dimanche 21 décembre 2008

Sciences humaines, now

La Revue internationale d'éducation Sèvres fait un n°49 sur "Quel avenir pour les sciences humaines ?" (info obtenue par l'OEPU - revue du Centre international d'études pédagogiques).

A partir de la page web donnant le sommaire, liens vers :

samedi 20 décembre 2008

Mesures du capital cognitif

Alain Renaut tourne le travail de son Observatoire Européen des Politiques Universitaires vers un programme d'étude 2010-2013, intitulé "Définir et mesurer le développement académique".
Renaut sur la question de cognitimétrie : bon à suivre. Appeler "développement" la croissance du capital cognitif ?
A voir.

L'innovation : paradigme de la société de la connaissance

Document pour archive de l'état du savoir-pouvoir en cours de reconfiguration, toujours : ici concernant les "Premières Assises de l'innovation" qui se sont tenues à Paris le 9 décembre (Cité des sciences et de l'industrie). A voir.

Espace européen de la recherche - état déc. 2008

Note de veille sur l' "Espace européen de la recherche" , publiée sur le site du Centre d'analyse stratégique [what the f***?], http://www.strategie.gouv.fr.
Archive pour la politique du savoir en dimension (en projet idéologique) européen/ne.

Capitalisme cognitif : innovations

A conserver, pour une archive du capitalisme cognitif, cette info soulignée par la liste Multitudes (Luc Comeau-Montasse) : nouvelles expansions d'Amazon, filant le réseau jusqu'à la circulation des téléphones portables.

Postcolonial libéral

Le fin de la question, une des questions, qui monte/nt des travaux POCO, est politiquement entre une radicalité et un liberalism qui peut se recomposer dès qu'on prend les peuples, et la notion de culture.
La proposition critique centrale, "l'intervention postcoloniale", comme pratique de la "perspective" (les termes sont de Bhabha), étant celles de la politique de la culture, et de la politique du savoir / des savoirs (Said après Foucault).
Précisément il faut suivre au serré les déplacements que Said fait faire aux perspectives de Foucault, vers le liberalism du public intellectual.
Mais certainement, voulant forcer un passage au débat sur la culture, et les peuples, et les historicités culturelles, on engage les implications idéologiques qui sont inscrites dans "peuple", "culture", "identité". La tension est à tenir, avec une féoricité critique absolument exigeante.

Sentir les vitesses - tropismes d'évidence, où on mesure des idéologismes - avec lesquelles le libéralisme revient en jeu dans Arendt (Bhabha le note, trop rapidement, dans "The Postcolonial and the Postmodern") ; dans Naipaul prenant la vie des peuples comme celle "des peuples", leur refaisant un récit comme personnages collectifs et souffrants - récits déclinistes.

Et prendre bien la culture par le langage, et le langage par le temps du radical ; temps, saussurien, du politique.

Modernité de la théorie - France

Oui, modernité de la "théorie" - théorie littéraire, scientificité propre aux questions du littéraire - en France est à chercher du côté d'une histoire et d'une actualisation des disciplines. Le regard à embrasser radicalement plus large : les conditions de la pratique. Conditions de l'énonciation théorique - politiques, culturelles, sociales, théoriques.
C'est l'exercice d'un arrachage à un temps, par l'histoire. On perce un plan d'énonciation, qui s'est aplani comme champ d'énoncé, en surplace - the vivisective spirit (Joyce) étant ce qu'il y a à chercher. Et qui fait déboucher - on respire - sur le courant vif de simplement la pensée, le travail ; espaces des débrayages et des embrayages.

Un exercice d'énonciation, comme les exercices spirituels, étant possible à conduire par des pratiques de terrain, sans l'effort d'une transcendance, mais celui d'un quotidien local, un travail. Travail de bibliographie, par exemple ; travaux ordinaires des sciences de la culture, et en avant à la Rimbaud. Ce sont ces tâches, ordinaires et inédites à la fois, qu'il y a à constituer.
J'ai très envie, hâte, d'aller striking out dans les discours du coaching, du management quand il se met en particulier à parler de l'art et de la créativité (et des langues et de la communication, depuis plus longtemps) etc. Où l'art, et le langage, et les langues, et la culture, interviennent comme modèles, de pratiques mais aussi de transmission (un enseignement) des pratiques.

