dimanche 31 août 2014

Langue identité / langue histoire

Emmêlée dans l'affaire des rapports entre langue et peuple : expliquer qu'il s'agit de prendre le rapport par le sens inverse à celui dans lequel il est posé par l'habitude nationaliste :

non l'identité culturelle, nationale, ou 'ethnique', appuyée sur la doctrine d'une essence - d'une définition - linguistique du peuple (cf Hobsbawm dans N and N, ou l'histoire de l'Inde nehruvienne, unitaire et citoyenne, qui se contrarie en fédération d'Etats sur lignes linguistique, puis toute la suite communaliste, déjà imprimée à la Partition, et à l'électorat musulman séparé obtenu dès les pourparlers des années 30 - ? Check date)
non la langue pour les identités culturelles

mais les langues pour leur plastique du peuple et des peuples. B. Cassin, plasma, qui n'est pas seulement une machine de guerre contre l'ontologie philosophique, mais aussi contre la politique philosophique du culturel : contre une tradition (en repérer les contours, les voix, les évolutions reprises et transmutations) pensant le culturel, le social dans ses différenciations historiques anthropologiques. Anthropos, ethnos, ces fils. Prendre, ici, par Benveniste sur civis / polis ?

Les langues pour une anthropologie ; une anthropologie linguistique pour l'institution : non prise à sa résultante, nommée, mais à son énonciation, en opération.

Reprendre par Benveniste sur catégories de langue catégories de pensée, concernant le grec? Toujours en repasser par là..

Cogitations pour l'instant sans accroche matérielle, d'où l'impatience, sur Meillet et Benveniste, le fil Saussure et l'indo-européen. Que fait Benveniste sur le Vocabulaire, pour y planter une culturologie (à vérifier, le terme apparaît là, en introduction, je crois me rappeler : marque une distinction vis à vis de l'anthropologie, de la linguistique, de la grammaire comparée, de la psychologie - puisque cet espace existe comme terrain pour Benveniste -, de ??? : oui, la philologie), après que Meillet ait mis en place toute les précautions de l'étude de la linguistiques historique - je suis en pleine Introduction à l'étude comparative des langues indo-européennes, et au chapitre sur le vocabulaire spécifiquement.

Que fait Benveniste après Meillet, pour l'anthropologie, et par l'énonciation et l'institution - comme figure politique, sociale, anthropologique au sens où il est précisément question de peuples, de l'énonciation. 

Culture et politique

C'est bien l'inflexion théorique qui m'intéresse, du marxisme critique du stalinisme, ou avant ça même  cherchant à penser l'échec de la Révolution mondiale, ou européenne (allemande) - toutes les tentatives à partir de Gramsci, les nouvelles relances au moment de la New Left en Angleterre, nourrie aussi, dans les 70s, de théorie sémiotique parisienne (ma génération référentielle). Les École de Francfort, Raymond Williams, EP Thompson et C Hill, S Hall... Les Cultural Studies en tant que telles, programme théorique et politique, comme stratégique-épistémologique. CCCS.
Les réagencements, réexpérimentation, du rapport entre pensée / intellectuels ('théorie', reformulation du débat sur l'analyse politique, travail du parti, rapport du parti avec les masses) - Althusser, Socialisme ou Barbarie ?, ...
Les nouvelles gauches des années 60, avec l'étonnement, l'inchoatif et l'infans des 'nouveaux mouvements sociaux', féminismes, anticolonialismes, ethnicismes de combat, mouvements noirs dans leurs nouvelles dynamiques - puis la contre-culture. Aliénation, modes de vie, dégagement du plan biopolitique. Etudiants - difficile à cerner, entre sociologie (effet de) et groupe (effectuant, une nouveauté sociale, libératoire). 

