l'art, et le langage, et les langues, et la culture, interviennent comme modèles, de pratiques mais aussi de transmission (un enseignement) des pratiques.

De "théorie" à "disciplines"

Drôle de se trouver rendu là, aux disciplines. Par la pression politique actuelle généralisée, venant depuis l'orientation du gouvernement Sarkozy, mais aussi lame de fond, française néolibérale, européenne, occidentale, et mondialisée - c'est beaucoup, cette accumulation des forces. La couverture de son application, une donnée nouvelle, cependant, quand elle rentre au détail des chaînes culturelles et sociales.
La pression agissant en débusquant paradoxalement (mais c'est une dynamique historique qui m'apparaît prévisible, maintenant que j'en ai fait l'expérience, historique. Ce bénéfice d'une situation de conflit de plus en plus ouverte : d'un apprentissage de l'histoire, d'une expérience intime de l'histoire, l'histoire des hommes, la politique des hommes, la justice des hommes) - débusquant paradoxalement les conservatismes fondamentaux, ou de régression, de défense.
On entend dire, s'entend dire, des choses extraordinaires, singulières, qui font mesurer, précisément, le changement de la situation d'énonciation. Les termes mêmes ont bougé ; il y a (eu) histoire. On s'entend déclarer des humanismes, des moralités, des républicanismes, des culturalismes, qui non seulement allaient sans dire - dans ce qui se constitue rapidement comme un avant, et déconcerte - mais allaient en doxa contestataire. On s'entend parler des Lettres, (moi-même, précisément, de l'Anglais. Et la dissolution du Département de Littérature anglaise de Paris 8 est mon action, comme effort pour repositionner, prendre le temps d'un now. ça ne va pas sans le déchirement des plans d'attachement où s'équilibrait tout un ensemble culturel et social) ; parler des Sciences humaines et les défendre, défendre la recherche, défendre le doctorat et plus ironiquement les concours. On a vus de reconstituer, avec une aise non-interrogée et tout à fait stupéfiante (on reste sans ressource de pensée, sans terrain culturel/conceptuel sous les pieds, d'un coup franc) la carte la plus traditionnelle des disciplines : effet pratique immédiat, paradoxal seulement si on n'en a pas senti l'inscription à l'avance dans les modèles LMD, de la réforme des masters et des licences.

Point here : à noter, le déplacement du débat ; la ligne d'engagement n'étant tout d'un coup plus du tout la "théorie", ou la "Theory" (qui est déjà un autre temps, à lui-même ; déjà intéressant à prendre comme déplacement historique, avec ses propres effets de transnational), mais les disciplines (avec leur histoire, prise à contre-pied) et la disciplinarité (avec ses enjeux politiques, graves).
D'un coup sec, "théorie" se bloque dans un temps : se date. On savait qu'il y avait ce micro-récit d'histoire intellectuelle, où "théorie" marquait (par F. Dosse, par exemple ; par Sollers en coup d'oeil rétrospectif dans l'avant-propos à la réédition de Théorie d'ensemble) le moment des sciences humaines, pris dans le même mouvement que les déplacements sociaux et politiques de années 1960. Peut-être, d'ailleurs, le temps (maoïste par exemple) d'un arrachage de la pensée politique à son terrain social, d'où en France la possibilité des radicalisations conceptuelles et le trope théorico-culturel de la révolution. Quand le colloque de Nanterre, "Whither Theory?", de 2005 je crois, marquait le coup en forçant l'existence pour "la théorie" dans les études d'Anglais (de littérature anglaise/anglophone?), le plan de débat mis en oeuvre était d'une surface X. On pouvait engager la discussion avec les développements polémiques autour de Theory dans les travaux anglophones ; il y a avait bien un phénomène contemporain autour. Il semble, deux trois ans plus tard (et à this point de vue), moins une actualité qu'un écho sans beaucoup de pouvoir de pénétration, pouvoir de morsure diagnostique sur un présent intellectuel et politique. On ne le sait que maintenant, naturellement.

Cette réorientation donc du champ des enjeux, champ critique : de théorie à disciplines, où on peut reprendre le mouvement Foucault Said postco comme "Politics of Knowledge[s]" et archéologie du savoir etc. Et à la trajectoire sociale des disciplines des "Sciences humaines", qu'on défend (par exemple quand on sabote une réforme des formations des professeurs, qui atteint la pierre angulaire de leurs assises sociales) en oubliant les "Lettres" - et on ne parle pas même des "Langues". Humanities in translation, certainly, and in transition and in globalization corporatization etc. : cette perspective. L'horizon étant nettement politique, du savoir-pouvoir, déclaré.

On a à apprendre des histoires des déclins. A voir. Comme autre chose que l'histoire des conservatismes : mais celle des réinventions, des tremplins critiques. Des arrivées par les biais (que montre C. Charle par exemple).

vendredi 12 décembre 2008

Poétique du politique : objet de "postcolonial"

Important : je fais ces lectures (champ du postco) de manière délibérée, et avec effort, comme un discours à appréhender, dans un rapport historique. Rapport culturel. Ce qui me laisse le désir de distance (même si je compte repasser par le serré de Said, Bhabha et le collectif sur Nation and Narration, Young, Guha, je ne sais pas si j'aurai le courage de l'effort pour Spivak, puis les déroulements vers bad writing, et les réceptions américaines et françaises), c'est la sensation d'une territorialisation. D'un : en vue. Où les concepts tendent à se prendre en masse, et le travail à être difficile, comme l'érosion d'un ruisseau.
Me rend mieux perceptible ce qui m'intéresse, que je cherche : que j'ai rencontré, par exemple, dans les défenses que Said a à opposer au politically correct du multiculturalisme universitaire américain des 90s, sous la forme de la distinction, marquée par Fanon, entre national consciousness comme projet anti-colonial et la social consciousness comme projet politique d'une nation qui a gagné sa souveraineté ("The Politics of Knowledge"). Que j'espère, aussi, rencontrer et travailler dans la lecture de la sociologie historique de Guha.
Qui est : dans le fin du politique, où les catégories du politique sont affinées par les problèmes du culturel et de l'éthique et des frayages locaux et civilisationnels (ces deux dimensions étonnantes de l'anthropologique, en tant qu'elles ne sont qu'une dimension - qui est l'histoire) du langage comme les langues et les oeuvres. Poétique de.

Le subalterne : généalogies trans-culturelles

Généalogies à recomposer, pour comprendre quelque chose des enjeux, dans les effets théoriques des 20 ou 30 dernières années, et leur caractéristique trans-culturelle. Pas nouvelle (voir l'humanisme, et jusque, à reculons, la philologie alexandrine etc.), mais c'est rétrospectivement qu'un contemporainéiste le sait et peut commencer à la fouiller.

Il faut arriver à entendre, à l'oeuvre dans la proposition contenue dans le terme de subaltern, la résonance complexe de Gramsci et sa philologie-politique (qui est déjà une relecture de Marx, et une philologie de la philosophie politique ; une critique de l'économie politique par le culturel) ; reprise dans Ranajit Guha pour le Subaltern Study Group indien ; reprise dans Spivak qui le croise avec Derrida (!) et la logique du supplément en fournissant la traduction authoritative de la Grammatologie ; reprise par Bhabha quand on arrive à lui, qui relit Derrida passé par Spivak.
Pour embrayer un travail critique aux implications complexes mais remarquables, actives. C'est le bloc qu'il faut prendre.

Shame : crux postco du politique-culturel-éthique

Quelque chose a l'air de se composer, dans le temps où je traverse des textes de la littérature contemporaine, et des zones théoriques du postcolonial, autour de shame.
Shame de Rushdie, sur le Pakistan ; l'exploration éthique de Coetzee (Diary, les animaux, la culture en temps d'une violence politique qui fait boutoir contre les cultures) ; shame partout dans Naipaul, dignité et effondrements culturels ; l'exploration éthique de Conrad (qu'il y a absolument à faire résoner avec le travail contemporain de Coetzee).
Le postcolonial, comme travail poétique, lame de fond culturelle - comme critique de la philosophie politique, et ses pensées du pouvoir, de l'autorité, et de la subjectivité politique. Critique des paradigmes de la pensée, ou des conceptions, du politique. Critique, directement, du politique comme catégorie d'une anthropologie. En y faisant entrer les coins de la culturalité comme vie de la différence sociale, et de l'éthique comme vie de la différence sociale. Rentre dans l'arène aussi alors, emmêlé de chacun des pans : la question du savoir, qui est celle du sens ; le rapport anthropologique comme rapport de sens et rapport de forces, toujours.

Toujours, reprendre par : la nation, dépolitisée (la citoyenneté mise en question - Bhabha et "sly civility") par le fait de l'empire. Et le travail de politique culturelle, nécessaire, pour des nations impérialistes qui ne peuvent pas faire leur vie nationale en termes politiques ; mais doivent se dérouler, pour l'empire, en politique de moralisation et d'éducation ; par la Littérature anglaise ; par la formation aux manners anglaises, par la "civilizing mission", et la dépolitisation des sujets coloniaux qui n'en sont pas.
Le culturel et l'éthique sont bien des (les) forces souterraines du politique (leur visage public, réalisation) - où se tiraille une immense histoire (française en tout cas - il faut voir au UK, mais aussi en Allemagne, cas particulier et éclairant) des rapports entre droite culturelle et gauche républicaine et laïque et coloniale héritière de la Révolution par exemple. Histoire de la liberté française, à tenir en comparatisme avec celle de la Liberty anglaise (et ses prolongements américains).
Il faut aller travailler à l'éthique du politique : et c'est là la force poignante, politique, du travail de Naipaul et de Coetzee.

mercredi 10 décembre 2008

Empire et nation

Bhabha, suite. Avec B. Anderson.
Certainement, ici, un crux. La nation, encadrée de sa philosophie politique, de sa "civilité", de la "liberty" anglaise, de sa politisation d'une culture, qui la tire du féodal et des tyrannies - et qui s'étend et déroule sa politisation en culturalisant, moralisant, ses marges par empire ; en créant ces zones, territorium (terre et terreur), des "subject nations", à rule par les manners and morals ; par l'éducation et la subject formation, par l'orientalisme et les disciplines.

Le jeu, le crucial : où faire réembrayer, pour une historicité critique, le politique et le culturel-le moral. Civilising mission. (Bush exportant la Freedom et la Democracy).

vendredi 5 décembre 2008

Politics of knowledge : intervention postcoloniale sur le savoir-pouvoir

La lecture de Bhabha est extrêmement lente, faisant écrire énormément ; faisant passer par des plans nombreux et chaque fois d'une densité extrême. D'autant plus dense qu'elle est peu fléchée : des fourrés, des taillis, d'hypercultivation - comme Derrida parle d'hypercorrection de son français d'Algérie. Situation coloniale/postcoloniale d'énonciation théorique.

