samedi 31 décembre 2016

Appel du Monde, mars 2016 - option philosophie politique

Le texte "Pas d'alternative : droit d'asile, ou barbarie", du 11 mars (une semaine avant l'accord avec la Turquie), est très dans les clous du politique, quant à lui. Signé par Agier, Balibar, Tassin (les philosophes), Butler (tiens ?), une figure du directoire PC, et al., "un collectif international d'intellectuels", il s'adresse à l'UE, la Commission, l'ONU, aux parlements nationaux et européen, au HCR, a la Cour européenne des droits de l'homme.
Y va de la barbarie. Le genre veut ça, et sans doute ce plan doit être occupé. Ce feu entretenu. Des voix des intellectuels posées et placées. Le texte est impeccable dans l'exercice. Jeu de langage, pour toute sa ressource pragmatique réelle. Il faut jouer ces coups, car cet échiquier est bien impliqué. Pour les coups suivants, pour les autres joueurs et les prochaines phase de la partie, il est nécessaire.

Phrase de la péroraison : "l'Europe à confrontée à l'un des grands défis qui changent le cours de l'histoire des peuples".

Reste, eh bien tout le reste. Je continue à comprendre la multiplicité des acteurs et des options prises, humanitaire plus et moins organisé, et simplement l'aide sur le terrain, et des dissidences comme La Chapelle en lutte. On est dans un autre plan de référence. On appelera ça radical.
Tiens, Agier par exemple, et Nicolas Jaoul. Options différenciées.

Le politique détotalisé

Reste aussi le regard anthropologique comme relativisation du politique, en cela indispensable. La sociologie, quand elle est fine ("interactionniste"? F Johsua), fait de même. Le social, et l'historicité du social, mettant le politique bien à sa place, plan propre en aucunement total. De même le géopolitique.
(L'économique y prétend mieux, Marx et Weber, est l'inconscient économique. Les marxismes comme une sociologie bourdieusienne ont cherché comment l'objectiver. Le saisir, par tout le déploiement d'une "science historique", et par un structuralisme de champ.)

J'y reviens encore, sans peut-être aller plus loin que cette retrouvaille régulière, porte mais fermée : la part relative du politique, aussi, dans la dimension de l'historique : invention grecque certainement, la civilité romaine étant une autre construction et hybridation d'acculturation impériale (cf Benveniste sur civitas et polites), mais telle qu'elle est en cours : moderne. La modernité même. Européenne donc. Un sondage dans l'avant : la souveraineté, le Prince. Foucault a donné ce qu'il faut ici. Ou sans doute plutôt c'est Foucault qu'on a.) Décomplétion du politique, rendu à ses blocs historiques et ses provincialismes.
Une fois saisi ce décollement d'identité ? Ça dégage bien un espace. Qu'est-ce qui y passe ? Qui peut y passer ? Défétichiser le politique, comme plan ultime.

La montée au créneau des démocrates et activistes de société civile et médias engagés et piliers des droits, rule of law et droits de l'homme, aux États-Unis ces semaines, font bien entendre cette fragilité, qu'il faut bien prendre, ou risquer : sachant que le discours sur les droits est un discours, qui tient par la force du discours (croyance, et institutions nationales et sociales du respect) maintenant invalidé par la provoc Trump, et avançant pour autant, girding of loins, déploiement des forces institutionnelles et collectives et de corps intermédiaires et de réseaux civils, appui sur les courroies de la république. Un politisme stratégique. 

Rimbaud - actualité 1871, et auteur

Si les vieux imbéciles n'avaient pas trouvé du moi que la signification fausse, nous n'aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse, en s'en clamant les auteurs !
Auteur, acteur, encore une question dissertatoire d'ailleurs.

Je de "Mauvais sang", et alors "nègre", ici.


Action, agency, contd.

oui, j'oublais de noter que c'est pensé en contexte avec l'engagement, l'acte civil et public (dont culturel), l'activisme, et alors consultation à prévoir dans "les tréfonds" du concept d'agency

Action, acteur, agent, histoire

Je repense au texte de mars paru dans le Monde, intervention, intellectuels, grands mots, appel. 
Se penser peuple, joue jusqu'au granulaire de se penser acteur historique, individuel. 
Rapporter à : il n'y a d'histoire que sociale, dynamique de l'inconscient du trans, transindividuel.
Rapporter aussi à : si la construction de l'historicité demande de se placer au bout de la phrase pour capter l'histoire, on peut s'assoir dans le siège de l'anthropologue, ou historien de durée anthropologique, ou linguiste diachronique avec ses accès au paléohistorique. Voir venir des masses qu'on peut raconter comme "les" x et y, ou comme empires, ou civilisations, etc. Les fautes théoriques de ces perspectives sont difficiles à percevoir dans le profil de ces accounts, où l'humeur distanciée (les trucidages ont la même résonance que les gloires et les "cultures", à la louche pour les deux ; les moles historiques évitent les différenciations verticales qui sont les espaces du pouvoir. La guerre elle-même y a une drôle de représentation, bonhommie. Life is cheap, au regard des siècles.) Il s'agit de localiser ces fautes, et je cherche dans Saussure les "crochets extérieurs" dont il s'inquiète quant à la légende. That's one thing. 

