mardi 18 août 2009

Subalterne et minorité

Le subalterne, à penser avec la question de l'agency de la minorité en démocratie. L'acquisition de la représentation politique.

Pas un en-dehors, un extrême, un transcendant d'irruption. Mais la lutte démocratique (précisément, et non seulement politique) même. L'ordinaire social. Et ses immenses violences.

Valeurs de la littérature ; pouvoirs

La littérature - et les savoirs de la littérature, ses powerbases, ses forteresses institutionnelles et culturelles - pour les consensus.
Et la littérature pour l'activité critique. La production plastique (B. Cassin, plasma du pseudos) et conflictuelle (Rancière) du consensus.
Au moins ces deux tranchants.
Sans parler des inanités.

Régressions du postcolonial

Faim de critique. Je tourne vers Rancière, Ahmad, la sociologie de l'art et de la littérature, et toujours fringale d'histoire. Je vois toujours looming la grosse masse du marxisme, qu'il va falloir, etc. La seule grosse tradition que je n'ai pas eu le courage de vraiment engager par la lecture pour le moment.

Les régressions du postcolonial :
. historiquement, par le tournant post-tiers-monde : les reflux et échecs de l'anticolonialisme et des nationalismes des indépendances ; la puissance déployée du capitalisme en mondialisation ; ses déchirements dans les ensembles nationaux, par migrations, inégalités séparatrices et génératrices de diasporas (et déracinements intranationaux aussi) ; montée des conflits ethniques-culturels-religieux. (cf. Andrew Smith dans Lazarus : "Postcolonial theory does reflect real changes in the order of the world, and emerges from a specific period of historical disappointment", p. 259)
. en termes de théorie : par la culture (politics of culture, à partir de Said et de dérivés de Foucault) ; par l'académicisation (the arena of struggle déplacée vers "les lieux de" l'université) ; par la littérarisation (trope de la narration de la nation ; imagination de la nation [Rushdie], postcolonial theory se développant sur un terrain de literary studies : voir où se plante le volume de Lazarus). Les reflux culturels post-marxistes et post-anticoloniaux : replis sur la global academy.
Y comprendre quelque chose par le même type de dynamique que celle des Culture Wars américaines.

dimanche 16 août 2009

Problèmes du peuple

C'est très délicat, juste là. Justement, la crête du politique. La ligne de crête entre culture et politique.
Ne pas, en particulier, y oublier la question de la souveraineté - démocratie - quand on réfléchit à sa culturalité, comme identité énonciative collective et historique. Ici viennent se greffer les plans de Foucault ou des culturologies. Mais tenir ce bout absolument, en le regardant bouger dans la main même.
D'où voir aussi Rancière, post-Althusser.

Cultures du langage-vie

Le Devisement du monde, titre du récit de Marco Polo.
Deviser, c'est étymologiquement par diviser, partager.

Groundation - groundings, groundations, groundsing (Barbados) : cité par Jouis James à partir du Dictionary of Caribbean English Usage (Richard Allsopp, 1996) : "The act of talking together, sincerely and for as long as necessary with or among socially deprived people in their own neighbourhood or dwelling places, many sitting relaxed on the ground (hence the term)."

mardi 11 août 2009

Critique, anticritique : débats sur la théorie, 80s

Aussi, noter : Habermas, dans ses échauffourées avec la "théorie" et "poststructuralism", parle des "young convervatives" (version anglaise des débats) ; Foucault, Derrida, Lyotard (les "postmodernism debates" des années 80, selon Norton), et leur attaque de la modernité. Postmodernisme comme antimodernisme. Héritiers, en cela, de la scission moderniste de la sphère esthétique ; esthétisation. "A surprising antimodernity 'alliance of postmodernism and pre-modernism' ".
Ici la "théorie" est sur son versant "postmod". Infléchissement des lieux de logomachie, aux 80s.

Althusser : théorisation du marxisme

Quelque chose dans cette maille de l'histoire intellectuelle française du moment structuraliste. 1966 et 1968. Le processus de théorisation, qui est l'établissement d'un nouveau rapport du travail intellectuel au social.
Situation de la "théorie", entre le domaine culturel/éditorial des Lettres et de la pensée (voir ses institutions : y compris les partis - PCF et ses autres -, leurs organes de presse et formes culturelles en compagnonnage de route), et l'université. Althusser depuis Ulm - et ses élèves : voir leurs implantations institutionnelles ensuite. L'une d'elles étant le Centre de Vincennes, devenu Paris 8 (ce devenir étant non neutre : mais de l'ordre d'une histoire intellectuelle, politique-sociologique, et idéologique).
Non pas Althusser (ici, voir), mais les usages d'Althusser sans doute mieux : une théorisation - ou, en regardant en symétrique, l'académicisation du marxisme ; son entrée dans la sphère universitaire, philosophique plutôt qu'économique -; un décrochage du travail intellectuel avec sa base sociale ; de transformation à vision de nouveau (malgré la théorisation, précisément, du passage à opérer entre pensée-vision et pensée-production). A penser en connection avec la formation de l'ivory tower universitaire américaine, prise dans la dynamique de sa propre histoire mêlée à celle de la trajectoire géopolitique et sociale américaine. Processus d'isolement. Des séparations nouvelles dans la carte sociale où s'inscrit le travail de savoir. Lesquelles ? Selon quelles motivations, quels "intérêts"/quels "pouvoirs" ?