Buhle sur James : the Cultural question

Très fort et mobilisateur texte de Paul Buhle, dont je découvre le travail et la situation dans l'histoire marxiste et radicale américaine (fondateur et editor de Radical America, directeur du Oral History of the American Left à NYU), dans son volume CRL James, ed. 1986. 'Marxism in the USA'.
Il s'agit du rapport culture - politique, articulé dans l'œuvre de James par le trope analytique de l'américanité, et de la popular culture.
S'agit d'une proposition sur le peuple, qui constitue une critique : du marxisme orthodoxe, du stalinisme et donc du communisme des années 20-50, par le trotskisme, mais du trotskisme encore par le populaire, l'américanité, l'analyse historique des forces révolutionnaires populaires, contre la stratégie du parti comme avant-garde devant des masses 'backward'.
Et une pénétration, une capacité à pousser l'imagination théorique jusqu'à la perception d'une historicité englobante impressionnante : des blocages et pessimismes communistes, des situations vécues comme des échecs de la révolution, vus eux-mêmes comme des conditions historiques. Imagination puissante, impressionnante, de la portée de l'histoire : jusqu'où il faut porter le regard historique, quoi englober dans sa prise, pour atteindre une analyse historique.
L'extension en est mondiale et diasporique-transpopulaire, américaine, populaire. (Et... il y a encore à compléter le relevé).

. constitue un contexte : dans l'histoire radicale américaine, et communiste en particulier - radicalismes immigrants, ligne de faille et dynamique de récupération, ou domination, au rapport entre skilled & unskilled, qui se superposait à American-born & immigrant. Décennies antérieures au New Deal, puis dynamique New Deal et fordisme, state capitalism, où se dilue la marge stratégique communiste ou au moins radicale.

. autre bord du contexte qu'il sculpte : l'histoire du Western Marxism, posé par mot d'ordre intellectuel par Perry Anderson, Considerations on Western Marxism, Londres 1976) : Lukacs, Korsch, Gramsci, Benjamin, Horkheimer, Della Volpe, Lefebvre, Adorno, Sartre, Goldmann, Althusserr, Colletti - mais Buhle y rapporte encore R. Williams, EP. Thompson, et WEB DuBois.

. donné à lire James comme introducteurs, penseur, de la Cultural Question. Avant son articulation dans les late 60s.
C'est : par un point de vue américain de l'analyse, comme déjà actif dans Black Jacobins et les premiers textes sur le self-gouvernment des West Indies. 'American Civilisation', propre à une histoire spécifique du développement moderne.
Par, aussi, la question de l'aliénation, supplémentaire à l'exploitation, et nécessitant des développements conceptuels, des critiques donc, spécifiques. Lecture de Moby Dick, le bureaucrate moderne contre les forces de vie du crew. D'où oui, l'importance de ce texte.
Par enfin le principe englobant, poétique générale de sa pensée politique du processus révolutionnaire 

mercredi 27 août 2014

Guy Poitevin sur le Chant d'Ambedkar

Ambedkar ! Des intouchables chantent leur libérateur. Poétique d'une mémoire de soi, Guy Poitevin en collaboration avec Hema Rairkar, + édition par Bernard Bel, Karthal, 2009.

Notes bribes :
. Vitthala, dieu de la bhakti (au Maharastra?), 245
. relèvement (des dalits)
. conclut sur le problème - après longue écoute lovingly décortiquée du corpus issu d'un travail impressionnant de collecte ; louange et léger lyrisme à la composition/recomposition de soi-collectif par les chants de meule (ovi), leur bricolage moderniste de la forme traditionnelle - de leur limite : particularisme (346 ff, 350, 356), contre le besoin universaliste de la démocratie.
. implique tout un appareil théorique, vraiment nécessaire?, sur l'événement de langage et le travail énonciatif du deuil. L'appel à Zumthor, par ailleurs, marqué.
. ...

Autres textes, en ligne :
> "Dalit Autobiographical Narratives: Figures of Subaltern Consciouness, Assertion and Identity" (2002, in A. Schüle ed., Biography as a Religious and Cultural Text, Münster, Lit Verlag)

> "Subaltern Participation or Democratic Cooperation", Perspective lecture, International Seminar on Culture, Communication and Power (Jamia Hamdard University, 1997).

> "L'orature n'est pas littérature", Histoire et anthropologie 24, 2002.