Ensuite, Rimbaud : les imbéciles, et les habiles, "s'en croient les auteurs". Dans l'explication illumination du je est un autre. 
La zone indiquée ici est aussi celle de l'insconscient social. Un jeu tout doublé de social, qui anime en insu, (et la carrière du poète, moderne en déport dans l'exclamatif ironique de "l'absolument", s'ouvre du côté de "l'homme se travaillant", et de ce trans qui fait la modernité. Invention de la critique ici aussi évidemment, et du poème comme travail de la modernité, fouissante, éclatante, cherchant dans l'historicité cet insu, savoir, in-savoir, du social. Fouille du social, dans ce relais du je-tu, où Saussure place toute l'activité historique du populaire

Difficulté théorique : penser cet après la phrase comme modernité - temps critique, oui ; mode temporel historicisable dans la Modernité (des historiens) et la Modernité (des poètes et des mouvements artistiques européens), oui ; et encore : quelque chose que je cherche à saisir et qui m'échappe, qui viendrait corriger ce que je retire de Saussure so far comme une difficulté - cette vision qui opte non pas pour le présent fétichisé (l'événement Badiou - en quoi Saussure ne peut pas prendre aucune option révolutionnaire), mais pour le présent continu, qui s'étend jusqu'au temps des peuples. Argh, limite encore, nez cassé. 

Cultural studies : critique en thatchérisme

Il faudrait aussi arriver à repérer - le travail à évidemment dû être fait, recherche biblio nécessaire - le rapport exact, branchements et engagements critiques aux moyeux, du thatchérisme avec les Cultural Studies dans sa deuxième génération, S Hall. Les inventions disciplinaires et méthodologiques, conceptuelles, réinvention de la critique surtout.
The Popular Arts, de 1964, est déjà lui (avec Paddy Whannel, note quant aux positions en ethnicité, soit histoire coloniale - au passage : cette équivalence est assez simple, face et pile de la color line, l'enjeu est le flip, son comment, ses conditions et ses coûts sociaux). Puis Policing the Crisis peut-être (collectif, de 1978 - qu'en est-il du thatcherisme avant la lettre pour une publication à cette date ? Voir.) ? Puis ethnicity ?
Quelle compréhension de la lutte venant, et quels programmes engagés. Quels outils réarticulés - le mot est particulièrement approprié ici, les CS et Hall en particulier ont fait de l'articulation, en relisant (lisant, à l'époque il me semble) Gramsci, un outil critique et théorique majeur.
Travail diagnostique. C'est la tâche ahead pour nous.


France mondiale

Toujouts ce double-take quand je m'engage dans une nouvelle lecture concernant la France, et francophone. La ressource particulière, la qualité singulière de l'éclairage : par cet ici que je rejoins par le détour ou straddle (pour ne pas dire comparé, Amselle dit tansculturel, de son anthropologie) de l'anglophonie dont globalisée.
La singularité d'un contexte où la construction subjective et sociale s'est faite, avec les fictions attenantes d'appartenance à une histoire (j'en sais bien les ironies, Sarraute les explore, Annie Ernaux tour de force des Années). Que ça dise quelque chose de moi et même m'explique mes passés. C'est bien le cas et largement, et j'en ai une soif de grande goulée. J'y suis bon public et prête aux épopées. Mais aussi : la qualité de Verfremdung heureusement travaillée, et encore la clarté analytique du local.   Qui s'ajoute à celle (ou l'aveuglement) de l'ici, ou du d'ici. Le global prime sur le local, dit Amselle en anthropologue (plus structuraliste qu'il n'aime reconnaître ?) Système historique. Mais bien oui : le local de France est éloquent sur le global, le positionne très précisément, le particularise, dessine ses variations. Étonne.
Bah, simplement la situation. Ses éloquences.