En particulier, à déployer à travers elle : l'importance, l'intervention (si c'est une des choses que R. Young continue à partir de Bhabha : Bhabha proposant l'intervention du postcolonial dans le poststructural ; Young proposant l'intervention comme titre du travail de sa revue, application continue, périodique, de la question du postco) - l'intervention, donc (ou encore : agency, political and critical) du postcolonial comme question, joue au maximum sur la question du savoir-pouvoir, et son compact actuel. Le postcolonial donc, à faire travailler, pour une prise sur la "société de la connaissance" comme modèle culturel en processus d'empire : comme idéologie, et comme géopolitique. Le postcolonial comme, bien planté dans sa généalogie en Said et Foucault, stratégie de visibilité du colonial comme politique culturelle et cognitive, politique scientifique. Le colonial comme politique du savoir. Et le postcolonial comme déclinaison contemporaine du capitalisme/libéralisme (l'état dans lequel la Guerre froide laisse derrière elle le rapport de force international)
La référence psychanalytique, et la thématique identitaire, sont des effets, pratiquement secondaires. C'est la question du savoir qui fait crux, et prise critique. Comment, par exemple, the gaze est moins (malgré les développements qui le prennent pour thème, et objet) une question du visuel comme scène de l'identité/subjectivation, qu'une question de la surveillance, et de la discipline, au sens fort de Foucault. La visibilité comme mode social du rapport de force. Toujours, éviter de faire retomber la lecture de Bhabha du côté de l'identité (pourquoi y faut-il un effort? Effet de réception, ou effet interne? à voir), c'est-à-dire du côté de la culture. Car la prise est celle du culturel sur le politique. Le travail de lecture doit être ce suivi du politique dans.
Voir aussi, comme ingrédient de ça : comme dans le concept de "sujet colonial" est constitutif une sorte d'indécision sur son incarnation historique, ou théorique : qui est le sujet du "stéréotype", du "mimétisme", de la dénégation, de l'ambivalence etc.? Justement là, cette mobilité là : que le sujet colonial est un rapport. De domination, et de discipline. (Ni le colonisateur, ni le colonisé.) D'où aussi l'intérêt pour ces figures des "class of interpreters" (Macaulay) et "corps of translators" (87), ces sujets "partiels" et intermédiaires, qui habitent la farce coloniale (force et farce : c'est ancré dans Marx. C'est la nature politique du terrain où se travaillent ces questions).

Le problème de la "Postcolonial theory" comme formation discursive, et sa critique arasée par la pratique institutionnalisée : une possible dépolitisation, par la thématique de la culture. Différence des cultures, logiques de l'identité.
Or son point de travail est à garder dégagé : il regarde à l'articulation (la nature du rapport étant à penser, "articulation" étant comme un X pour marquer l'inconnue) du culturel et du politique. Politique de la culture, politique du savoir, politique scientifique. Le politico-culturel (voir sur Taguieff, aussi. Et sur l'importation en France, Compagnon passeur minorateur, des Culture wars américaines sous la question de la Culture générale, ou humaniste : cf sa recension de Nous autres, modernes, de Finkielkraut, dans le Monde du 6 oct. 2005, sous le titre "La Bataille des modernes.)

"The Politics of Knowledge" étant bien sûr Said, en anthologie dans The Fall into Theory.

jeudi 27 novembre 2008

Nouveaux plans du savoir

Plus précisément : the take would be :
Il y a des savoirs des langues, des cultures et du rapport de culture, et des sociétés, actuels, qui se composent et s'affermissent, trouvent leurs formes sociales, s'implantent et se forment en pouvoirs. Il faut les observer, les identifier, analyser leur mobilité, leurs pratiques et leurs formes. Et les situer. Forcer, cet effort analytique - stratégique dans le sens où il se sait être un travail politique - de les situer dans un rapport aux sciences des langues [well there's a thing - ce blanc épistémologique, dont on peut pourtant faire apparaître, par un travail théorique et historique historiographique, des linéaments. Voir les Philologiques], aux sciences de la culture et du langage, et des sociétés. LSHS.
C'est là qu'il faut placer la visée du travail.

Un élément de ça, un pilier, sera : les "sciences européennes", au sens de Husserl. D'où une liaison immédiate avec le projet "Quelle Europe de la connaissance?". Que je retrouve naturellement sous mes pieds.

Il faut aller au devant de ces activités, ces métiers, ces discursivités, ces blocs ou séquences sociaux (composés de discours, individus, groupements, textes, affichages, autorités de toutes sortes), qui passent au-dessous du radar scientifique, justement. Ou au moins y passent trop. Une actualité culturelle du savoir et des savoirs, qu'il y a à composer, à suivre, dans le temps de sa composition, et ses labilités étonnantes. Nous emmènent dans des terrae incognitae - inconnues par moi en tout cas, et invisibles à l'Anglais ou aux disciplines que je traverse.

Le marketing comme lieu de développement d'un savoir sur le social, le public, la constituency, inouï pour les disciplines universitaires ; celles des Humanities en tout cas. Les politiques de langues, les politiques des savoirs, la société de la connaissance : on a tout dans le même écheveau, ici. Mais on peut apprendre à détailler. Les think tanks, les métiers du consulting, du coaching [tiens : l'enseignement aussi mute ; on le sait et on ne le sait pas. Les états du pédagogisme actuellement! mis en visibilité par la crise des IUFM], de la creative class. La VAE et la "formation tout au long de la vie". La flexibilité : le travail comme formation. Oh dear : on tire un loose end et tout vient avec. L'état du travail, et l'état du politique, dans le nouvel esprit du Cap'. Mais maintenant l'inflexion, encore à comprendre, de la crise financière...
Agenda.

Aussi : ces savoirs sociaux, savoirs qui montent des pratiques du travail/du capital, sont encore un autre plan que les savoirs du quotidien, identifiés par les ethnométhodologies. Faire ces situations en rapports.

mercredi 26 novembre 2008

Anita Desai - et historicité de la littérature

J'y pense en fait après avoir entrepris la lecture des "Far Easters Tales" de S. Maugham - et repris la mesure d'une sorte de vulgarité littéraire (tiens - "littéraire" prend une couleur intéressante ici du coup, et précisément celle qui est en jeu, comme autre chose que ce qui relève d'une poétique) de Maugham, reconnaissable de Of Human Bondage.
In Custody, et la mise en récit du déclin culturel d'une langue par celle de sa tradition littéraire.
Simplement : noter, faire sortir, que la fonction de la littérature a ses histoires, voilà (plus même donc que son histoire). Que l'évidence pédagogique reçue par un public d'agrégation est bien mise en relief, comme la doxa qu'elle est ; ce qui ne fait pas d'elle une fausseté mais une situation. A prendre délicatement donc ; observer, passer sous la lumière en tournant les angles carefully. Doxa de révérence ; l'oeuvre étant d'art, par unquestionability institutionnelle, instituée.

Prendre par exemple en écho ce qui vient à la question de la littérature quand on lit le modèle de l'auteur, postcolonial aussi, du poète dans A Suitable Boy, et dans son prolongement comme mise en récit d'un art poétique de V. Seth. Et, plus puissamment, quand on lit les explorations indiennes de Naipaul, par exemple sur le poète Dalit sur qui se centre la scène ou chapitre "Bombay Theatre" dans India. A Million Mutinies Now.
Que la littérature est bien une forme culturelle, soit multiple jusque dans ses motivations radicales. Que la question de l'artisticité de la littérature, est bien historiquement située, et à garder distinctement en tête comme historique : romantique idéaliste et allemande indissociable d'un état des cultures du XVIIIème, "autonomi"-sante du XIXème français puis du modernisme occidental. Que d'autres valeurs et fonctions sociales et socialisantes sont actives, partout et toujours, furets ou ruisseaux de la culture toujours. Qu'on ne lit pas Desai comme un poème, pas Maugham comme un poème. Qu'il y a une autre pensée de l'oeuvre culturelle à développer ; et que la poétique a du mal à développer sans laisser filer vers une sociologie, par exemple. Ou bien le doit-elle? C'est la question, depuis une vingtaine d'années - ou il y a une vingtaine d'années - , des Cultural studies. Qui ne s'en tirent pas si bien.

samedi 22 novembre 2008

Projet Communication

Musing last night about books to be planned : l'Anglais, mais ensuite évidemment : la Communication, toujours.
Politique des langues et politique du langage, et politique du savoir : ces terrains délicats, lignes de crêtes entre plans, où se jouent et grondent des batailles massives ; massive powers unleashed there. Ca bouscule, malmène, la vieille barque (barbe?) de la discipline universitaire. Let's.

"Infocom" comme discipline (voir ce que ça tire, ça) ; Infocom et sciences humaines. Aller se placer, gingerly, sur ce rapide.
Qui communique, conflue, avec la Communication comme branche idéologique de la mondialisation. Comme libéralisme linguistique.

Il y a plus à travailler ça, dans un contexte où une mobilisation est notable, nombreuse, bien multipliée, autour de la traduction. C'est un autre angle, qui peut permettre de ne pas asseoir la question de la traduction.

Sur les SHS, voir peut-être F. Dosse, L'Empire du sens. L'humanisation des sciences humaines, de 1995.

lundi 17 novembre 2008

Peuple, vie, vivisection

Renan ("Qu'est-ce qu'une nation?") parle du travail d'historien comme vivisection sur les peuples. C'est qu'ils sont vivants. "La vie des peuples", Saussure. Et le vivisectif comme modernité, Joyce : vivisective spirit, modern spirit.

vendredi 14 novembre 2008

Université, disciplines - situation

Toujours cette sensation, reportée depuis un an, du "roi est nu", de l'université et des disciplines et des formes instituées du scientifique.
L'impression, précisément, des disciplines comme language games. Dont la socialité tient comme tient toute société, in mysterious ways, et par processus historiques et collectifs complexes. Et dont la socialité se délie quand...

Société, culture, public - peuple

Je crois que je serre ce qu'il faut en cherchant à faire se rencontrer des pans de réflexion, du politique et du culturel (- sens et pouvoir, dans la dimension du collectif). Auxquels ajouter nécessairement, dans un complexe commun, social.
Le rapport de public à peuple est celui où la question de l'art travaille. Et ceci historiquement, puisque d'art dans ce sens -- que la philosophie romantique puis la sociologie pourront dire "autonome" -- il n'y a qu'à partir de...

Lecture de H. Bhabha ; je regarde comment il se débrouille du rapport d'une histoire d'arts (architecture, sculpture, roman, théâtre sont convoqués, mais convoqués seulement - germes de la pensée, et non son objet, précisément) avec une histoire (trans-)culturelle contemporaine.
C'est la question du comment s'articule la "Theory" avec la "théorie littéraire". Ici on peut entrer dans l'épaisseur.

jeudi 6 novembre 2008

Traduction de traduction de traduction - Bhabha

Je reprends le travail sur Bhabha. Avec la sensation renouvelée, chaque fois reconfirmée, du meaty. Nation and Narration, pour recommencer.