La notion d'une science de l'histoire - le matérialisme historique comme science -, avec ses prétentions sur l'histoire.
Les débats marxistes, à hue à et dia, autour de l'oeuvre d'Althusser, contemporains et ultérieurs.

C'est un moment significatif (il fait converger des ensembles de forces, qu'il rend du coup lisibles) dans la genèse d'une situation actuelle des SHS, de l'université, de la recherche, de la politique de la culture. Et de la gauche.
Paris 8 en est sorti, de ce moment de redistribution. Mais aussi ses échecs.
Mis en relief par la grande ombre soudain perceptible des récupérations de la "théorie" par le capitalisme postfordiste (Boltanski ; autres critiques de Guattari-Negri dans Lazarus, par ex.).
Autrement : le paradoxe britannique de ces nouveaux champs disciplinaires issus de la gauche néomarxiste - Cultural studies, avec ses déclinaisons, puis Postcolonial studies et tous les libéralismes-multiculturalismes y compris complaisants - et la violence des arasements institutionnels par les REA et maintenant la fragilité devant la crise financière (les fermetures de départements ; le passage de la recherche sous l'administration de l'Innovation et business).

Althusser fait du, au, marxisme autre chose que Sartre.

lundi 10 août 2009

Moments de la culturologie critique

CLR James, The Black Jacobins, probably. 1938.
Stuart Hall à l'introduction de ethnicity dans les Cultural studies de UK.

Et à vrai dire l'ensemble de non-alignement, Bandung. Et des décolonisations, intellectuels de la décolonisation. (On peut reprendre le trajet dessiné par Young ici - Postcolonialism. An Historical Introduction)
Mao aussi, malheureusement : le cas énorme.

Les culturologies critiques des empires : des majoritaires du politique (y compris culturels : la France de Lumières est héritée, géopolitiquement, de Louis XIV. Quelque chose à voir ici avec l'horizon d'universalime. Passer par Montesquieu, aussi, et les libéralismes français, qui sont des fils minoritaires). Simplement : l'effet de montrer la culturalité de - et la contigence historique de - la carte des rapports de pouvoir. Dénaturalisation (- du politique? c'est ça? voir.)

Culturologie critique

Il s'agit de ne pas perdre la criticité, historicité, conflictualité, logomachie, démocratie-consensus-dissensus, quand on prend le culturel pour levier des pensées du politique. Pour réaccélérer, remobiliser, les modes politiques pris en orthodoxies ; en modes majoritaires.

Se placer dans le mouvant de ces logomachies de manière à faire résister le culturel aux gravités vers la droite ; à ses dépolitisations et conservatismes. Le culturel comme radical du politique ; contre le culturalisme (où Taguieff, par exemple, a en effet beau jeu).
Ceci impliquant une critique des penchants droitiers des entreprises de culturologie (les libéralismes - Tocqueville par ex.) ; en même temps qu'une histoire de ses résistances (les critiques marxiennes du marxisme, en partculier. Déjà Adorno/Horkheimer).

Essais de culturologie du politique

Repères de ces tentatives, pour aller les travailler. Par la question de la criticité, c'est-à-dire celle de la pensée de l'histoire opératoire.
Comment une culturologie - dont, au plus aigu, une poétique - peut rester bien sur le fil du critique en regardant le politique. Et sans reculer pour prendre appui sur --- : ici on peut commencer à recueillir les formes de ses régressions, ses retards, ses réflexes qui sont des idéologies, des statuts (acquis) et non des situations ("en avant") : les Lettres, l'essayisme (ce sont des modes culturels ; français), "Theory" et les orthodoxies du "poststructuralism" et "postcolonial". D'autres à déplier, à diagnostiquer.

Des auteurs à regarder, pour le meaty de ces questions :
. étape Weber, critique culturelle des sociologies matérialistes. (Qui exactement?)
. étape Théorie critique : Adorno+Horkheimer (et Benjamin, mais toujours son plan très à lui)
. l'étape Althusser, et l'étape, par exemple, Rancière
. E.P. Thompson et Christopher Hill et les historiens britanniques marxistes qui ne sont pas, par exemple, sur les plans d'orthodoxie d'un E. Hobsbaum,
. les généalogies des Cultural studies britanniques ; et Jameson, Eagleton,
. relectures de Gramsci par les Cultural studies, et les Subalternists
. Arendt / Klemperer / Auerbach et la Comp. Lit. américaine (avec Adorno+Horkheimer dans leur période américaine, sur les cultural industries)
. les Subalternists : dans leurs décentrement par Spivak-Theory, et dans leur développement par ... [quoi exactement ici? Les majorations de Chakraborty, les idéologèmes de Globalization theory,... à voir]
. les effets anti-marxistes de Deleuze-Guattari ; Foucault : le désir, contre la lutte.