Ici : F Johsua donc sur la sociologie de 68, et sociologie de la LCR. Passage sur les représentations de la phase 68, et sur le moment de réévaluation ("Cela faisait des années qu'on analysait des défaites !" Chili Argentine transition espagnole portée des changements portugais), 1984 date de la correction, "erreur d'analyse" sur le sens du socialisme de pouvoir. Comment, les sens, les retournements de significations, les productions de représentation, les travaux d'analyse de l'état politique. Ces flux, représentations accompagnant les évènements - qu'une histoire fixe en faits, jusquà, etc. (Catégories sociologiques, éclairantes ici, je regarde comment articulées : "contexte", "sociodémographique", "représentations" et "perceptions", puis il y aura idées et "théorie politique".)
Une dimension sociologiquement signifiante soulignée dès cette entrée : spécificité, précocité, du retournement d'analyse quant aux "débouchés politiques" de la perspective révolutionnaire de 68, chez les militants LCR connectés à la IVe Internationale. "un profil fortement internationaliste". 

vendredi 30 décembre 2016

Peuples de la mondialisation

Ça peut être : peuples de la mondialisation - culture et politique après 2008. Par exemple. L'ère du peuple (Mélenchon), l'ère des multitudes. Quel angle du bloc présent on veut prendre, ou mettre à l'avant-scène.

Migrants contd. - les médiations

Les médiations. Au Grain à moudre hier, entretien avec 4 demandeurs d'asile et une franco-marocaine arrivée enfant à Paris. Question posée - qui fait mesurer la très large et consuelle acceptation de l'absence de la voix des concernés dans le brouhaha public : à quoi faut-il renoncer pour s'intégrer ? Question qui décale (les sujets sont à la place en effet interrogée) et qui montre tout ce qu'il y a encore à décaler : assumes le scénario officiel de l'intégration, envisage l'intégration comme renoncement - quelles autres figures de la transformation si celle-ci sonne si bizarrement ? Au moins l'avantage est de considérer une forme possible de la perte en subjectivité et en citoyenneté.

Les réponses sont étranges, dans le cours très situé du dispositif de parole. Contexte et entrée des journalistes : maison de quartier d'un arrondissement (me souviens pas lequel, il m'avait étonnée, lecture incertaine). Politesse, récits disponibles à bricoler, poliment. Flux inattendu pour l'animateur et interrogateur qui conduit la conversation, il doit rediriger un moment qui vient toucher à la "loi" en France qui interdit le mariage avec 4 femmes, la femme présente objecte que loi religieuse et non civile, et hop. On glisse gentiment. La conversation met du temps à en arriver, après échauffement phatique qui parcourt des zones de politesse, d'attendu, d'officiel (et la dynamique de l'échange également remarquable, chaque interrogé d'accord avec le dernier parlant, on y entend le rituel social et la situation d'intimidation, même si l'un d'eux est journaliste) à des choses plus individuées et plus tendues, difficultés. Le premier accroc évoqué, qui vient très vite : la politesse de la société quittée exprimée dans des codes de regard différents, déférence par baisse des yeux, ici il faut apprendre activement à "fixer" son interlocuteur, entretien concernant l'emploi donné comme situation type.

Ce que je veux noter : qu'apparaissent dans cette parole échangée toutes les interfaces pratiques où les demandeurs d'asile rencontrent "la France" et la condition de migrant, espace et formes discursives-institutionnelles de la frontière. Les papiers, le logement, le travail ; l'attente des papiers, les cours "de français" incluant les maigres "modules" (2 fois 6h) de présentation de la société "à intégrer" (si je suis les termes de la situation de la parole mise en place) et de présentation du paysage du travail - de la recherche et des conditions de l'emploi. Pendant l'attente, temps (1 an, période évoquée par les interlocuteurs ici) de la migrance propre, soit de la limitation maximale des droits, suspens de statut.

Alors toutes les médiations ici, révélées soulignées par ces prises (sollicitations) de parole : des organismes auxquels adresser les démarches, des institutions étatiques et municipales (quelle configuration et quelles articulations ?) et puis tous ces corps intermédiaires associatifs, civils, divers, hétéroclites, mais plus fournis et connectés qu'il n'apparaît dans l'information commune. Maisons de quartier, Secours populaire, foyers, vraisemblablement encadrements social, médical, etc. (Compter aussi avec les médiations du reflux et de l'exclusion, dont la police et les municipalités et au premier chef l'État et l'UE.)
Toute cette foison de groupes actifs, organisés et organisateurs. La nature des articulations, et donc des tensions et contradictions qui les parcourent, entre le civil, le caritatif, le politique (quid des partis, d'ailleurs ?), l'étatique à toutes ses échelles. Comment vient s'y articuler le médiatique, avec ses fractures entre voix officielle et dominante (l'étroitesse violente de l'information ici), investigation critique (l'effort de l'enquête est considérable, devant batailler à contre-courant, ainsi que dans des rapports internationalistes spécialement contrariés, la circulation de l'information et de l'analyse rendue difficile et bouchée par les investissements nationalistes chargés entre les États, en particulier au sein de l'UE qui doit négocier ses parts), et les réseaux sociaux et tout ce qui y passe de "populisme", disons pour aller vite, bruit massif bouchant.
Articulations se font aussi avec les groupements d'action historiques, Saint-Bernard et les sans-papiers etc., ces expériences et leurs produits organisationnels. Tout ce plan du social, mis en action par ces nouvelles poussées migratoires et politique (accueil et réception des nouvelles formes de migration), inventif et débordé, en plein milieu du social dans le présent - le social qui invente et qui doit inventer. Qui prend la pression.