Quelques noeuds de traduction qui se mettent en présence, sur ses terrains - et sur celui qui est train de se composer, assez pauvrement, appauvrissant, de sa réception en France :
. Bhabha et ses propositions sur la cultural translation, avec écho de Rushdie, et avant tout la queue de comète de la cultural anthropology. Qui pose des questions disciplinaires riches, à dénouer. Fonction de la littérature, comme territoire des savoirs, dans cette histoire.
. Bhabha lit et fait lire Barthes ; lit Derrida ; lit les théories "poststructuralistes" du récit. Lit et fait lire Renan. Tous ces textes sont déjà des produits de la traduction. Derrida de manière centrale. Et la notion même de "poststructuraliste", produit américain-anglais. Ces lanières d'histoire sont à recomposer, à suivre, à identifier dans leurs trajets et dans leur énergie, critique. Pour maintenant donc.
. en suite de ça : la question, avec ses implications nationales et nationalistes - ici, un noeud des catégories de l'intellectuel et du culturel-politique, savoir et société - du "bad writing". Tropisme xénophobe, isolationniste au moins et d'identit(arit)é culturelle, de l'anti-théorie américaine.
. C'est Spivak qui traduit Derrida, On Grammatology. Le shifter entre la "théorie" et la "French Theory", cette voix indienne de la diaspora intellectuelle. Agent de la traduction.
. Derrida comme substrat à cette formation discursive massive - à la fois "poststruct", "Theory", et référent clé pour les ramifications en cultural studies (sur certaines zones, moins marxisées peut-être), postcolonial studies, et plus récemment translation studies : avec la traduction chez lui comme thème et comme opérateur de philosophie ; comme trauma langagier moteur du désir de philosophie-déconstruction ; comme déport de Heidegger (et rapport de la philosophie) dans le champ français au tournant anthropologique (question des passages de pouvoir entre disciplines, avec leurs locations respectives, dont culturelles et linguistiques) ; comme continuation de la Destruktion en déconstruction ; comme moteur d'étymologisme et d'"écriture", pour une théorie du langage. Derrida traducteur de Husserl ; traducteur de "Aufhebung", traducteur de Heidegger (dans un sens plus diffus et global à la fois, ici).

Ces creusets étonnants, de pans théoriques anglophone et francophone, avec leurs traînes impériales et coloniales, leurs conséquences postcoloniales, et leur point, plus aveugle, dans la zone allemande, comme nation d'où monte la notion même de culture, et la culture de la traduction. Certainement tout ce nexus, un produit de l'Europe, et de la "modernité", comme produit historique de l'Europe.
C'est aussi pourquoi par exemple Arendt pointe une place de biais, sticking out. (p. 2, Nation and Narration). Un autre Heidegger ; un autre point de vue critique sur la rationalité (philosophique) politique [que le projet critique de Bhabha cible] ; et un autre rapport de savoir aux langues et à la différence des cultures : philologie contra philosophie entre Arendt et Heidegger.

lundi 3 novembre 2008

Comparatismes - France, Grande-Bretagne, Etats-Unis

Ces échanges infiniment fructueux et frictionnés, comme un pan bien épineux de l'histoire de l'Europe et de la modernité, à partir de la grosse rupture de la Révolution française. Et le travail de la démocratie.
J.S. Mill sur Tocqueville (ils se font des amabilités intellectuelles notables, malgré des postionnements politiques, si position il doit y avoir, en délicatesse - nommé le Montesquieu des contemporains) ; Tocqueville sur la démocratie américaine ; Burke sur la Révolution ; Carlyle sur l'histoire de la Révolution. Les réfugiés français en Angleterre sur la Révolution, et sur la démocratie.

Mais aussi : les délicatesses avec lesquelles il s'agit de faire agir les comparaisons, à tenir distinctes du comparatisme. Logique (actuelle) du "modèle". C'est Tocqueville qui note, évoqué par R. Reeves dans la biographie de Mill : Tocqueville, cité comme référence des deux côtés du débat autour du Reform Act de 1867 - "While Tocqueville praised the equality, dynamism and freedoms of American society, he also warned that in a 'democratic' society there was a danger of individualism and atomization, a tendency which was checked in America by vigorous local, voluntary organizations, but which could well be more dangerous in Europe with weaker forms of community association." (111)

jeudi 30 octobre 2008

Poétique et politique des victoriens

Il faut aller voir ce qui est contenu, en épaisseur d'histoire culturelle, dans le pronouncement de Shelley (ou son gel en un pronouncement par son usage culturel), selon lequel les poètes, comme capables d'apprécier "intellectual beauty", sont "the unacknowledged legislators of the world".

La lecture de la biographie de J.S. Mill, (Richard Reeves : John Stuart Mill. Victorian Firebrand) rappelle la particularité de ce nouage culturel victorien, (post)romantique, du politique (le temps des réformes, car le temps d'une modernisation politique massive) et du poétique (les fonctions XIXème de la figure sociale du poète. Wordsworth, Coleridge, Tennyson, Arnold, etc.).

Politique : rapport de forces

Un dégagement, une zone de lucidité, de simplicité, acquise : le politique, comme simplement : rapport de forces. L'ensemble est contenu là, et prêt à s'activer pour un effet critique continu ; comme force critique.
"Force", c'est le flux du pouvoir ; "forces", c'est ses incarnations, cristallisations nécessaires, dans des instances. Mobiles (et le plus souvent plus mobiles qu'elles ne le voudraient).
"Rapport", c'est la simple notion que le pouvoir joue dans la dimension nécessaire de la polis, du collectif, de la pluralité, nécessairement critique et historique donc. Nuls objets dans le politique, pas plus que dans le linguistique (la linguistique, science des rapports ; science du différentiel), mais seulement des rapports. Soit de l'histoire. Le purgatoire comme mobilité (Beckett).

Histoire relationnelle du pouvoir.

mercredi 29 octobre 2008

Plasma, rythme : pensées de l'historicité

Bien sûr à noter, cette maille : que le plasma bien mis au jour comme concept formateur de la sophistique - le logos comme plasma - par B. Cassin, est un concept pratique de l'historicité, qui a une valeur proche du rythme repris par la philologie-culturologie de Benveniste.
Puis, tout le développement de Meschonnic.

mardi 28 octobre 2008

savoir et management - et histoires du savoir

Je crois en effet ça, Luc Boltanski l'a évoqué dans des termes qui me permettent de le pointer plus précisément (à "La Suite dans les idées" de la semaine dernière, consacrée à la republication du n°1 des Actes, sur la formation de l'idéologie dominante - Bourdieu et al., et la parution à même date d'un commentaire d'accompagnement et recontextualisation par LB) : que les savoirs contemporains - ceux qui ont la lumière sociale sur eux ; ceux qui sont pertinents, positionnés pertinemment dans l'espace social, culturel, scientifique, idéologique actuel - sont ceux qui montent du management. ça donne un tout autre air à l'histoire des disciplines scientifiques. ça donne aussi des perpectives et dispositions tout autres : commencer, dans une formation supérieure actuellement (me souviens pas laquelle LB évoquait : IEP, grandes écoles, ENA, etc. ?), par apprendre le management. Fondement, code et substrat. Après on peut...
Nécessaire d'être conversant avec ça ; de savoir les discours, leurs modes, leurs références, leurs tons et leurs implications. Et apprendre à mesurer ce que ça déporte, exactement, d'une pensée contemporaine de la culture, de la société, de la politique (de l'économie, évidemment).

Transformation des conditions sociales du savoir. Immenses.
Des lieux qui m'atirent pour leur expérience, critique, de ça : j'en suis en ce moment au Weber de la Première Guerre mondiale, et commence à mieux me rendre compte de la constellation historique que forment les Husserl de 1936, Heidegger, Arendt, avec le désarroi de voir se démailler une telle histoire de la culture allemande. De l'Allemagne comme culture, et comme même culture mondiale, La culture, et sa mission pour le monde, développée en termes puissamment nationalistes, ou en souffrances de nation. (Pourquoi les situations des penseurs juifs sont critiques là.) Les conditions du savoir, et du travail intellectuel, et les plastiques inattendues, abîmes d'inédit, d'une refonte des termes du social.

samedi 25 octobre 2008

Poétique critique, et politique du savoir

Des points, simples, où la poétique - la poétique des langues, poétique de l'étranger - à de quoi développer une prise comme "science critique et historique" (Saussure) : le plan de la politique des langues, où se joue une telle part de la politique locale et mondiale, et de la géopolitique actuelles (en particulier, le déplacement de l'attention : du politique, cadre Guerre Froide, au culturel, cadre mondialisation et rapports postcoloniaux) ; le projet européen dans son ensemble ; et l'ensemble des phénomènes du postcolonial tressés à ceux de la mondialisation (par le Globish - qui est aussi le déplacement de l'atttention : du social à l'économique. Ici, commencer par Weber déplaçant Marx) ; le libéralisme contemporain (déplaçant l'attention de la nation au marché, éventuellement en explosant en passant le cadre des Etats). Ses incarnations dans "la nouvelle grande transformation" (Y. Moulier Boutang) du capitalisme, maintenant cognitif, conceptuel, créatif, culturel, social.
C'est beaucoup. C'est bien le présent.
Politique du savoir : là, simplement, la ligne d'enjeux.

mercredi 22 octobre 2008

Culture de l'économie

Laurence Fontaine : L'économie morale : Pauvreté, crédit et confiance dans l'Europe préindustrielle (Gallimard, sept. 2008).