Époques du mondial - 1990s multiculturalistes

Hobsbawm conclut Nations and Nationalism sur un chapitre ajouté dans l'actualité de la crise de l'URSS, pour publication en 1992 je crois. Prolongement nécessité par les développements nouveaux, et qui permet une clarification nouvelle, appronfondissant la théorisation, l'hypothèse historique longue élaborée dans le cours du volume.
Le chapitre est, comme les autres, en perspective cavalière, et évite (ne s'intéresse pas à) une définition, une caractérisation, de la nouvelle époque du nationalisme. Évitant par là de la fixer. Épingler. Mais il le semble qu'on est ici dans la nouveauté du multiculturalisme, et avant celle de la mondialisation : des époques qui se sont marquées autour de ces termes lieux communs historiques, périodisants.
Il parle beaucoup du Canada, symptomatiquement peut-être. Et des entités politiques devenues, comme condition présente, multiethniques et multiconfessionnels (? À revoir). Par la reprise des grands brassages de migrations, après l'immobilisation nationaliste de l'entre deux guerres (check - cette période de sédentarité, repli après les grandes extensions du libéralisme international du 19ème.)
Même s'il utilise aussi l'argument des nouveaux caractères multinationaux (le terme y est-il ? À voir) et transnationaux (il y est) des entreprises.

Il y a donc un moment, c.-à-d. une configuration historique, un bloc historique, où le mondial apparaît comme multiculturalisme : quelle historicité de ça ? Quelles lignes de front idéologiques autour de ça? 

vendredi 22 août 2014

Composition - Ambedkar

Bien sur les mouvements fins de l'écriture. J'appréhendais la reprise du chantier sur Ambedkar, si largement labouré mais déjà lointain, et soumis à ma mémoire disons sélective, ou à la dynamique particulière de mon apprentissage qui me fait si distraite : comprendre plutôt qu'apprendre, préférer sentir à l'aveugle des mouvements qu'en imprimer les contours factuels (signification des dates, par exemple).
Mais le tressage se fait, les textes à évoquer viennent (et quant à ceux qui ne sont pas appelés par le processus, je les laisse sans regret, une façon de déjouer le calcul, prendre par le revers l'intention et ne donner toute qu'au connaître et comprendre, composer).
Plaisir de retrouver vif plutôt le plaisir de continuer à comprendre les mouvements de peuple, dans leurs articulations fines, que le pensum de la rédaction. La lecture parallèle de Jaffrelot, qui me fait reprendre l'histoire et la précise et lui imprime une lecture, est parfaite pour nourrir ce moteur.
La lecture de Gide, Voyage au Congo, parfaite aussi pour des raisons voisines mais juste légèrement supplémentaires : d'abord la précision de la prose en français, qui m'aide à me démêler de mes hyper-articulations en me laissant 'charmer' (prose de Gide, qualité thématisée dans le journal de voyage, avec un petit bord de sensualité, donct exoticiste) dans sa lucidité sémantique coulante. Il écrit - et il écrit au Gouverneur pour engager la protestation officielle contre les exactions coloniales exemplaires à Boda - en voyageant-en-lisant Bossuet, Molière, Conrad, Stevenson. En laissant dérouler en tête en écriture l'attention aux qualités et caractères des proses. 

jeudi 21 août 2014

Connexions - perspectives historiques

Gide au Congo rencontre 'M. Eboué'.
En 1925 il passe dans un Oubangui-Chari décrit aussi dans Batouala par René Maran, publication en 1921.
Gide au Congo sait qu'il passe après Conrad, donne l'actualité de l'affaire de la ligne de chemin de fer de Heart of Darkness, et inscrit l'intertexte d'entrée.

Genet écrit Les Nègres après visionnage des Maîtres fous de Jean Rouch.
La Nouvelle Vague s'appuie elle aussi sur ces expériences du 'cinéma du réel'. À Bout de souffle de Godard inspiré de Moi, un noir (1959) - dit Bernard Surugue.

Voir également les Surréalistes avec l'anthropologie qui se détourne du projet colonial et fait ses tournants à gauche entre les deux guerres : moment de disjonction du grand nationalisme et du vecteur communiste - liens inscrits à Leiris, pour commencer, et donc Griaule et tout le pan institutionnel et épistémologique qu'il indexe. (Breton en Haïti en 1946).

samedi 16 août 2014

Nationalismes en Inde : Calcutta / Bombay

Important : lisant Jaffrelot sur Ambedkar (version anglaise-indienne reprise, 2005), noter les développements Maharashtra des séquences nationalistes que je viens de reprendre en suivant leurs tracés dans Chatterjee pour le Bengale. Ces contemporanéités nationales - inter-régionales au moins, et Calcutta et Bombay sont clé - sont cruciales, pour un propos sur l'histoire du national en Inde.
Partir de ces premières lignes de comparaison, établir l'amorce d'une dynamique. Départ.