Sociologie, savoirs des acteurs / des savants

Très séduite par l'articulateness sociologique de Florence Johsua. Dans les détours et en chemin, des choses comme, non seulement "Ou au contraire [ceux qui contestent la société capitaliste sont-ils] des membres des catégories dominantes en proie à une forme de névrose de classe ?" (26), mais aussi : "La question nourrit bien des conjectures, ... fantasmes, d'avantages révélateurs des luttes de (dé)légitimation symboliques qui se jouent autour ... de ces partis que d'une quelconque réalité empirique."
C'est repousser (et avec l'élégance de ne pas en faire une dramaturgie une épopée, soit en tenant simplement l'attention) le plan des questions à celui de leurs représentations et aux luttes des représentations, dans la négociation de la valeur. Sémantiques.

Sociologie spontanée, et sociologie.
Cette distinction sera donc à observer de très près, sociologie ou linguistique spontanée, savoir linguistique des parlants, "étymologies populaires" et fonctionnement analogique de l'histoire des langues, puis le plan du linguiste, science. Des savoirs et des ignorances, mais "l'ignorance" (au regard d'un scientisme, qui n'est pas, précisément, celui de Saussure ou celui de Durkheim) explorée, comme histoire et comme sémantique.

Savoir des faibles

Notes pour amorces :

. le savoir des faibles et des vaincus : de la minorité, des minorités, des positions d'exclusion, défaite (Ambedkar reposant la question dalit par le scénario de la guerre) - minority reports, encore faut-il passer le mur de la parole publique. Qui les parle, donc.
À prendre depuis les propositions saussuriennes du savoir linguistique, à distinguer du savoir du linguiste. Un savoir sociologique, dont l'hypothèse ferme constitue le socle méthodologique et disciplinaire de la sociologie de l'entretien, qualitative et ethnographique (ce mot !).
Prendre également par la proposition sociologique quant aux dispositions critiques, places sociales déterminant "structurellement", par logique de champ, "objectivement", la disposition à la critique (car il y faut des ressources sociales, considérables).

. très séduite par l'articulateness sociologique de Florence Johsua. Dans les détours et en chemin, des choses comme, non seulement "Ou au contraire [ceux qui contestent la société capitaliste sont-ils] des membres des catégories dominantes en proie à une forme de névrose de classe ?" (26), mais aussi : "La question nourrit bien des conjectures, ... fantasmes, d'avantages révélateurs des luttes de (dé)légitimation symboliques qui se jouent autour ... de ces partis que d'une quelconque réalité empirique."

jeudi 29 décembre 2016

Sociologie : socius, et minoration du politique

L'articulatoire, l'analytique, de la sociologie, précieuse comme ressource pour la signification du politique. D'une part la reconnaissance du social, percées de Durkheim Tarde Saussure, des phénomènes historiques non repérables auprès de l'individu, ni auprès des ensembles conceptualisés par la philosophie politique, l'historiographie, ou l'anthropologie, peuples. Mais d'autre par aussi, la coupe à l'interieur des fictions politiques. Sociologie du pouvoir, sociologie des professions politiques, (faut reprendre Weber sur le politique), et ici : sociologie de l'engagement. Florence Johsua sur le NPA et ses "filiations", dont LCR depuis 1968 principalement.
La poussière d'histoire, la regarder dans ses micro-mouvements et à ses articulations fines, de l'individuation ("trajectoire", "prosopopée", pour Bourdieu, et Charle, et Sayad) et de transindividuation.
La poétique viendra lui parler à "la fin de la phrase" (Dessons).

Les pratiques, qu'on peut tenter de saisir sociologiquement par la disposition et ses déterminismes, mais pas seulement. Par l'étonnement est aussi une saisie, F Johsua p. 11. L'incarnation, figure méthodologique également bourdieusienne.
Pratiques, des acteurs. "qui ont eux-mêmes une histoire, dans l'histoire et les cadres sociaux de leurs actions", FJ 12.
La question posée dans ces termes : l'engagement individuel. Ce carrefour précisément, qui n'est un drama pour la pensée que parce qu'il est inusité dans les catégories qui creusent ce fossé classique entre individu et collectif. Reste qu'il a besoin d'être éclairé, fouillé, le fossé désappris dans ses recoins, et ses conséquences en blocages de toutes part.
Se faire collectif. Par un acte et une activité.
Une variation de se déclarer peuple. The 99 %, les Décolonisé.e.s, les Indigènes, etc.