De "théorie" à "disciplines"

Drôle de se trouver rendu là, aux disciplines. Par la pression politique actuelle généralisée, venant depuis l'orientation du gouvernement Sarkozy, mais aussi lame de fond, française néolibérale, européenne, occidentale, et mondialisée - c'est beaucoup, cette accumulation des forces. La couverture de son application, une donnée nouvelle, cependant, quand elle rentre au détail des chaînes culturelles et sociales.
La pression agissant en débusquant paradoxalement (mais c'est une dynamique historique qui m'apparaît prévisible, maintenant que j'en ai fait l'expérience, historique. Ce bénéfice d'une situation de conflit de plus en plus ouverte : d'un apprentissage de l'histoire, d'une expérience intime de l'histoire, l'histoire des hommes, la politique des hommes, la justice des hommes) - débusquant paradoxalement les conservatismes fondamentaux, ou de régression, de défense.
On entend dire, s'entend dire, des choses extraordinaires, singulières, qui font mesurer, précisément, le changement de la situation d'énonciation. Les termes mêmes ont bougé ; il y a (eu) histoire. On s'entend déclarer des humanismes, des moralités, des républicanismes, des culturalismes, qui non seulement allaient sans dire - dans ce qui se constitue rapidement comme un avant, et déconcerte - mais allaient en doxa contestataire. On s'entend parler des Lettres, (moi-même, précisément, de l'Anglais. Et la dissolution du Département de Littérature anglaise de Paris 8 est mon action, comme effort pour repositionner, prendre le temps d'un now. ça ne va pas sans le déchirement des plans d'attachement où s'équilibrait tout un ensemble culturel et social) ; parler des Sciences humaines et les défendre, défendre la recherche, défendre le doctorat et plus ironiquement les concours. On a vus de reconstituer, avec une aise non-interrogée et tout à fait stupéfiante (on reste sans ressource de pensée, sans terrain culturel/conceptuel sous les pieds, d'un coup franc) la carte la plus traditionnelle des disciplines : effet pratique immédiat, paradoxal seulement si on n'en a pas senti l'inscription à l'avance dans les modèles LMD, de la réforme des masters et des licences.

Point here : à noter, le déplacement du débat ; la ligne d'engagement n'étant tout d'un coup plus du tout la "théorie", ou la "Theory" (qui est déjà un autre temps, à lui-même ; déjà intéressant à prendre comme déplacement historique, avec ses propres effets de transnational), mais les disciplines (avec leur histoire, prise à contre-pied) et la disciplinarité (avec ses enjeux politiques, graves).
D'un coup sec, "théorie" se bloque dans un temps : se date. On savait qu'il y avait ce micro-récit d'histoire intellectuelle, où "théorie" marquait (par F. Dosse, par exemple ; par Sollers en coup d'oeil rétrospectif dans l'avant-propos à la réédition de Théorie d'ensemble) le moment des sciences humaines, pris dans le même mouvement que les déplacements sociaux et politiques de années 1960. Peut-être, d'ailleurs, le temps (maoïste par exemple) d'un arrachage de la pensée politique à son terrain social, d'où en France la possibilité des radicalisations conceptuelles et le trope théorico-culturel de la révolution. Quand le colloque de Nanterre, "Whither Theory?", de 2005 je crois, marquait le coup en forçant l'existence pour "la théorie" dans les études d'Anglais (de littérature anglaise/anglophone?), le plan de débat mis en oeuvre était d'une surface X. On pouvait engager la discussion avec les développements polémiques autour de Theory dans les travaux anglophones ; il y a avait bien un phénomène contemporain autour. Il semble, deux trois ans plus tard (et à this point de vue), moins une actualité qu'un écho sans beaucoup de pouvoir de pénétration, pouvoir de morsure diagnostique sur un présent intellectuel et politique. On ne le sait que maintenant, naturellement.

Cette réorientation donc du champ des enjeux, champ critique : de théorie à disciplines, où on peut reprendre le mouvement Foucault Said postco comme "Politics of Knowledge[s]" et archéologie du savoir etc. Et à la trajectoire sociale des disciplines des "Sciences humaines", qu'on défend (par exemple quand on sabote une réforme des formations des professeurs, qui atteint la pierre angulaire de leurs assises sociales) en oubliant les "Lettres" - et on ne parle pas même des "Langues". Humanities in translation, certainly, and in transition and in globalization corporatization etc. : cette perspective. L'horizon étant nettement politique, du savoir-pouvoir, déclaré.