Le Bengale de la Renaissance, et du gouvernement colonial central (voir dans quelle mesure cette implantation historique est effectivement portée dans l'importance, ensuite, de Calcutta comme centre) / fonction de Bombay, comme pôle différent, une colonisation plus mêlée et plus anciennement occidentale (dont arabe africaine). Composition sociale, culturelle, religieuse, différente. Etc. Histoire de bhakti spécifique ? Nationalisme d'une coloration biculturelle autrement composée? D'une autre périodisation, aussi.

Intéressant en tout cas d'y reconnaître des pressions similaires : histoire bhakti (histoire des résistances cultuelles et sociales), bourgeoisie européanisée (théâtres de Bombay), appui sur les missions anglaises écossaises et américaines pour un cadre alternatif et critique du systèmes des castes, imports intellectuels occidentaux (Paine et les Etats-Unis pour Ranade, Slavery ; J Phule), réformisme social par religieux, Brahmo Samaj et al.
Bombay / Poona milieu de création du Congress, 1885. 

Auteurs : racisme du grand nationalisme, 1880s

Indentifier des auteurs du racisme qui se lie à l'émergence du nationalisme à partir de la période 1870-1914 (distinction accentuée, dessinée, par Hobsbawm, Nations and Nationalism since 1780) :

George Vacher de Lapouge (ces situations complexes dans le paysage intellectuel et idéologique : Sorel et ses propres complications, Guesde, SFIO, athée, anticlérical, socialiste miliant. Celles qui font aussi le composé national-socialisme - contre celui du national-populaire. Gramsci...). Eugénisme.
Houston Stewart Chamberlain, Anglais plus tard nationalisé allemand. 

jeudi 14 août 2014

Chatterjee fragments 4

Implicite, cette mise en distinction en toute fin de conclusion, ce déplacement : communalism (cf bb Bayly, 'The Pre-History of 'Communalism'? Religious conflict in India, 1700-1860), et a 'communitarian standpoint' (236 - où il place McIntyre, pas entièrement Ashis Nandi, des projets d'ethnologie anarchiste, et Foucault dans son 'erreur iranienne' même). 

Chatterjee, fragments, 3

. Il finit The Nation and its Fragments par la question de la société civile, dans son autonomie avec l'Etat : structuration en séparation des 'domaines'.

Le texte invite, mais confusément, à rapporter, pour comparaison (pour identification des contradictions) à
. la séparation, distinction, exclusion, de l'Etat colonial : qui excepte les sujets coloniaux du statut de citoyen
. (ayant passé aussi par la séparation stratégique des nationalistes, home/world, et spiritualité culturalité nationale / compromis pragmatiques dans le plan économique et politique.)
. la séparation nationaliste-indienne, entre 'high' liberal-democratic politics ou 'élite, et 'popular politics', et ses impedimenta de backwardness, et contrepoids culturel.
. les partages de lutte des classes implicites dans le cadre gramscien : complexifiant le marxisme donc par la problématique de l'hégémonie et les dynamiques des fragments et intégrations et géométries variables des fronts et alliances.
. est-ce que ça aide à y voir clair si on repasse par les partages, historiquement redistribués et mobiles au prix d'arrachements macrosociaux, de ce qui se reconnaît comme privé/public dans la phase libérale.

Reste, au radical : les partages, historiquement négociés et résultant dans des formes qui caractérisent justement les époques, entre culture et politique. ? Sens et pouvoir, identité et solidarité/conflit.
Des 'domaines' ? Chatterjee est 'fuzzy' [observant la 'fuzziness' historique des dynamiques sociales de caste dans l'Inde précoloniale, ou pré-sociologie coloniale] lui-même là-dessus. Il s'agit de séparer des plans, repérer des 'autonomies relatives' des plans - question mise en problème par les marxismes, avec pour carte initiale l'infrastructure et la superstructure, l'économique comme matérialité sociale et le politique. There is such a thing as society, pace Thatcher.
Division du travail : concept modèle ici.