La proposition méthodologique de F Johsua est celle d'une perspective par l'histoire : le "changement organisationnel" (13), les générations superposées à tel moment et telle "séquence", le parti comme "relation sociale" et "le militantisme comme processus" (12), le "changement partisan" (13), la socialisation.
Mot de Saussure. 

Porte de la Chapelle - droits

Coup de déprime hier, après passage au centre d'accueil de la Porte de La Chapelle. Magnifique soleil d'hiver, scène très calme, une trentaine de jeunes hommes vifs, jeunes, par groupes de physionomies, sachant leur position immédiate, le gardien des clés passe et parle avec eux avec jocularité, il houspille pour la forme deux d'entre eux qui se sont assis au soleil le dos détendu contre les grilles, l'un des deux lui montre sa position en plein soleil, évoque le bain désiré et la détente de se laisser prendre dans un moment de calme, le tout entre la Porte, les tramways, et le périph. Il fait un geste d'irritation à peine d'un clic de langue et d'un balaiement de la main qu'il n'a besoin que d'esquisser, baigner son visage dans le soleil quelques minutes a la place de s'autoriser, le gardien passe.
La scène est immédiatement plongée dans la question des langues, les relais des langues proches improvisés, deux membres d'Utopia 56 parlent, informent, relaient les langues, une vingtaine de thermos à nettoyer pour le prochain service, un jeune gars parlant urdu a des démarches à faire, il s'agit de lui donner le mode d'emploi et la carte.

Saisie de dépression, encore une fois, devant la masse et la complexité et la gravité. Une telle scène rassure aussi, par immédiateté, tout présent ici, on y est, ce n'est pas hors de portée et opaque. Mais. La dépense de soi entière n'y fera qu'une goutte. Alors. Faire avec la part. Ce qui demande une analyse stratégique d'une exigence extrême, radicale. Sur ce que fait la culture, et la critique. L'université. Comme terrain de l'international. Un cosmopolitisme historique et réel, dans quelques filets très minces, et à repérer, et toujours réinventer de toute façon. Force through.
À commencer par l'information, qu'il faut aussi squeeze out. Et travailler, ici à l'inverse elles sont productrices de critique, aux parts, faire la part de. Contextualiser, travailler aux sémantismes.

Philip Alston en conférence à la LSE, sur les droits de l'homme en nouvelle ère affirmée des populismes. Ses savoirs pratiques, ses avis sur et démêlés avec la critique, dont le thème majeur de la déconstruction de l'humanitaire et de l'universalisme. Sa réorientation proposée et déjà mise en campagne (les entrepeneuriats de l'activisme) - duh - des droits de l'homme aux droits sociaux et économiques.

mercredi 28 décembre 2016

Bernard Stiegler - savoir, zones franches

Invitée à lire B Stiegler, par le petit bout d'un entretien cursif, de 2015 (L'Emploi est mort, vive le travail !).
Un modèle, tout ficelé et très construit ; une assurance, assise sur de nombreux travaux, en réseau, publications, équipes, institutions laboratoires (Ars Industrialis), champ de référence de chercheurs et de noms de grands entrepreneurs des industries contemporaines, savants de l'avenir du travail, Bill Gates etc. Activité et agitation réelle et en quantité, en visibilité de plus, travail vers le public et adressé à la puissance publique, comme possesseur d'une réalité analysée du présent et préviseur expert et scientifique du futur pratique. "Activisme" scientifique et organisationnel, avec ce thème de l'action et de la transformation du "système" (de production et partant du salariat).
Ces affects techniciens, produits dans les frictions de la science R&D, des nébuleuses de la tech, et des décideurs industriels avec leurs utopies et stratégies pour l'avenir, ayant la main sur la mise en forme pratique de l'avenir. Affects mec et tech. What is that?
Et discours balayant du libertaire Silicon Valley, de l'utopisme sci-fi, université Google, au management de la société ou de l'état du monde. Avec des mixtures d'archaïsme pré-capitaliste (la "valeur pratique", la référence au compagnonnage et à l'art, le bricolage avec la distinction marxienne usage/monnaie) et de futurisme aux genres notés pour le spectre large ou plutôt la fluidité de leurs projections politiques : des dyspepsies conservatrices dénonciatrices aux des idéalismes à tabula rasa toute propre.