On a à apprendre des histoires des déclins. A voir. Comme autre chose que l'histoire des conservatismes : mais celle des réinventions, des tremplins critiques. Des arrivées par les biais (que montre C. Charle par exemple).

vendredi 12 décembre 2008

Poétique du politique : objet de "postcolonial"

Important : je fais ces lectures (champ du postco) de manière délibérée, et avec effort, comme un discours à appréhender, dans un rapport historique. Rapport culturel. Ce qui me laisse le désir de distance (même si je compte repasser par le serré de Said, Bhabha et le collectif sur Nation and Narration, Young, Guha, je ne sais pas si j'aurai le courage de l'effort pour Spivak, puis les déroulements vers bad writing, et les réceptions américaines et françaises), c'est la sensation d'une territorialisation. D'un : en vue. Où les concepts tendent à se prendre en masse, et le travail à être difficile, comme l'érosion d'un ruisseau.
Me rend mieux perceptible ce qui m'intéresse, que je cherche : que j'ai rencontré, par exemple, dans les défenses que Said a à opposer au politically correct du multiculturalisme universitaire américain des 90s, sous la forme de la distinction, marquée par Fanon, entre national consciousness comme projet anti-colonial et la social consciousness comme projet politique d'une nation qui a gagné sa souveraineté ("The Politics of Knowledge"). Que j'espère, aussi, rencontrer et travailler dans la lecture de la sociologie historique de Guha.
Qui est : dans le fin du politique, où les catégories du politique sont affinées par les problèmes du culturel et de l'éthique et des frayages locaux et civilisationnels (ces deux dimensions étonnantes de l'anthropologique, en tant qu'elles ne sont qu'une dimension - qui est l'histoire) du langage comme les langues et les oeuvres. Poétique de.

Le subalterne : généalogies trans-culturelles

Généalogies à recomposer, pour comprendre quelque chose des enjeux, dans les effets théoriques des 20 ou 30 dernières années, et leur caractéristique trans-culturelle. Pas nouvelle (voir l'humanisme, et jusque, à reculons, la philologie alexandrine etc.), mais c'est rétrospectivement qu'un contemporainéiste le sait et peut commencer à la fouiller.

Il faut arriver à entendre, à l'oeuvre dans la proposition contenue dans le terme de subaltern, la résonance complexe de Gramsci et sa philologie-politique (qui est déjà une relecture de Marx, et une philologie de la philosophie politique ; une critique de l'économie politique par le culturel) ; reprise dans Ranajit Guha pour le Subaltern Study Group indien ; reprise dans Spivak qui le croise avec Derrida (!) et la logique du supplément en fournissant la traduction authoritative de la Grammatologie ; reprise par Bhabha quand on arrive à lui, qui relit Derrida passé par Spivak.
Pour embrayer un travail critique aux implications complexes mais remarquables, actives. C'est le bloc qu'il faut prendre.

Shame : crux postco du politique-culturel-éthique

Quelque chose a l'air de se composer, dans le temps où je traverse des textes de la littérature contemporaine, et des zones théoriques du postcolonial, autour de shame.
Shame de Rushdie, sur le Pakistan ; l'exploration éthique de Coetzee (Diary, les animaux, la culture en temps d'une violence politique qui fait boutoir contre les cultures) ; shame partout dans Naipaul, dignité et effondrements culturels ; l'exploration éthique de Conrad (qu'il y a absolument à faire résoner avec le travail contemporain de Coetzee).
Le postcolonial, comme travail poétique, lame de fond culturelle - comme critique de la philosophie politique, et ses pensées du pouvoir, de l'autorité, et de la subjectivité politique. Critique des paradigmes de la pensée, ou des conceptions, du politique. Critique, directement, du politique comme catégorie d'une anthropologie. En y faisant entrer les coins de la culturalité comme vie de la différence sociale, et de l'éthique comme vie de la différence sociale. Rentre dans l'arène aussi alors, emmêlé de chacun des pans : la question du savoir, qui est celle du sens ; le rapport anthropologique comme rapport de sens et rapport de forces, toujours.

Toujours, reprendre par : la nation, dépolitisée (la citoyenneté mise en question - Bhabha et "sly civility") par le fait de l'empire. Et le travail de politique culturelle, nécessaire, pour des nations impérialistes qui ne peuvent pas faire leur vie nationale en termes politiques ; mais doivent se dérouler, pour l'empire, en politique de moralisation et d'éducation ; par la Littérature anglaise ; par la formation aux manners anglaises, par la "civilizing mission", et la dépolitisation des sujets coloniaux qui n'en sont pas.
Le culturel et l'éthique sont bien des (les) forces souterraines du politique (leur visage public, réalisation) - où se tiraille une immense histoire (française en tout cas - il faut voir au UK, mais aussi en Allemagne, cas particulier et éclairant) des rapports entre droite culturelle et gauche républicaine et laïque et coloniale héritière de la Révolution par exemple. Histoire de la liberté française, à tenir en comparatisme avec celle de la Liberty anglaise (et ses prolongements américains).
Il faut aller travailler à l'éthique du politique : et c'est là la force poignante, politique, du travail de Naipaul et de Coetzee.

mercredi 10 décembre 2008

Empire et nation

Bhabha, suite. Avec B. Anderson.
Certainement, ici, un crux. La nation, encadrée de sa philosophie politique, de sa "civilité", de la "liberty" anglaise, de sa politisation d'une culture, qui la tire du féodal et des tyrannies - et qui s'étend et déroule sa politisation en culturalisant, moralisant, ses marges par empire ; en créant ces zones, territorium (terre et terreur), des "subject nations", à rule par les manners and morals ; par l'éducation et la subject formation, par l'orientalisme et les disciplines.