Présentation de l'éditeur : L'air du temps chez les économistes, les sociologues, voire les historiens, est à réflexion: existe-t-il une alternative à cette forme nouvelle d'ensauvagement qu'est devenu le libéralisme économique. pour lequel tout peut désormais s'échanger compris la vie, comme des biens ordinaires? Réponse la plus courante: le retour à l'économie du don et le développement du microcrédit, observé dans les pays du tiers monde. Aidant les êtres à se désengluer de la misère plutôt qu'à faire fructifier l'argent sur le marché de la spéculation financière, le microcrédit est aujourd'hui paré des atours d'une économie morale parce que solidaire. Ces deux formes d'activité économique ont déjà existé dans l'Europe moderne. L'économie, fondée sur la confiance et le crédit, est alors encastrée dans des enjeux sociaux qui la dépassent. Loin de consolider un cloisonnement, le crédit et sa toile embrassent toutes les hiérarchies - groupes sociaux, institutions et régions dans des dépendances où chacun - les hommes et les femmes selon des modalités spécifiques - se trouve être à la fois préteur et endetté. Se tissent ainsi des réseaux d'obligations en cascade, donc de pouvoir, dans les espaces géographiques sociaux les plus variés. La relation de confiance entre créanciers et débiteurs, prêteurs et emprunteurs. constitue un lieu social fondamental. Deux cultures économiques - la féodale et la capitaliste - se côtoient, chacune portée par des valeurs spécifiques. s'affrontent mais également s'influencent au point de se transformer. Restituer le champ des expériences possibles ou communes rend, du même geste, les multiples tensions qui traversent les sociétés: au niveau collectif, entre des sociétés d'ordre et de statut et le développement parallèle de rationalités économiques; au niveau individuel, entre les exigences contradictoires des diverses appartenances des individus, leurs aspirations et la réalité éprouvée de leur expérience ordinaire. Des allers-retours entre hier et le plus contemporain, servis par le sens de l'exemple, de l'anecdote et de la narration, Laurence Fontaine en use à la maniére de Marc Bloch - comme d'une baguette de sourcier -, pour l'intelligence de la réalité passée, telle qu'elle peut être reconstituée. et la préfiguration utopique d'un univers plus humain.

Laurence Fontaine est historienne, directrice de recherche au C.N.R.S.

vendredi 17 octobre 2008

Sociologie de la crise

Bourdieu fabrique une intelligibilité sociologique de l'Homo academicus à partir de la dynamique problématique, révélatrice, de la crise - ici, Mai 1968, et toutes ses dynamiques sociales.
A partir de là, il entre dans de l'extrêmement fin des dynamiques (trajectoires, cursus honorum, carrières, et prises de position en temps critique) au personnel du social. Parle des pulsions et impulsions, souvent pathétiques, d'individus ou groupes attachés à défendre leur être social - derrière les prises de position politiques. Parle des conflits de légitimité qui éruptent dans les discussions ultimes auxquelles la politisation d'une situation de crise amène, et de l'imposition de révisions déchirantes aux agents d'un ordre ébranlé. Parle de l'authenticité comme effet de position sociale, en distinction des sincérités multiples entre lesquelles les dominants ont à se mouvoir de lieu social et lieu social.
Prend, surtout, la crise comme point d'observation. La crise de reproduction culturelle, qu'est la crise universitaire de 68, comme guerre culturelle. Où un rapport est à construire avec les Culture Wars qui ont découlé ouvertement, publiquement, du liberalism des Sixties américaines.

Enormément à récolter ici, et pour la situation de crise actuelle. Y mesurer les nouveautés tout à fait inouïes. Y mesurer la situation des Lettres et sciences humaines, du langage et de ses disciplines, des valeurs de la scientificité, etc. Et d'une réactualisation violente de ce qu'est une "politisation", un ordre culturel, etc. Ce qu'est une société.
La crise financière actuelle, avec ses vagues chaotiques de recapitalisations - dont Wendy Brown, interrogée par Sylvain Bourmeau dans La Suite dans les idées cette semaine, rappelle pointedly qu'elles ne sont en rien des nationalisations comme socialisations -, venant poser avec une violence ahurissante la question de la société. Du social. Alors que de socialisme il n'y a plus, pour fournir un cadre à la réflexion. 'Cause there is such a thing as society, contrairement à l'idéologie thatcherienne ; mais aussi 'cause the usable notions of society are now unrecognizable. Il va falloir pédaler vite et fort, pour penser la société - et pour produire sous nos pieds la possibilité même de sciences de la société, sciences de la culture.

Naipaul, le peuple

Naipaul d'une puissance impressionnante. La biographie de Patrick French (The World as It Is, 2007) permet de suivre un récit de son parcours : la trajectoire qui m'intéresse étant particulièrement celle qui part du roman (Biswas) à la nécessité de sortir du roman, de l'étirer, de le mixer à l'essai et au travel writing, au journalisme même, dans le projet d'une écriture des peuples. D'où la référence régulière à Balzac, romancier, qu'il va falloir déplier soigneusement.
NP entame une thèse sur Naipaul lu à la lumière du Roman historique de Walter Scott : Balzac est dans le même horizon de comparaison, tirant l'attention vers les modalités d'écriture des sociétés. En produisant pied à pied des complexités infiniment élucidantes.
Et la qualité de lucidité de la prose, en effet. Naipaul et la prose - peut-être plus précisément que le roman ou le travel writing etc.
An Area of Darkness, the spell I'm under right now.

mardi 7 octobre 2008

"Defend Science " et "Concerned Scientists"

Je reçois :

Politique scientifique - La science menacée aux Etats-Unis ?
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/56089.htm

Un appel, publié dans le New York Times du 9 septembre 2008, a été lancé par plusieurs scientifiques et chercheurs américains afin d'alerter l'ensemble des américains sur de récentes interventions de la politique dans le domaine de la science aux Etats-Unis. Selon cet appel, les disciplines scientifiques seraient actuellement menacées par des programmes politiques visant à privilégier l'intérêt de l'industrie et des partisans du créationnisme sur le bien-être du peuple américain, notamment en matière de santé, d'environnement et de sécurité nationale.

Cet appel, "Défendre la Science" (Defend Science) est un texte alarmiste dénonçant un certain nombre de dérives observées dans l'ensemble de la communauté scientifique américaine [1]. Ainsi, certains résultats de recherche se seraient vus modifiés afin de correspondre aux programmes politiques actuels. De même certains financements de recherche auraient été interrompus, ces recherches étant jugées incompatibles avec les fondements de la théorie du créationnisme [4].

De plus, ce texte souligne l'importance de conserver une démarche scientifique. Au-delà des idéaux religieux, la science représente l'enseignement d'une démarche scientifique basée sur la volonté de faire progresser les connaissances. Ce texte rejoint ainsi les inquiétudes émises par l'Union of Concerned Scientists sur la problématique de l'intégrité de la Science aux Etats-Unis [3]. Cette communauté de chercheurs a ainsi émis un rapport en 2004 mettant en évidence un certain nombre de dérives à l'échelle nationale remettant en cause les fondamentaux de la démarche scientifique.

Si le débat entre les partisans du créationnisme et ceux de la théorie de l'évolution n'est pas nouveau, l'adhésion aux idées créationnistes d'un certain nombre de membres du gouvernement occupant des postes à haute responsabilité, a depuis quelques années influencé les domaines de recherche scientifique privilégiés ainsi que le système d'enseignement(1). En effet, la théorie de l'évolution étant un des piliers de la science, l'enseignement des sciences serait remis en question dans plusieurs établissements secondaires du pays au nom du créationnisme.

Jusqu'à ce jour, "Défendre la Science" a recueilli plus de 6.000 signatures dans la communauté scientifique internationale. En cette période de campagne présidentielle, ce texte permet de relancer le débat sur le rôle et les devoirs de la science quant au leadership technologique et à la compétitivité des Etats-Unis. Cette thématique a ainsi fait l'objet d'un débat public le 30 août dernier, au cours duquel les deux candidats à la présidence se sont exprimés sur les principales problématiques scientifiques [2]. Les problèmes de l'enseignement des sciences et de la liberté de la recherche scientifique ont été débattus en tant que tels et reconnus comme condition nécessaire à l'aboutissement de toute recherche scientifique.


Pour en savoir plus, contacts :
Site de l'Union of Concerned Scientists : http://www.ucsusa.org/


Source :
- [1] An urgent call by scientists to: DEFEND SCIENCE. New YorkTimes (9 Sept. 2008) - http://www.defendscience.org/statement.html
- [2] Science Debate 2008. (30 Août & 15 Sept. 2008) - http://www.sciencedebate2008.com/http://www/index.php?id=42
- [3] Scientific Integrity in Policy Making. An investigation into the Bush Administration's Misuse of Science, Union of Concerned Scientists (Mars 2004) - http://www.webexhibits.org/bush/1.html
- [4] Science under siege: Scientific Integrity at the environmental Protction Agency - Audition à la commission de l'Energie et du Commerce. Audition du 18 Sept. 2008 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/LugJB

Rédacteur :
Agathe Dumas (deputy-envt.mst@ambafrance-us.org)

Evaluation : dans les champs discursifs d'origine

info diffusée par la SAES (F. Poirier). Il s'agit de l'homme de la stratégie, et de la stratégie des dépenses publiques. Il s'agit le l'homme du choix (sa première figure incarnée pour moi historiquement en Margaret Thatcher). Le sujet libéral.
Il faut aller regarder Hayek sur la société, sur l'inexistence de la société, quand tout (le marché) est conçu comme un flux d'information. C'est une anthropologie du langage. Qui débouche dans un déni du social. Déni musclé.
Je cite F. Poirier :

Une nouveauté du côté du très officiel "centre d'analyse stratégique", une publication en ligne
sur l'évaluation des politiques publiques. Rien encore sur l'enseignement et la recherche, mais
ça viendra, n'en doutez pas. Je cite cette "affaire d'homme" (sic) :

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Les Cahiers de l'évaluation de la Mission d'évaluation des politiques publiques viennent de
paraître. Ce nouveau bimestriel électronique présente des dossiers thématiques visant à rendre
accessibles à un large public les enjeux de l'évaluation, ses méthodes ainsi que les pratiques internationales dans ce domaine. A travers des dossiers très divers, cette revue documente l'idée selon laquelle l'évaluation est une affaire d'homme confronté à des choix. Dans cette perspective, chaque dossier présentera l'interview d'une personnalité à l'expérience reconnue.

Dossier « Calculer pour décider » vol. 1 et 2 :
www.strategie.gouv.fr/article.php3?id_article=902
Ce premier dossier (présenté en deux numéros) est consacré au calcul économique, référence mondiale en matière d'évaluation des politiques publiques.

Télécharger les Cahiers de l'évaluation au format PDF :
www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/cahiers1-2.pdf

jeudi 2 octobre 2008

Rapport Maalouf : "multiplicité des langues", Europe

Le Rapport Maalouf, intitulé Un Défi salutaire. Comment la multiplicité des langues pourrait consolider l'Europe : et "Proposition du groupe des intellectuels pour le dialogue interculturel constitué à l'initiative de la Commission européenne" - Bruxelles 2008.

Noter aussi : le site de l'Observatoire européen du plurilinguisme.

lundi 22 septembre 2008

Dossier sur L'Europe de la recherche

Un dossier ouvert sur le site Educpros : La Politique européenne de la recherche.