Le prendre comme un discours. Dont ses possibilités à offrir des alliances, ou des aspérités pour la critique. On s'aperçoit alors qu'un de ses fonctionnements est de produire un effet de réalité, prise directe, si avant-gardiste et prévisionnelle soit-elle par intention, sur un état établi du monde. Présenté, pris, comme : du présent, et insoutenable tel quel, voué à la transformation sinon à la



catastrophe.
Que ce travail de l'avenir est déjà en train, pris en main, par des groupes déjà organisés, déjà entourés d'une culture de longue et solide histoire, de réalisations, de contacts gouvernementaux et internationaux. Que ses acteurs sont déjà identifiés et savent travailler à leur reproduction, attendant la montée en puissance. Qu'un modèle ou projet est là, la tâche étant à ce stade de le "négocier" auprès de "tous les partenaires sociaux" et contre l'erreur gouvernementale actuelle de la promotion du tout-robotique comme solution au problème structurel du chômage.

Je note avec intérêt cet épisode d'analyse, qui rend ces pronouncements à leur qualité de discours et donc de situation des acteurs ; qui donne par là la qualité politique de ces utopies projetées comme
cartes d'identité et de légitimation dans l'espace public du débat et dans l'espace social comme entreprise de recherche. Entre think tank et centre de recherche. Ce positionnement de parole publique, ce travail même vers une publicité de la parole comme intervention, dans la matière et non dans la sémantique du présent. Travail de lobby.

 D'où une thématique notable sur le savoir. Contre l'emploi du capitalisme consumériste, qui termine actuellement sa prolétarisation complète du travail (jusqu'aux économistes, Alan Greenspan, à la merci des robots de la finance, et dépossédés de savoir sur l'économie contemporaine), et contre la société de la connaissance, une "société du savoir", par nature "contributive". Que la "valeur pratique" soit de l'ordre d'un savoir, et alors par nature "contributif", transmissible, en "transindividuation". Et surtout, les imaginations pratiques de ces principes - une croyance au direct. Ce direct est autorisé. Comment, par quel authentique travail et gain, et par quels pieds à l'étrier, alliances, soutiens, du côté des gouvernements (politiques publiques) et des industriels comme shapers et stratèges de la prospective.

Je le ressens comme une naïveté, depuis mes habitus du minoritaire et de l'impuissance, long apprentissage de l'inanité au-delà de la poussière d'effet et des suppléments d'âme. J'ai donc un positionnement, une "situation objective", très située et très handicapée. Ce n'est pas un avantage de remettre les analyses au never-never du "complexe".

À poursuivre, tâton dans un affect.

Stiegler propose aussi de procéder par zones franches : hors système, espace expérimental. Nous étouffons donc. À mettre en ligne avec les ZAD, d'une part, et les mouvements anti-système de l'autre. Avec tous les risques du fluide une fois ouvert. Points de fuite dans le système, et états d'exception - l'État lui-même en est là en France, depuis un an complet et plus. 

lundi 26 décembre 2016

"Migrants"

Approche de l'énoncème "migrants" : un tout premier repérage récapitulatif web, quelques reflets de surface laissés par les titres de journaux des 18 derniers mois, depuis la photo d'Aylan en septembre 2015 disons, donne immédiatement la question de l'État, et des tensions et positionnements différenciés - il s'agit donc, ici, à l'ici du territoire accueil, de cela - de la proche collaboration (France Terre d'asile - mandataire pratiquement, pour les CADA) à la défiance militante, Réfugiés de La Chapelle en lutte, tendance ZAD.
Parfaitement compréhensible, et fait carte du champ politique et oppositionnel actuel. Repérer, alors, la gauche communiste ou NPA etc.? Voir les déclarations, qui ont été produites, par Michel Agier, Balibar, etc. Badiou peut-être ?
Pratique et lutte de la frontière, exactement. En terrain de ça.

samedi 24 décembre 2016

Saussure : légende et politique - tâton

Est-ce que c'est là la place du politique, ou du pouvoir, dans l'analyse saussurienne du peuple légendologique : dans l'espace de pur exercice de pouvoir, dégagé par le principe (sémiologique lui) de l'arbitraire du peuple, étant donné le non-identique, l'indifférence, et le processus de nomination du peuple ?
Que le peuple, n'ayant d'existence que sémiologique dans le courant des situations historiques (communauté de destin, signifiée selon les besoins par les appellateurs-interpellateurs dans 'la' communauté ou depuis son dehors comme autre - les Germains de Tacite, contre les Hommes de tant de groupes historiques, ou Alle-Man-ds), est appelé à existence par les nominations où se performent les rapports et où s'inscrit la distribution de la force. Coups de nominations.

(Il reste toujours le problème de l'identification de dehors, par rapport aux différentiations conçues et vécues comme internes. Et y a-t-il alors des énonciations trans (les légendes qui passent, de peuple et peuple), où viendra jouer alors la dualité entre parole-individu (nominations énonciations) et langue-inconsciente=collective (peut-être ici la sphère du personnage royal, soit l'allegoriquement pour tous? De la narrativité? De l'irradiation? Saussure est inquiet de cette zone, la pense vide et alors vertigineuse, contrairement au cas du signe linguistique précisément. Aucune "accroche extérieure" pour la légende. Je ne sais plus, tiens : aucune, ou au contraire une nécessaire, contre le tourniquet infini des chaînes ? 