Chatterjee termine le livre sur : une stéréophonie critique entre le grand récit de la genèse de l'Etat-nation, et l'histoire du capital. Où la nation peut embrasser appropriativement l'héritage de la communauté, tandis que le capital doit le laisser en reste, c.-à-d. visible et offert à la conceptualisation. Cette tension-là est la classique. 

mercredi 13 août 2014

Partha Chatterjee sur les fragments, suite

. la nouvelle séparation, à la mise en place de l'Etat indépendant, entre l'ordre économique de la gestion gouvernementale, par l'institution du planning comme forme répondant au projet national par le développement (quid de la référence socialiste, inscrite à dans la Constitution, et appuyée par les développements de la Décolonisation avec ses solidarités en tiers monde ?), tenu à distance de l'ordre politique : experts,  dans la neutralité de l'exercice de l'information. Qui détermine l'expression économique des revendications auprès de l'Etat, et des mobilisations sociales (les basses castes revendiquaient une plus haute place dans l'échelle de la pureté au temps du régime social castiste, elles traduisent maintenant en demandes, pour raison de dégradation et backwardness, de privilèges économiques éducation, emploi).

La dynamique de compromis reste celle de la nation et de la communauté. Et de ses traductions et réalisations, négociations continues : ce sont leurs termes leurs formes spécifiques qui intéressent PC, où il continue à chercher les disjonctions, comme zones de l'universel impossible ou instable ou contradictoire, historiquement spécifiées.

Il s'agit bien des 'necessary consequences of the specific relation of the postcolonial developmental state with the people-nation [plus haut PC avait posé le gramscien 'national-popular']'  : relevant bien des conditions socialistes des nouvelles nations bientôt prises dans la dynamique du tiers monde. (Pourquoi le mot n'y est-il pas, dans les articulations de PC?)

mardi 12 août 2014

Théorie du fragment, Partha Chatterjee

Il faut arriver à recomposer, penser ensemble, les études juxtaposées, et légèrement cadrées, par Partha Chatterjee dans The Nation and its Fragments. Colonial and Postcolonial Histories (1993).
Il en va bien d'une pensée globale du fragment et du tout, de la 'différence coloniale' (perpétuée par le nationalisme vainqueur de la colonisation, et par l'Etat postcolonial qui en est la résultante historique hic et nunc) et de 'l'universel' dans ses modèles libéral (importé de manière 'modulaire'), contra en recherche de 'common sense', gramscien.
Un effort, pour assurer les liens théoriques entre chapitres. Et synthétiser le caractère méthodologique  du projet, subalternité.

Faudrait commencer par me souvenir pourquoi j'étais allée chercher ce texte, pour continuer à réfléchir sur Ambedkar. Non pas seulement parce que les élaborations des Subaltern Studies sur les intouchables et les castes, et sur le rôle d'Ambedkar spécifiquement, doit être identifié. Aussi, selon l'autre extrême des besoins (généralisation maximale ici), d'une théorie toujours à pousser de l'opération de la critique, c.-à-d. de la décomplétion. Mais : what was it again?
La question, perspective (elle relève d'un désir, un conatus simple, ne cherchant pas de conclusion, forme simple de la vie, comme poussée de savoir), du peuple : le allégoriquement pour tous.

Affleurements du problème du fragment :
. question de la distinction (exclusion, séparation) des castes, comme nécessairement englobée dans un système qui fonctionne comme régime universel. Dumont l'a posé sur le mode de l'homo hierarchicus, et PC cherche à en continuer, moyennant critique (faire fuir de toutes parts, faire manquer les peuples), l'intuition systématique. Car il s'agit - l'intuition de cela ne suffira pas, il faudra aller faire les calculs - de la dynamique de l'hégémonie, dans celle de 'l'unité de la caste'. (175)
. éclectisme théologique et religieux des sectes (contexte du Bengale, Caitanya et les développements bhakti dans ses négociations avec les orthodoxies et les réactions orthodoxes).  Des bricolages de résistance.
. la communauté, contre la nation : ces moles de théorie politique à examiner, dans leurs réalisations indiennes modernes. 

dimanche 10 août 2014

Nationalisme linguistique

Pas tant que la politique des langues s'impose, historiquement, dans le mouvement général du nationalisme moderne, comme nationalisme linguistique [que serait son grand méchant instigateur, Oz ?]- mais que la situation, l'usage, l'implication des langues dans la polity se transforme.