Discours officiel sur l'état de l'université

La rentrée 2008, vue par le Ministère. Bilan et "la nouvelle université", "L'université change" ; et perspectives.

lundi 15 septembre 2008

Etat des forces (et des indicateurs) - OCDE, MEN

Informations transmise par l'AMUE :

Regards sur l'éducation 2008 > les indicateurs de l'OCDE
L’OCDE publie l'édition 2008 de ses "Regards sur l’éducation" qui propose une série d’indicateurs actualisés et comparables sur les résultats des systèmes éducatifs. Les indicateurs montrent qui participe aux activités éducatives, quelles dépenses leur sont affectées, comment les systèmes éducatifs fonctionnent et quels sont les résultats obtenus.
A lire >
regards sur l'éducation 2008

"Regards sur l’éducation" dans la presse :
Les études supérieures, utiles mais longues et mal adaptées au marché, Le Monde
L'OCDE pointe le mauvais financement des universités, Le Figaro
L'OCDE appelle la France à payer plus pour ses facs, L''Expansion


Repères et références statistiques > enseignements, formation et recherche
Le MEN publie un ouvrage de références détaillant statistiquement tous les domaines de l'éducation nationale. L’édition 2008 propose une nouveauté avec le chapitre « Les étudiants » qui offre de nombreux chiffres sur l’évolution des effectifs, la population universitaire par département et académie, ou encore les étudiants étrangers dans les universités.
A lire >
repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche

mercredi 10 septembre 2008

Il n'y a pas de pseudo politique

Je continue à réfléchir aux implications de la notion de pseudo, de faux, en analyse politique, analyse des discours politiques, à partir des Contre-réactionnaires de Taguieff.
Analogie technique avec la situation des discours évangélistes des missionnaires dans le Raj : comme les discours du religieux ont tellement focalisé les enjeux séculaires du social, du culturel, du politique, sous des termes non politiques - pas là un faux, un trope idéologique et culturel des siècles, mais une expression de. Un mode politique.
J'en arrive à : une forme d'histoire.
Forme de langage, forme de vie (Wittgenstein) : ce qui va m'aider pour penser le rapport de culture sera plutôt, tirant toujours plus certainement du côté de l'histoire, ce pas latéral vers une notion, à regarder, de forme d'histoire.

Historicisations - politique culturelle du Raj

Les élucidations infiniment précieuses qui viennent avec le travail, maille par maille, de complexification de la perspective pour penser la politique culturelle du colonialisme, britannique dans ce cas - ou, ce qui fait partie du processus, la politique coloniale comme politique culturelle. La culture comme force mise en oeuvre pour le projet de l'ordre colonial. Il s'agit du rapport de la culture au pouvoir, dans son histoire. Masks of Conquest, G. Viswanathan :

. suggestion sur l'espace de l'Inde britannique comme lieu satellite et terrain pour le règlement des conflits métropolitains, par décalage. Une sorte de neutralité, de moindre-importance ou simplement virginité politique, voilà (accompagnée alors des fantasmes de la native Rebellion) - où on peut play them out, et conduire des expérimentations, sociales, institutionnelles, culturelles. Lieu de résolution (espéré) ; lieu de complexification, caisse de résonance. Ce qui m'importe d'abord, c'est cette proposition sur l'Inde comme laboratoire d'anglicité, de politique nationale anglaise : laboratoire du libéralisme, du nouveau capitalisme (dans sa partie intextricablement liée avec l'impérialisme), des nouveaux équilibrages des forces sociales at home - nouveau poids de la middle-class, nouvelles craintes de la nouvelle force inouïe des masses. Penser aux propositions de B. Anderson, dans Imagined Communities, sur les espaces extra-européens d'exercice de l'invention démocratique européenne.
Lieu d'exercice des conflits métropolitains, avec effets de déports, rarement tels que prévus.
Lieu de pression, aussi, et de réaction, des conflits : comment la working class domestique devient un acteur dans les décisions de policy en Inde - et : comment elle devient le prisme même par lequel l'orientation résultante de la politique coloniale est amenée à concevoir le rapport de colonisation comme un rapport de classe. Avec les malentendus politiques graves que ça entraîne, les décalages, les porte-à-faux.

. aussi : garder en tête que le colonialisme britannique est une question de la nationalité britannique - le 19ème, siècle de la nation et siècle de l'impérialisme. Question : car s'y jouent aussi les rapports, sans paix, des nations britanniques : l'Ecosse étant régulièrement la plus turbulente, et moteur de problèmes, moteur de culture. A. Duff, la Church of Scotland en Inde. L'Ecosse en Irlande, aussi, dès Cromwell.

. la diversité des modes de la politique coloniale, et leur concurrence, précisément. Il y a les colonialismes évangélique et missionnaire, paternaliste et aristocratique, utilitariste, libéral (pour le Free Trade : Charter Act de 1813), etc. Multiplicité qui donne les tensions sur le terrain entre politique "secular", des administrateurs coloniaux (dont les Orientalistes), et idéologie évangélique agressive (vers Macaulay).

. une politique culturelle coloniale étant la manipulation, plus ou moins heureuse, du point de médiation entre langues et cultures et sociétés, est en jeu une analyse culturelle et une théorie de la culture, chaque fois. Des théories de la culture, multiples et concurrentes, de la part des seuls colonisateurs même. A. Duff voix des missionnaires (Church of Scotland) contre la logique de l'administration "secular" : la différence se fait ici sur la conception du rapport entre texte et contexte de lecture, effets (de moralisation) pragmatiques. Quoi faire lire aux écoles, mais surtout : théorisation - idéologisation - de ce qu'engage une lecture. Un texte littéraire pouvant avoir valeur pragmatique différente selon les dispositions morales du lecteur, infusées par sa culture.

mardi 9 septembre 2008

Repère d'histoire des intellectuels

La question, telle que la pose C. Charle : celle, au moment de l'Affaire Dreyfus et à travers elle, de la transformation des champs culturels, vers une configuration qui reste comme l'un des cadres actifs du présent (au moins dans la mesure où "l'intellectuel" reste une question vive, y compris avec ses amortissements). Transformation de la carte des "classes dirigeantes", et des "élites".
On peut commencer depuis ici : "Pour les orléanistes qui perdent le pouvoir en 1877, les "classes dirigeantes" se définissent par les Lumières et la richesse." (67) Syllogisme : ne peuvent accéder au savoir que "les détenteurs d'une certaine aisance [; qui] leur procure le loisir de s'occuper des affaires publiques[, et] leur instruction supérieure légitime leur capacité à diriger".
Puis, nouveautés : les plus éclairés se sont éventuellement fait confisquer le pouvoir par les plus riches ou les héritiers ; l'expansion des effectifs de tous les ordres d'enseignement ; le progrès des processus méritocratiques dans la plupart des carrières : "distendent le lien entre la richesse, le savoir et l'exercice du pouvoir." On doit passer à un nouveau modèle de l'élite, républicaine. Où se joue un nouveau modèle de l'enseignement comme processus de formation de l'élite, et de l'université.

Savoirs de l'histoire de la critique

Je reste suspendue, en ce moment, aux perspectives d'une histoire de la critique, à prendre la mesure de l'élucidation qui vient par ce point de vue - toujours Christophe Charle, et Luc Boltanski. Contre les déhistoricisations dans lesquelles on se piège avec Taguieff (Les Contre-réactionnaires, L'Effacement de l'avenir).

Des savoirs fins, du type de cette note à propos de Brunetière dans ses prises de position "Après le procès" (Dreyfus) : "Le meilleur sociologue des 'intellectuels de gauche' est toujours un 'intellectuel' de droite, et vice versa." (Naissance des "intellectuels", note p. 206).

Savoirs pratiques de la crise

Christophe Charle, à propos de la Naissance des "intellectuels" : ce savoir des dynamiques de socialisation, et du "sentiment" sociologique :

Comme toutes les crises, [celle de l'Affaire Dreyfus, en tant que crise en restructuration du champ littéraire, en particulier] fige les hiérarchies, contrarie les stratégies de conquête du capital symbolique par les plus dominés, incline au pessimisme, pousse au chacun pour soi, accuse les différences entre les plus et les moins dotés socialement. (109).

lundi 8 septembre 2008

Culture et politique dans le colonialisme

Le colonialisme est ici. Fait de l'Inde l'ici du 19ème siècle britannique (et celui du 21ème siècle des anglicistes, y compris français). Ce n'est pas une question de l'autre ; pas une question de l'altruisme politique, pas prioritairement une question de l'injustice politique.

De même que la "forme affaire" peut donner, sociologiquement, à Boltanski l'intuition de faire de l' indignation un objet d'étude du "sentiment"(Saussure) sociologique (cf Affaires, scandales et grandes causes. De Socrate à Pinochet, 2007 , Stock- L. Boltanski, E. Claverie, N. Offenstadt, S. Van Damme dir. La dernière partie du volume : "L'indignation, objet des sciences sociales". Etude de Cyril Lemieux sur "l'accusation tolérante", et les "rapports entre commérage, scandale et affaire" ; et de L. Boltanski et E. Claverie sur le "monde social en tant que scène d'un procès")
De même donc que l'indignation, sentiment sociologique et objet pour la sociologie : dans le colonialisme, dans l'indignation anticolonialiste des liberal intellectuals - c'est bien une position de parole, qui a ses institutions et son histoire, sociale et intellectuelle (American academe, par ex.) -, une idéologie des minorités [culturalisme] qui n'est pas celle de la minorité [civilisme], et qui refait, généreusement, moralisatrice au nom de l'autre, la politique de l'identité.
La manoeuvre (avec tous ses degrés d'innocence ou non, et tous ses stades de l'altruisme au paternalisme) est celle de la substitution de la morale au politique. Ordinairement dépolitisante et déshistoricisante.

Le colonialisme ne concerne pas l'Autre, moralement et culturellement, mais le nous et l'ici, politiquement : c'est-à-dire au lieu où politique, éthique et culture et société civile sont noués inextricablement, pour former la cité, "vie des peuples".

Je pars de la question des administrateurs coloniaux. De la qualité de l'administration coloniale, et de ses employés. C'est le point de question que pointe G. Viswanathan dans Masks of Conquest (1989), en retraçant l'évolution de la politique coloniale britannique en Inde comme politique culturelle : passage de l'orientalisme mis en place par Warren Hastings (1774-1785) à la réorientation angliciste de Lord Cornwallis (1786-1793).
Oui, le pouvoir aux Indes - en Afrique du Nord française, etc. - est géré par des administrateurs coloniaux (G. Orwell, L. Woolf en font entendre les échos at home), puisqu'il n'y a pas de démocratie locale. Contrôle politique direct et unique : qui découple le social, le culturel, du politique. Et fait émerger le plan de la morale. Autonomisation, qui fait qu'une politique coloniale peut se faire par une politique culturelle. La question étant celle du rapport, artificiel, qui doit s'ingénier pour suppléer à l'articulation culturelle de la société au pouvoir. Ce sera, en Inde, une politique éducative, et la littérature son instrument. La littérature comme lien culturel, moral. Comme société et police de susbtitution. (Avec cette ironie, soulignée par Viswanathan, de savoir que c'est à la moralité des britanniques coloniaux qu'il y a à remédier, par l'éducation compensatoire des "natives".)
Le rapport entre culture et pouvoir est mis en question, tendu, par la situation coloniale : pas (seulement?) parce qu'il jaillit d'une injustice politique à grande échelle, mais parce qu'il tend les questions et les principes politiques des nations métropolitaines : question de la gouvernementalité, avec ses checks and balances nécessaires at home, par le fait de la monarchie parlementaire et de la représentation. Colonies ; lieu de pur pouvoir ; extension naturelle du politique, quand il a free rein et part en vrille. D'où aussi ses fragilités, et ses paranoïas ; ses impossibles politiques, nécessairement.