Deux zones de pouvoir quant aux peuples alors : les coups de nomination (auto et xéno), et les performatifs de "bout de la phrase", réinvention ? Non, pas ça.

Populisme Amselle - interpellatif

S'agissant du populisme, encore faut-il distinguer. Gros boulot et complexe, le terme étant par nature un polémisme.
Amselle appelle populisme une prise anthropologique par la supposition de l'existence d'un peuple, objet alors d'une défense possible, "multiculturaliste" ou même simplement culturaliste si à l'intérieur d'une nation. Un populisme méthodologique disons. Mais comment celui-ci se pose-t-il par rapport au populisme de la démagogie (paternaliste, et interpellé into existence, et pastoré, par un chef charismatique), le populisme de révolution conservatrice qui est une interpellation à une élite, et le populisme révolutionnaire de la simple démocratie (type Laclau, contre le type révolutionnaire Lénine, qu'Amselle rappelle : le parti des intellectuels détenant la pensée juste du peuple classe "en soi" et non "pour soi". Mais aussi type souveraineté du peuple.) 
À poursuivre à clarifier. Ces places dans le curseur de l'ensemble-notion ("populisme", terme interpellatif, non dénotatif, justement), à distinguer, dans leurs plans sémantiques propres exactement, et à comparer pour les conclusions d'éclairage quant aux rapports entre culturel et politique. 

Qui dit peuple. Qui interpelle en peuple.

Aussi : le peuple incarné, comme sujet historique : début de Rouges-bruns, et Anthropologue et politique 45 : CLS "fait de ces sociétés des sortes de sujets pensants, dotés, en quelque sorte, d'un libre arbitre."
Ce peuple qui est mis en action dans le concept de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, si difficile à manier. Le peuple comme producteur de décision collective sur une redistribution nationale, désarticulation d'un État en place. Désagrégations des empires austro-hongrois et ottoman. Histoire romantique de la Grèce. Dans la poursuite des Printemps des peuples et des peuples révolutionnaires de 1848. Ces peuples sont de dêmos, le national y est une revendication de dêmos. Où vient jouer, stratégiquement il me semble, l'ethnos ? Nationalités de stratégie. (Et après ? Problème posé par Fanon. Il y a donc une erreur, d'ordre stratégique, de la part du projet révolutionnaire. Il y a donc à penser des débouchés dans la stratégie.)

vendredi 23 décembre 2016

Amselle - départs critiques

. "rétrovolutions" (R. Essais sur les primitivismes contemporains, Stock, 2010) : "à l'abandon du vieux schéma marxiste et 'classiste' qui prévalait dans les années 1960 et 1097 et à son remplacement par une philosophie 'new age' qui recourt au répertoire autochtone.", L'Anthropologue et le politique 33. Culturalisme - lui dit primitivisme, et catégorie de l'ethnie pour l'Afrique en particulier - et culturalisation du politique.
La question est logiquement et historique capable de retournement : politisation (classisation) du culturel, soit des sociétés (éventuellement identifiées et éventuellement distinguées par la guerre, ou le rapport, marchand, exogame, colonial, etc.). Pas exactement ça - revoir, les séquences historiques où la politisation est à l'oeuvre, sur les identifications de groupes sociaux.

. "chaînes de sociétés", et alors "signifiants flottants", processus de catégorisation, et enjeu de la "nomination des peuples". 31-32. Développé, note-t-il, dans Logiques métisses (1990). Ici Saussure exactement. Quelle possibilité en conclure quant à la position idéologique de l'un et de l'autre, par l'anthropologie et sa sémiologie ? Comment éclaire le politique chez Saussure ? Ici une mince accroche possible.

. critique de "l'essentialisme stratégique", avancé par Spivak, dans L'Occident décroché. S Hall en fait autre chose, avec soin, dans "Cultural Id and Diaspora", dans les 90s.

. "Du marxisme au chamanisme" (JP Sarrazin 2011), du marxisme à l'indigénisme. Amérique latine.

jeudi 22 décembre 2016

Subalterne, peuple, populisme - pose Amselle

Amselle, dans L'Anthropologue et le politique (2012) cette fois : pose nette : "La question de la 'voix des sans voix', de la parole du peuple et donc du populisme" (25). Il poursuit, par sa prise : "est au cœur des études postcoloniales, en particulier des études sur les subalternes (subaltern studies)."

(D'où la possibilité d'une analyse par la déconstruction des primitivismes, et du rôle de l'anthrologie dans. Alors Michéa d'une part, et Dumont (holisme), Le Goff ("totalitarisme villageois"!), E Terray, Messailloux, Clastres etc.)