C'est la langue qui se voit soumettre à politisation, de même que l'ethnicité la culture. Elle se trouve placée dans un nouveau jeu, à une nouvelle fonction, comme enjeu. Fondent sur elle les enjeux des nouvelles réarticulations politiques. Dont les agents ou courants, pressions d'histoire, sont : centralisation gouvernementale et organisation administrative de l'Etat, transformation de la communication (école, écrit, print capitalism, statistique, emploi fonctionnaire).
Effets de la démocratisation articulée à l'étatisation. (Ne pas lâcher la perception de la limite européenne de ces reconfigurations, si Hobsbawm ne le fait qu'implicitement - c'est elle qui permet d'analyser les suites et conséquences en déport vers les espaces coloniaux et de géopolitique mondiale.)
Elle se met à porter des enjeux de cette modernité. Crux. Pressure-point du paradoxe politique structurant, forme étatique, fonctionnement national (comme mode de l'articulation du sujet privé à la citoyenneté). Partages historiques, mobiles et tensifs, de ce que la version libérale du 'privé' et du 'public' distribué à sa façon (- Partha Chatterjee voudrait montrer qu'il est faussé et compliqué dans l'Inde nationaliste, et postcoloniale). 

samedi 9 août 2014

Couper la parole : articuler

Depardon intitule un projet, livre, Donner la parole (pour la Fondation Cartier, livre produit, traduction bilingue française et anglaise (Hear Them Speak - qui a eu l'idée de ça ?) après transcription de la VO, à l'occasion de l'exposition "Terre natale. Ailleurs commence ici", 2008-2009). Quelques ligne de sa part, une seule page en avant-parole : "Au commencement, il y a le verbe. Au commencement, il y a le verbe donner. Donner la parole à des gens qui l'ont rarement."
Projet étrange, résonant d'une foule de gênes en héritage colonial, j'y reconnais mal les lignes identifiées dans le travail de Depardon.

Un saut (y a-t-il quelque chose entre les deux ?)

Un thème en ce moment : couper la parole. Geste comparatiste, geste critique. Non une violence faite aux discours mais une articulation à leur discursivité, pleine de bifurcations à faire entendre. Couper ce qui relève du ruban, où une position d'énonciation s'installe et par là s'efface comme telle dans un effet d'autorité, auto. Piège où elle bascule à la vérité, sidérée comme dans les phares d'une voiture dans la nuit.
Couper le plan de l'énoncé, simplement ; et la différence des langues a ici encore sa puissance infiniment simple et lumineuse : les paroles sont plusieurs, le discours est fait d'un dis-. Pure relation. (Lisant Meillet en ce moment : force du système, d'où découle la possibilité scientifique des correspondances, action de la grammaire comparée.).
Simplement, articuler. Articuler est plus précis que bifurquer (Deleuze et Guattari, légère romance libertaire). Plus exact que couper, fonctionnement même et non intervention interruption ou dysfonctionnement. Deleuze et Guattari ici, cf biographie à deux sujets par F. Dosse : les assemblages, politique lents créatifs s'ils traversent, décousent, se branchent, inventent des constellations inouïes. Font des sujets de travers, libres.



Il y a des pratiques délibérées, étudiées, du couper la parole.
L'analyse lacanienne en est un type.

mercredi 6 août 2014

Batouala, René Maran

Batouala, so far, charmant et malicieux, après le coup cinglant de la préface.
L'humeur rieuse et la saveur de la 'fainéantise', comme distinguée de la paresse, remet en écoute Banjo : certainement peu comme continu culturel (quoiqu'il y ait bien, à vérifier, un des boys qui soit d'Afrique, de l'Ouest? Et certainement dans les pérégrinations de Mckay, des compagnonnages africains divers) mais une coïncidence de situation sur le point d'une résistance au travail - portage, première référence.

L'autre écho est vers Things Fall Apart, avec des figures narratives proches (situations diégétiques et tracés de personnages). C'est 1958, un autre monde donc. Comment cette différence s'inscrit-elle ?

Aussi : la situation est coloniale dans son horizon clairement mondial, géopolitique de co-colonialisme. Les 'blancs' et les 'Gouvernement' et 'commandant' sont d'entrée caractérisés par la guerre 'frandjé' / 'zaléman' - 1921 date de publication (Banjo 1929), première guerre mondiale et négociations wilsoniennes et le contexte donc des espoirs nationalistes noirs, américains en tout cas.
Le roman pose également les Tirailleurs.