A situer :
. dans les redistributions territoriales et intellectuelles de l'après-guerre : émigrations aux Etats-Unis, constitution de l'empire intellectuel-idéologique américain (y compris dans le processus de la Cold Culture),
. les histoires des décolonisations, où agency des intellectuels
. l'émergence de la structure institutionnelle/idéologique du global intellectual, dans l'epistémè de la mondialisation
. l'histoire des disciplines des Lettres, et de la place de la culture dans le social, et de la figure de l'intellectuel, et de l'université en France [toute l'histoire des structures de la production intellectuelle : dont l'édition, l'essayisme, le politisme] ; histoire de l'université américaine [ses scientismes, ses séparatismes, subis autant qu'arrachés]. ...

L'intellectuel postmarxiste - moments du politico-culturel

L'intellectuel postmarxiste, aussi.
Le modèle sartrien était déjà une sorte de coup de force par rapport à une orthodoxie idéologique, modèle englobant de la pensée de gauche par le schème marxiste. Déjà une phénoménologisation - dans la même direction que Arendt, par exemple. Ou ensuite que Derrida. Les herméneutiques, les philosophiques, avec Heidegger pour pôle de génération.
Les résistances philosophiques aux philosophies de l'histoire.

Les anti-historicismes "1968-ish" (écrit Keya Ganguly dans le volume de Lazarus, 167, en les indexant à Althusser et Foucault - how does this exactly work?) : les post-structuralismes, et leurs maille à partir, leur partie liée, avec l'historicisme marxiste. Il faut arriver à situer ce rapport.

La question étant celle des enjeux qui bouillonnent dans le rapport entre culture et politique. Et ses déclinaisons historiques. Histoire des nouages du politico-culturel - pour partir, en critique, du noeud que serre P.-A. Taguieff (Les Contre-réactionnaires, 2007).
Je m'intéresse à suivre les régressions critiques en particulier ; l'histoire des régresssions critiques et des réactions associées aux culturalisations ; culturalismes, essais de culturologie de la pensée politique. Par la philosophie (Arendt repartant de Platon, pour une impulsion dans une autre direction et que celle du marxisme et que celle de Heidegger ; Derrida repartant de Platon pour une reconquête du terrain philosophique en tant d'irruption hégémonique intellectuelle de la linguistique) ; par l'anthropologie structuraliste [ ; ...? ]
Il faut voir aussi le libéralisme profond de la linguistique/culturologie de Benveniste - peut-être? Ce qu'il y a là.

D'autres moments de mailles :
. maille Humboldt et les Idéologues ; le libéralisme et le républicanisme [what exactly, the opposite term here? A préciser],
. maille Herder et les Lumières françaises : politicisme [? - non, sans doute aussi un culturalisme, des Lettres ; de la philosophie comme Lettres] universaliste à contrer par culturalisme nationaliste,
. maille Derrida - Young et ses évolutions (de Cixous-poststructuralisme, à la généalogie anti-coloniale et marxiste du champ intellectuel postcolonial). Ici toute la formation discursive, l'arène de logomachie, de poststructuralism/postcolonial/postmarxism. Les débats bien éclairés par l'ensemble des contributions au volume de Lazarus. Les régressions de "theory", ici => et ailleurs.

samedi 8 août 2009

Europe de la connaissance

Les cadres dans lesquels s'organise la politique européenne de la recherche en Sciences humaines et sociales :
. présentation du 7ème PCRD
. Work Programme 2010 - Socioeconomic Sciences and Humanities

. Metris Report : Emerging Trends in Socio-economic Sciences and Humanities in Europe (Commission européenne, 2009).

L'intellectuel postcolonial - et Coetzee

Agenda : Il faut travailler la question de "l'intellectuel postcolonial" ; c'est-à-dire faire un travail de situation de ce quelque chose devenu majoritaire dans le contemporain ; le replacer outre évidence dans ses plans historiques et idéologiques. Avec toutes les contributions du volume de Lazarus comme bons points de référence et de départ, par exemple.
Comme l'une des incarnations des champs de force politiques contemporains du savoir-pouvoir : l'intellectuel mondialisé, acteur des mondialisations. Multiplié autant qu'elles.

Ici, prendre, brancher sur, avec Coetzee. Comme facteur, poétique, de décentrement de la question. La question étant posée comme critique le plus souvent par le versant d'une exigence d'histoire et de sociologie politique. Ici, le versant critique et poétique, qui permet bien de laisser en jeu l'ensemble des plans, sans pouvoir ignorer l'idéologique, les réactions et régressions, les houles éthiques, etc. Prendre par Doubling the Point, Giving Offense.