Moins une question de justice politique à l'échelle géopolitique, qu'une question de la pratique du pouvoir possible, avec ses histoires - on change de grand récit d'intelligibilité, alors. Gouvernementalités. Exercices et expériences du libéralisme britannique (la East India Company dans ses démêlés avec la Couronne, et avec les autres lobbies du Free Trade), par exemple. Pour la France, une autre trajectoire.

Question de notre réflexion, notre problème politique, donc.
Pas la question de la "repentance" - qui est un autre débat, à voir -, mais celle de la démocratie, maintenant.

samedi 6 septembre 2008

Les personnels enseignants du supérieur

Etude de la DEPP :


Les personnels enseignants de l'enseignement supérieur
Les notes d'information - D.E.P.P. - N°08.25

août 2008
Pendant l'année universitaire 2007-2008, 90 000 enseignants ont été en fonction dans les établissements publics d'enseignement supérieur. Leur effectif global progresse constamment, avec 400 personnes de plus que l'année précédente. Parmi ces enseignants, 57 500 appartiennent aux corps des enseignants-chercheurs et assimilés dont les effectifs sont restés stables cette année, mais qui ont progressé de 16,4 % en dix ans. 13 700 enseignants du second degré et 22 000 enseignants non permanents participent à cet encadrement universitaire.

vendredi 5 septembre 2008

DEPP

Présentation sur le site dédié :

La direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance exerce une fonction de suivi statistique, d'expertise et d'assistance pour l'ensemble du ministère. Elle garantit la qualité de la production statistique.

Composition

Directeur : Daniel Vitry
Adjoint au directeur : François Dumas

Chef du service statistique ministériel : Fabienne Rosenwald
Bureau des affaires générales et financières : Abdelhadi Ait-Hadi
Département de la valorisation et de l'édition : Alec Charras
Mission aux relations européennes et internationales : Claude Sauvageot

Sous-direction des synthèses statistiques : Fabienne Rosenwald
Bureau des études statistiques sur l'alternance, l'insertion des jeunes, la formation continue et les relations éducation économie emploi : Pascale Pollet
Bureau des études statistiques sur les personnels : Alain Lopes
Bureau du compte de l'éducation : Michèle Jacquot
Bureau des nomenclatures et répertoires : Isabelle Leblond
Centre de l'informatique statistique et de l'aide à la décision : Jean-Paul Dispagne

Sous-direction de la performance de l'enseignement scolaire : N...
Bureau des études statistiques sur l'enseignement scolaire : Chantal Brutel
Bureau des évaluations et des outils pour le pilotage pédagogique : Bruno Trosseille
Bureau des évaluations et des outils pour le pilotage des établissements et des unités d'éducation : Clotilde Lixi
Bureau de l'évaluation des politiques éducatives et des expérimentations : Catherine Régnier

Sous-direction de la performance de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation : Denis Despréaux
Bureau des études statistiques sur l'enseignement supérieur : Nathalie Caron
Bureau des études statistiques sur la recherche et l'innovation : Christine Costes
Bureau des outils pour le pilotage de l'enseignement supérieur et de la recherche universitaire : Emmanuel Weisenburger
Bureau des outils pour le pilotage de la recherche et de l'innovation : N...
Bureau de l'évaluation des politiques pour le développement de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, et de l'insertion professionnelle des étudiants : N...


Missions
Elle est chargée de la conception et de la gestion du système d'information statistique en matière d'enseignement et de recherche. Elle a la responsabilité des répertoires et nomenclatures utilisés dans les systèmes d'information et de gestion du ministère.
Elle conçoit et met en oeuvre, à la demande des autres directions du ministère, un programme d'évaluations, d'enquêtes et d'études sur tous les aspects du système éducatif et de recherche.
Elle assure, par sa fonction d'expertise et de conseil, la cohérence de la mesure de la performance aux niveaux national et territorial. Elle calcule les indicateurs de performance que les directions et les services déconcentrés mettent en oeuvre dans les programmes budgétaires. Elle est associée à la conception des systèmes d'information et de gestion nécessaires à ce calcul.
À la demande des autres directions, elle conçoit et met à disposition les outils d'aide à l'évaluation, à la mesure de la performance, au pilotage et à la décision.
Elle participe aux projets européens ou internationaux destinés à comparer les performances et les modes de fonctionnement des différents systèmes éducatifs et de recherche.
Elle élabore des prévisions et scénarios d'évolution du système éducatif et de recherche.
Elle assure la diffusion de l'ensemble de ses travaux.

Etat de la population étudiante - 2007-2008

Note de la DEPP - Direction de l'Evaluation, de la Prospective et de la Performance [that's new to me. Comment s'articule parmi toutes les nouvelles agences de l'évaluation etc.?]: "Les étudiants inscrits dans les universités françaises en 2007". Document complet téléchargeable sur le site DEPP.

En 2007-2008, 1 368 540 étudiants sont inscrits dans les universités françaises. Le nombre d'étudiants à l'université diminue pour la deuxième année consécutive (- 2,5 % à la rentrée 2007 après - 1,6 % à la rentrée 2006). Cette baisse concerne les trois cursus. Elle est particulièrement marquée en cursus licence (- 3,4 %), notamment parmi les nouveaux bacheliers entrant à l'université (- 5 % par rapport à 2006-2007) et les étudiants étrangers (- 6 % par rapport à 2006-2007).

En cursus master, les effectifs diminuent légèrement (- 0,8 %) après être restés stables à la rentrée 2006 (- 0,1 %). Enfin, le nombre d'étudiants en cursus doctorat diminue de 2,7 %, il était resté stable en 2006-2007 (+ 0,1 %). Les filières générales à l'université sont les plus touchées par cette baisse. En particulier, les effectifs en sciences et techniques des activités physiques et sportives (S.T.A.P.S.) diminuent fortement en 2007 (- 12,3 %) après avoir déjà fortement baissé à la rentrée 2006 (- 11,7 %). En I.U.T. , le nombre d'étudiants augmente de 2,2 % en 2007-2008.

Les étudiants inscrits dans les universités publiques françaises en 2007 télécharger (141.68 Ko, pdf)

Données des tableaux et des graphiques télécharger (79 ko, xls)

Hiérarchie des disciplines ; sociologie du savoir

Etude de l'INSEE sur la démocratisation de l'enseignement supérieur, et les nouvelles inégalités - présentée sur le site de l'INSEE et téléchargeable à partir de là. Copie de la présentation :

Accès à l'enseignement supérieur en France : une démocratisation réelle mais de faible ampleur
Valérie Albouy et Chloé Tavan

Résumé
La démocratisation lente et désormais ancienne de l’école concerne aussi l’enseignement supérieur. Mais l’ouverture rapide du supérieur depuis le début des années 1980 et la diversification de son offre éducative, notamment le développement des filières courtes à finalité professionnelle, invitent à réexaminer la question de la réduction des inégalités sociales devant l’école. La réalité de cette démocratisation est en effet doublement contestée. D’une part, elle concernerait essentiellement les cycles courts du supérieur, le mouvement de démocratisation s’essoufflant pour les diplômes plus élevés. D’autre part, les inégalités auraient changé de forme et concerneraient désormais la nature des études suivies. La compilation des enquêtes Emploi de 1990 à 2002 permet d’étudier l’évolution du lien entre origine sociale et diplôme à une échelle fine. L’ouverture du supérieur ne s’est pas accompagnée d’une pause dans le mouvement de démocratisation [?] et ce, quel que soit le niveau de diplôme considéré. Plus encore, la démocratisation du supérieur a été de même ampleur à ses différents niveaux de diplômes. Elle a été en revanche moins marquée que celle du baccalauréat. Mesurée à niveau de sélection constant, afin de neutraliser l’éventuelle dévalorisation des titres scolaires, la baisse de la sélectivité sociale du supérieur est encore avérée. La démocratisation du supérieur reste cependant de faible ampleur. Pour les filles, la phase d’explosion du supérieur est allée de pair avec un renforcement de la polarisation sociale des différents domaines d’études. En particulier, celle des études de médecine et de droit, déjà marquée, s’est encore accrue. En revanche, la polarisation sociale des filières choisies par les garçons semble plutôt constante au fil des générations.

jeudi 4 septembre 2008

Actualité scientifique en SHS - Paris-Aubervilliers

. le Campus Nicolas de Condorcet pour les Sciences de l'Homme et de la Société Paris - Aubervilliers, annoncé et présenté. EHESS (1000 étudiants M, 1740 doctorants, 70 postdocs), EPHE (260, 700, 40), Paris 1 (6600 étudiants L, 1000 M, 1000 doctorants, 120 postdocs), + Paris 8 et Paris 13 (à elles deux, 0 M, 140 doctorants, 5 postdocs), et MSH Paris-Nord ; + Ecole de Chartes, Ecole d'Economie de Paris (200 étudiants M, 200 doctorants) [et antennes ou orteils de l'INRA, INED, INSERM, IRD, CNAM].
=> Les 6 pôles thématiques : Economie (EEP), Mondes modernes et contemporains (EHESS et Paris 1, + EPHE, P8 et P13), Nature société innovation et développement durable, Religions et religieux (EPHE et EHESS), Mondes anciens et médiévaux (dont IRHT, du CNRS - et langues et études philologique des textes), et Arts sciences et technologies.
=> En croix : 3 axes transversaux : 1. Aires culturelles et mondialisations (dont 5 thèmes dans les recherches des universités partenaires : Nord-Sud, Colonial-Postcolonial, Des tribus aux empires, Mondes et mondialisations, Développement économique. + INALCO et BULAC, équipes de P13 et de MSH), 2. Sciences et sociétés (Santé et société, Histoire et philosophie des sciences, Acteurs actions et politiques publics), 3. Méthodes en sciences humaines et sociales (dont INED, Quetelet).

Pour rappel, les thèmes de la MSH Paris-Nord : Industries de la culture et Arts ; Santé et société ; Mondialisation, Régulation, Innovation ; (en cours d'élaboration :) La Ville des sciences humaines et sociales.

mercredi 3 septembre 2008

Enonciation théorique (2) - sociologie de

C'est simplement qu'il y a un plan sociologique de la question de la parole théorique.