Le jeu, le crucial : où faire réembrayer, pour une historicité critique, le politique et le culturel-le moral. Civilising mission. (Bush exportant la Freedom et la Democracy).

vendredi 5 décembre 2008

Politics of knowledge : intervention postcoloniale sur le savoir-pouvoir

La lecture de Bhabha est extrêmement lente, faisant écrire énormément ; faisant passer par des plans nombreux et chaque fois d'une densité extrême. D'autant plus dense qu'elle est peu fléchée : des fourrés, des taillis, d'hypercultivation - comme Derrida parle d'hypercorrection de son français d'Algérie. Situation coloniale/postcoloniale d'énonciation théorique.

En particulier, à déployer à travers elle : l'importance, l'intervention (si c'est une des choses que R. Young continue à partir de Bhabha : Bhabha proposant l'intervention du postcolonial dans le poststructural ; Young proposant l'intervention comme titre du travail de sa revue, application continue, périodique, de la question du postco) - l'intervention, donc (ou encore : agency, political and critical) du postcolonial comme question, joue au maximum sur la question du savoir-pouvoir, et son compact actuel. Le postcolonial donc, à faire travailler, pour une prise sur la "société de la connaissance" comme modèle culturel en processus d'empire : comme idéologie, et comme géopolitique. Le postcolonial comme, bien planté dans sa généalogie en Said et Foucault, stratégie de visibilité du colonial comme politique culturelle et cognitive, politique scientifique. Le colonial comme politique du savoir. Et le postcolonial comme déclinaison contemporaine du capitalisme/libéralisme (l'état dans lequel la Guerre froide laisse derrière elle le rapport de force international)
La référence psychanalytique, et la thématique identitaire, sont des effets, pratiquement secondaires. C'est la question du savoir qui fait crux, et prise critique. Comment, par exemple, the gaze est moins (malgré les développements qui le prennent pour thème, et objet) une question du visuel comme scène de l'identité/subjectivation, qu'une question de la surveillance, et de la discipline, au sens fort de Foucault. La visibilité comme mode social du rapport de force. Toujours, éviter de faire retomber la lecture de Bhabha du côté de l'identité (pourquoi y faut-il un effort? Effet de réception, ou effet interne? à voir), c'est-à-dire du côté de la culture. Car la prise est celle du culturel sur le politique. Le travail de lecture doit être ce suivi du politique dans.
Voir aussi, comme ingrédient de ça : comme dans le concept de "sujet colonial" est constitutif une sorte d'indécision sur son incarnation historique, ou théorique : qui est le sujet du "stéréotype", du "mimétisme", de la dénégation, de l'ambivalence etc.? Justement là, cette mobilité là : que le sujet colonial est un rapport. De domination, et de discipline. (Ni le colonisateur, ni le colonisé.) D'où aussi l'intérêt pour ces figures des "class of interpreters" (Macaulay) et "corps of translators" (87), ces sujets "partiels" et intermédiaires, qui habitent la farce coloniale (force et farce : c'est ancré dans Marx. C'est la nature politique du terrain où se travaillent ces questions).

Le problème de la "Postcolonial theory" comme formation discursive, et sa critique arasée par la pratique institutionnalisée : une possible dépolitisation, par la thématique de la culture. Différence des cultures, logiques de l'identité.
Or son point de travail est à garder dégagé : il regarde à l'articulation (la nature du rapport étant à penser, "articulation" étant comme un X pour marquer l'inconnue) du culturel et du politique. Politique de la culture, politique du savoir, politique scientifique. Le politico-culturel (voir sur Taguieff, aussi. Et sur l'importation en France, Compagnon passeur minorateur, des Culture wars américaines sous la question de la Culture générale, ou humaniste : cf sa recension de Nous autres, modernes, de Finkielkraut, dans le Monde du 6 oct. 2005, sous le titre "La Bataille des modernes.)

"The Politics of Knowledge" étant bien sûr Said, en anthologie dans The Fall into Theory.