Le travail d'analyse que fait C. Charle des conduites de mobilisations durant l'Affaire Dreyfus, regardant nécessairement ce que font les universitaires, les étudiants, les "hommes de lettres", les élites de divers poils, ne cesse de dégager des élucidations très précieuses. Locales chaque fois, mais aussi méthodologiques ; a training in sociology. Qu'une sociologie ne soit pas le déploiement d'un savoir sur les groupes (de l'ordre de l'identité), mais sur les dynamiques, labiles, de la légitimité sociale - valeur, lutte symbolique et politique avec la valeur sociale pour enjeu, .

Le plan culturel de la parole théorique est balisé, connu, arpenté - E. Said et la suite, et les parallèles et antécédents moins connus [puis, plus anciennement, l'histoire des idées et ses transformations - histoire intellectuelle, histoire des sciences, etc.]. Le plan théorique lui-même, a déjà des outils en place, pour commencer. Le plan sociologique voit passer par exemple la question des générations - dans un scénario dérivé de the anxiety of influence (Bloom).
La dynamique "des théories" [Paul Jahshan dans R. Ghosh's Infusion Approach : "proliferating younger theories"] est à comprendre comme processus, ensemble de stratégies, de territorialisations, disciplinarisations, institutionnalisations, à toutes échelles. Dépendantes des structures culturelles nationales (et complexifiées de géopolitiques, ok).
Si la question de la théorie, et de l'hégémonie de la théorie (prendre l'un pour l'autre est déjà une mise en oeuvre, mise en tension : on prend le pied polémique ou problématique, selon que), fait bien embrasser celle large du rapport savoir-pouvoir, alors il faut en effet aller voir dans le libéralisme structurel du modèle philologique allemand, du College anglais et de la Research university américaine. Chercher, sur cette base comparatiste, la spécificité de l'environnement français, et indien, et... Voir aussi, qui sont embrassés encore là, les questions d'autonomie du champ intellectuel, de liberté d'opinion et d'expression, de démocratie (et République des lettres etc.), de l'université comme communauté, etc.

Parce que la valeur du discours théorique est théorique (et relevant d'une histoire des théories) mais aussi sociale (historicité), elle relève d'un comparatisme.

Situer, situer. Hungry for scholarship.

mardi 2 septembre 2008

Enonciation théorique : en situation

Forcée de prendre le rythme, en rechignant, des démêlés ordinaires sur le pouvoir de la theory, à partir de Paul Jahshan dans R. Ghosh, ceci, bien au bout des doigts : qu'il s'agit, si on veut entreprendre la question du rapport de la théorie au pouvoir, de s'en donner les moyens. Se mettre, pour commencer, en rapport avec les pensées du pouvoir - pour éviter de s'en remettre à un "sentiment" politique, comme Saussure parle de sentiment linguistique, qui a sa vérité pragmatique, mais aussi son maillage complexe dans les tissus de l'idéologie, ou culture. Ce qu'il y a à éviter : la morale de la dénonciation, symptôme immédiat d'un blocage positionnel théorique ; et/ou l'opinion qui n'est pas le scholarship. (Alors que le travail est justement ce déplacement du jeu même des positions.)

Le débat sur la théorie, et son baromètre plus ou moins sérieusement haut (parce qu'on peut aussi y jouer), sur le terrorisme / théorisme, ne mordra sur pas grand chose tant que ne sera pas introduit dans l'équation, dans la situation, la dimension culturelle, énonciative, des énoncés et positionnements.
Que Hillis Miller ait à soutenir une carrière théorique entière sur l'insistance de la "résistance" et de la lecture (résistance à la lecture, résistance de la lecture), contre les théorismes qui tournent à vide, a un sens particulier dans son milieu académique ; il peut avoir l'air d'un storm in a teacup et toy debate depuis la France (voir ce que c'est, ça - laisser ouvert of course), mais il a un sens décisif dans sa situation d'énonciation. Dans un milieu où la lecture n'a, culturellement et académiquement, pas les mêmes histoires que celles vécues en France ou depuis la France (et sa tradition scolaire rhétorique ; son rapport au texte, et aux Lettres). Expérience réelle, lourde, déterminante, de ces pressions, ces possibles et ces verrous ; dont il faut prendre la mesure pour entrer en dialogue, across-cultures, avec lui. Je ne fais que commencer à sentir comment faire ; la nécessité de faire - sentir que c'est là que ça se joue.
Dans le contexte américain, la scène sur laquelle se joue depuis 25 ans le débat contre la théorie a pour surdétermination les conditions dans lesquelles le academic a à se faire son identité scientifique - les structurations du "champ" [is that it ici? à voir], où exister passe, au mieux, par associer à son nom un révolutionnaire changement de paradigme. D'où la multiplication des "théories", et des "X studies". Quelque chose à voir du côté du libéralisme universitaire, comme structure politique de la parole scientifique. Qui est autre chose que le politisme à la louche des dénonciations d'hégémonie [et encore : le mot oubliant éventuellement sa discursivité depuis Gramsci].
Le projet de Ranjan Ghosh ( (In)fusion Approach ) m'apparaît comme prioritairement un acte d'identité, et de territorialisation, par une prise de parole et prise du pouvoir de (donner, distribuer, ordonner, inviter) la parole. Voir ce qu'il fait effectivement.

La question est de ne pas se tromper de plan pour les débats et les enjeux. Et ça doit commencer par la mesure, autant qu'on en a les moyens, par l'histoire et par la sociologie, des déterminations et forces dans les milieux discursifs. L'institutionnel - et Spivak a raison de regarder là. L'historique, le "culturel", le sociologique. Des moyens, perspectives, comme celles de Gerald Graff, de C. Charle, de Bourdieu : champ et partage du capital sémantique, capital énonciatif. Pouvoir d'énonciation, et non seulement d'énoncé.
D'où aussi la partie liée avec la question de savoir qui peut parler, dans un milieu de domination énonciative (il le sera nécessairement : pas de dénonciation à y faire valoir, mais certainement des stratégies de libérations de l'énergie critique, travail de la minorité, continu) : qui peut parler, à qui, de quoi. Subaltern speaking, agency : ces concepts et questions de la postcolonial theory toujours effectivement critiques.

=> comment chercher ça, en allant parler avec des collègues étrangers (indiens prochainement)? Quelles questions aiguiser pour toucher là? Il s'agit d'atteindre les comment, les pratiques, de la légitimité théorique, légitimité académique. Comment on acquiert une autorité de parole, voix au chapitre ; par quelles stratégies de champ, soit de carrière (outil de C. Charle, ici). Qui a droit à la parole ; qui peut enseigner, publier, déterminer les politique scientifiques. Quels sont les plus professionnels et théoriques. Quelles minorités sont actives, possibles, par la bande ; par la mouvement des innovations - à époque, j'imagine, de transformation importante et rapide. Comment le savoir s'est sort, se fait, est visible ; se fait grâce à ; se fait malgré et à travers, etc.
And "relentless erudition" toujours, sur les contextes discursifs.

Savoir et pouvoir ; terreur dans les Lettres ; pouvoir et "paradigmes".

Du mal à arriver à quelque chose de clair ici. Le comparatisme aide, comme d'habitude : les énoncés théoriques n'ont pas la même valeur, nature, et fonction, dans un milieu universitaire américain, anglais, français, indien, allemand... C'est par là qu'il faut regarder. S'y mélangent les questions d'histoire culturelle, d'histoire politique, de structurations institutionnelles, de sociologie etc.

lundi 1 septembre 2008

Entre Arendt et Heidegger : langage et histoire

Entre la philologie d'Arendt, qui lie chez elle la philosophie grecque à la question aristotélicienne du politique, et l'étymologisme de Heidegger, qui regarde du côté de l'ontologique et de Platon, un coin théorique majeur se fiche ; et il s'agit de bien tenir cette faille ouverte, et y laisser passer tout l'air épistémologique et politique qui s'y engouffre nécessairement.
En jeu ici une généalogie de l'heideggerianisme français, qui a porté sur l'histoire du saussurisme, et sur le développement de ce qu'on entend par "philosophie", "linguistique", et "théorie littéraire" (au moins ces 3).
En jeu aussi, pris à brassées dans cette polarité Arendt / Heidegger, l'histoire épistémologique allemande. Qui a son histoire de nationalisme - ou non. Pourquoi la "question juive" y est critique.

Les métèques du symbolisme français

Le Symbolisme, phénomène artistique international pour commencer - par cette géographie distendue entre la France et la Russie, pour commencer (voir O. Kachler). Et moment, ensemble de rapports, contemporanéité au sens de Stein, caractérisé par le pointage de l'élément métèque - c'est G. Dessons, et A. Bernadet, qui le pointent.
On en retrouve la trace dans les explorations historiques de C. Charle sur la période de constitution des "intellectuels", avant et au cours de l'Affaire Dreyfus, où les Symbolistes sont la génération ancienne, coprésente avec ses intérêts spécifiques avec les parnassiens (antérieurs encore?), l'art pour l'art puis le naturalisme (Naissance des "intellectuels"). Les notes qui s'arrêtent, soigneusement, pour souligner les désappartenances nationales, dans le discours de ceux qui allaient devenir les intellectuels à droite - Barrès et autres proto-Ligue de la Patrie française, en regard de la Ligue des droits de l'homme et du citoyen : ligne de clivage et front de culture war. Voir, parmi le corpus des manifestes et textes de positionnements culturels (pétitions, défenses, enquêtes) ; textes où s'inscrit la naissance des intellectuels et se joue la bataille logomachique de l'élite en transformation : l'enquête franco-allemande de 1895, à laquelle on a une réponse de Maeterlinck.
Le franco-allemand ayant son "paradigme de l'étranger" (M. Espagne) à jouer dans la bataille, par le fait que s'y constitue le nouveau bloc social des "intellectuels" : artistes et savants et universitaires. 1895, on est au moment haut de la francisation de, et francisation par, le "modèle allemand", philologique. Sans doute il faut compter avec ça pour faire l'histoire de la phonologie française, qui court en parallèle avec les essayages du vers libre (cf travaux de G. Dessons).

Si ce n'est pas déjà fait, note : la pénétratrion de C. Charle est dans la qualité de sa perception du discours dans l'histoire : les "intellectuels" et comment la notion se dégage des logomachies emmêlées aux transformations matérielles des sociétés ; les stratégies de polémologie, etc. Ces savoirs et cette attention.

vendredi 29 août 2008

Innovation, vs Recherche

Sur le blog Polart, cette note sur l' innovation, à l'occasion de l'annonce AFP sur la nomination de Claude Allègre à l'organisation des Assises européennes de l'innovation.

mercredi 27 août 2008

Savoir-pouvoir du libéralisme

Quel libéralisme y a-t-il à entendre dans "Academic freedom"? Dewey, fondateur de l'American Association of University Professors.
J'y pense, par contraste, en regardant se nouer les scénarios républicains du rapport savoir-pouvoir (l'élite et les problèmes de sa formation, en étant le paradigme), et se composer le champ autonome des "intellectuels" - dans Naissance des "intellectuels" 1880-1900, C. Charle (1990).
La démocratie qu'épluche et ausculte Tocqueville est un libéralisme. Il y a des choses à déconfondre avec soin. Reprendre aussi le libéralisme des visées de Humboldt, et des structures fondatrices du modèle universitaire allemand.

L'Inde pour les savoirs du décentrement

La mission en Inde promet un décentrement automatique, par la simple force de la distance géographique-"culturelle" (ce qu'on appelle tranquillement une culture, dirait Derrida). Mais aussi : l'espoir de rentrer en contact avec, prendre les fils, des expériences de décentrement travaillées par les Indiens postcoloniaux (et sans exclure la période pré-décolonisation). Il y a des savoirs tissés (justement, au rouet de la lutte pour l'indépendance), des savoirs "éthico-politiques" (point du regard, pour H. Bhabha dans R. Ghosh), et des traditions de savoirs, d'histoire, d'exercice des points de vue - dont j'ai soif. Ce sont des savoirs coloniaux. Ceux qui savent n'étant pas seulement ceux qu'on croit. (Etre le corps, social et immense ici, d'un problème).
Bhabha parle de l'expérience - son vocabulaire éthique/moral écoute du côté d'un savoir-éthique ; ce sera donc une sagesse - du "disappointed hope" (repris chez Adorno qui a eu l'occasion de démailler les utopismes marxistes ; repris de l'expérience allemande de la démocratie après Weimar. Adorno passe aussi aux Moralia, comme une phase de la réflexion politique ; un de ses plus tard) de la nation. Que ce soit pour les nationaux ou pour les diasporiques.

lundi 25 août 2008

Repères sur Robert Young

Page web personnelle : voir.
Présentation dans les termes rapides du site de NYU : voir :

Robert Young
Professor of English (D. Phil. 1979, M.A. 1977, B.A. 1972, Exeter College, Oxford)

Areas of Research/Interest: Postcolonial literatures and cultures; the history of colonialism and anti-colonialism; cultural history of the 19th and 20th centuries; literary and cultural theory.

Select Publications:
The Idea of English Ethnicity. Oxford and Malden, Mass.: Blackwell, 2008
Postcolonialism: A Very Short Introduction. Oxford: Oxford University Press, 2003.
Postcolonialism: An Historical Introduction. Oxford and Malden, Mass.: Blackwell Publishers; Chennai, India:T.R. Publications, 2001.
Torn Halves: Political Conflict in Literary and Cultural Theory. Manchester: Manchester University Press, New York: St. Martin's Press, 1996.
Colonial Desire: Hybridity in Culture, Theory and Race. London and New York:Routledge, 1995.
White Mythologies:Writing History and the West. London and New York:Routledge, 1990.

General Editor, Interventions: International Journal of Postcolonial Studies


Repères sur Spivak

sur le site de Columbia:

Title: University Professor
Director, Center for Comparative Literature and Society
Specialization: 19th- and 20th-century literature; Marxism; feminism; deconstruction; poststructuralism; globalization

Bio:
Gayatri Chakravorty Spivak is the Avalon Foundation Professor in the Humanities and the Director of the Center for Comparative Literature and Society at Columbia University. B.A. English (Honors), Presidency College, Calcutta, 1959. Ph.D. Comparative Literature, Cornell University, 1967. D. Litt, University of Toronto, 1999; D. Litt, Univeristy of London, 2003.
Fields: feminism, marxism, deconstruction, globalization.
Books: Myself Must I Remake: The Life and Poetry of W. B. Yeats (1974), Of Grammatology (translation with critical introduction of Jacques Derrida, De la grammatologie, 1976), In Other Worlds: Essays in Cultural Politics (1987), Selected Subaltern Studies (ed., 1988), The Post-Colonial Critic: Interviews, Strategies, Dialogues (1990), Thinking Academic Freedom in Gendered Post-Coloniality (1993), Outside in the Teaching Machine (1993), Imaginary Maps (translation with critical introduction of three stories by Mahasweta Devi, 1994), The Spivak Reader (1995), Breast Stories (translation with critical introduction of three stories by Mahasweta Devi, 1997), Old Women (translation with critical introduction of two stories by Mahasweta Devi, 1999), Imperatives to Re-Imagine the Planet / Imperative zur Neuerfindung des Planeten (ed. Willi Goetschel, 1999), A Critique of Postcolonial Reason: Towards a History of the Vanishing Present (1999), Song for Kali: A Cycle (translation with introduction of Ramproshad Sen, 2000), Chotti Munda and His Arrow (translation with critical introduction of a novel by Mahasweta Devi, 2002), Death of a Discipline (2003), Other Asias (2005), Red Thread (forthcoming). Significant articles: "Subaltern Studies: Deconstructing Historiography" (1985), "Three Women's Texts and a Critique of Imperialism" (1985), "Can the Subaltern Speak?" (1988), "The Politics of Translation" (1992), "Moving Devi" (1999), "Righting Wrongs" (2003), "Ethics and Politics in Tagore, Coetzee, and Certain Scenes of Teaching" (2004), "Translating into English" (2005).

Indocentrism - sulbaltern, indigenous, multicultural

Several invaluable nodes pointed to in the debate opened by R. Ghosh's (In)fusion Theory:
. the issue of indigenous theories. Raised, and criticised, by Spivak - as structurally, institutionally, Eurocentric. Lovely sharpness of critical puncture in her: "So-called indigenous theories are so marketable in the Euro-US under a sort of liberal multiculturalism of sanctioned ignorance that it is possible for people trained in English literature in other so-called peripheral countries - I do not quite know how to describe those countries without being politically insulting - but, anyway, people trained in English in those areas can produce a kind of patter about indigenous theories without any particular fear of being judged from the other side. [...] probably the greatest pitfall [because of superficiality: ] because the training has not been in the long tradition of these other kinds of ethnophilosophical studies [...] A little learning sells well when the powerful are ignorant in a sanctioned way." (26)
. the issue of Eurocentrism, and the identification of "the Euro-US", as (majoritarian, even arch-dominant) agent in the field of debate; its entrenched identitarian establishment.

. the project of the book takes sharper relief with Spivak's contribution: it is indeed an "approach" that is at stake - more interestingly, more pertinently, than a "theory". The "theory" debate, and "theory" as key term for the debate, locks the discussion in a conceptual scenario that is well-rehearsed - and emphatically located - in the deconstructive skein of the US poststructuralist inheritance ("theory", "text", "reading"; Paul de Man, Derrida, and the anonymity, eventually, of the natural look that is the usual face of ideology. Including, for instance, the needless agonizing about the "supplementing" or other modes of impossible discursive homogeneity of "humanities and social sciences", 27). When you look into the debate from this neighbouring but decentred stance, "approach" - which I want to listen to as a mode of point of view; that is, therefore, a possible discipline, or conceptual plane in Deleuze's terms - you enter the dimension of historicity, and free up critical energy. "Theory" is definitely the obstruction in the project. The way to dissolve it is naturally to historicize it: and situate it as the institution - cultural and political - that it is.
Once you are on this foot, you can indeed start taking on the power play at stake in the possibility of a theoretical Indocentrism.

. considering Indocentrism: Spivak slips into an easy (almost pat and theoretically correct) stance against all centrisms, but the issue is nicely complicated by the introduction of the institutional factor - and that's where her specific outlook indeed centres (see Outside the Teaching Machine and the work on comparative disciplinarity). Her important contribution of an "approach" to the complexification of the domination paradigm [the toy debate of "master theory" and theory "terrorism"] in the thinking about the geopolitics of knowledge. Institutional, as complexification of both cultural [ethnic and national and postcolonial] and (geo)political [class and power and the international scale of it].
R. Ghosh's inquiry offers Indocentrism to consideration, and the collective volume format does show its usual fruitfulness (argument in favour of the proposal of "in/fusion" as polyphonic, mutually-critical project) in throwing up a variation of scenarios for the question. The underlying direction remains an testing of, and experimenting with, Indocentrism. The displacement from the "Euro-US" perspective. Spivak's pleasingly critical take: to caution against the facile claims of "indigenous theories" and of subaltern discursive spaces [viz. "phantasmatic subaltern theories of reading", 28]- and specify one keener direction for the inquiry: the anticipation of resistance to the theoretical mappings in place (which means not a cartographic but a historical activity of otherness. Means also that Hillis Miller's contribution is not so deadened by the deconstructive ontological tropes: otherness as activity is indeed at stake, I can only hear it properly now), and the identification of the institutional level as crux.

Indocentrism will be interesting as displacement; when not a national (or: postcolonial as identitarian) project but a project of dépeuplement. Historical. Look at the history of education and cultural institutions; look at the history (pre-colonial, colonial, and postcolonial) of discourses on culture and language.

vendredi 22 août 2008

L'université : de la tutelle au contrat

La nomination du nouveau directeur de la DGES nommé hier, Patrick Hetzel (CV sur Educpro), continue à bien indiquer l'orientation de politique universitaire. Il s'agit de l'histoire contemporaine du public. Je reprends le texte de Educpro :

Ancien recteur de l’académie de Limoges, Patrick Hetzel était depuis mai 2007 le conseiller éducation du Premier ministre, François Fillon. A ce titre, il avait négocié la sortie de crise après le mouvement étudiant de l'automne 2007, en élaborant pendant l’hiver une charte sur l’engagement du gouvernement à verser un milliard d’euros par an pour asseoir le financement des universités. Le président Jacques Chirac l’avait précédemment choisi pour chapeauter le débat national De l’université à l’emploi, après la crise liée au CPE (contrat première embauche). L'homme de la situation en quelque sorte.

La réorganisation de la DGES en ligne de mire :

Ce maître de conférences en sciences de gestion aura la lourde tâche de faire évoluer cette direction. Pour accompagner l’autonomie des universités au 1er janvier 2009, la DGES devra passer d’une fonction de tutelle des établissements, très administrative, à celle de pilotage, plus stratégique.

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche l’avait annoncé en juillet 2008. « Dès septembre, le processus de réorganisation sera lancé. La DGRI (direction générale de la recherche et de l’innovation) et la DGES (direction générale de l’enseignement supérieur) vont se réorganiser pour que l’Etat devienne moins une tutelle qu’un partenaire contractuel », affirmait alors Valérie Pécresse. Une transition que Patrick Hetzel devra gérer avec tact. Certains présidents d’université espèrent de la DGES qu'elle formule clairement ses attentes, mais aussi qu'elle interprète les évaluations de l’AERES, tout en jouant son rôle de négociateur vis-à-vis des établissements.