Puis, après dénonciation de Substuds (Guha direct) pour maoïsme, note de méthode : " - ce qui impliquait donc à son tour que ce peuple existât." Trope Amselle ici, juste, même si injuste quant au performatif critique de la proposition de "subalterne". Opérateur.

mercredi 21 décembre 2016

Poème : passe des discours

Poème : la passe des discours.
Mots de passe, D&G. Poème lieu et opération, 'dans et par', de la passe. Flux saussurien. " Un orateur, 'La guerre, vous dis-je, la guerre'".

Attention à la qualité moderne de cette équation du poème avec la mobilité sémantique de la modernité, comme "en-avant". Elle-même est une poétique, de la Modernité, et encore chargée de romantique et littéraire. La lecture meschonnicienne d'Aristote sur la poétique comme philosophie de l'inconnu, "ce qui n'a pas reçu de nom jusqu'à aujourd'hui", cet objet inconnu à-venir du mythos, fuit par bien des côtés même si elle éclaire puissamment, une lignée critique. Un laser de perspective, à travers les siècles de texture discursive quant aux lettres.
Sa position comme prise et programme critiques doit être placée bien à sa zone de valeur (sous peine de se dogmatiser) : historicisée soigneusement, et détotalisée. Comparée, au moins.

Reste, la poétique pour une démologie.

Saussure sur les Germains - fluidité de l'Europe

Ne pas perdre de vue aussi que Saussure sur les Germains, et dans les années 1900, est non seulement constitutivement une prise sur les germanismes et pangermanismes contemporains, comme sur les débats sur la "guerre des peuples" en France/francophonie [dates à revoir - Francs aristocratie, tiers-état gallo-romain - ici aussi Renan sur la nation : l'oubli de la Saint-Barthélémy, l'oubli des Invasions barbares, en question] comme théâtre symbolique des luttes démocratiques post-révolutionnaires.

Mais aussi : la période des Grandes Migrations, ces fluidités de l'Europe, en bascule de l'ordre impérial, en dispersion, même en l'hypothèse maximaliste d'une absence d' "invasions", mais simple dilution des identités sur place, émergence d'autres, y compris dans mêmes groupes et mêmes individus, les distribuant alors autrement, morphant, éventuellement de manières multiples, changeantes, ambigües, etc. Chute de Rome, restructuration sur les terrains, dispersion du système de la citoyenneté romaine, et structuration des formes de la féodalité aristocratique et royale. La monarchie viendra.
On est au coeur même avec Clovis, les Francs, et "la thèse burgonde" que Saussure oppose à un Sigfrid/Sigéric Mérovingien.

Saussure - peuple après lecture d'Amselle

La difficulté concernant les Légendes reste le relais entre le flux du populaire, parfaitement reconstructible à partir des fragments du manuscrit, et la question du roi. Relais entre peuple et son "personnage royal".
Une part de cette question est fournie par le fait que la question du roi est associée systématiquement à la question des rois, et de la guerre, et des trahisons trans-royaumes.
(On est pré-féodalité aussi dans les "poèmes premiers", même si rédigé en haute période féodale.)
Mais la question allégorique, le personnage-pour-le-peuple, reste. Synecdoque.

Ouvertures Amselle : socialiser la culture

Conclusion des Rouges-bruns, 113 etc. : bien, vers "socialiser la culture" (voir là-dessus la direction de Saussure : le peuple comme le social, et la sémiologie, par ex de la légende, comme parallèle et contemporaine à la sociologie, projet commun d'une reprise de la question des/du peuple).
"Assigner la culture, les cultures, à des groupes sociaux déterminés plutôt que d'idéaliser la culture du bon peuple ou, à l'inverse, de la stigmatiser."
Ex conscience de classe des footballeurs équipe de France, éclats Marseillaise etc., ex conversion à l'islam de Franck Ribéry ; ex quenelle réappropriée par une section CGT. "Dès lors, plutôt que de considérer que les classes populaires ont disparu et leur conscience de classe avec, il serait préférable de chercher à identifier ces nouveaux marqueurs de la conscience de classe du peuple, de toutes origines confondues, que sont les conversions à l'islam ou... quenelle". "il faut se faire à l'idée que ce n'est plus le marxisme qui constitue l'ideologie de classe du prolétariat [question : le peuple-plèbe a-t-il encore la structure d'un prolétariat, plus radicalement ?], mais bel et bien une religion et une posture corporelle, ce qui par ailleurs n'est pas sans interroger quant aux facultés émancipatrices supposées, et pour certaines d'entre elles assurément aliénantes, de ces nouvelles revendications identitaires."
Ex aussi : Clément Méric comme martyre antifasciste, alors que positions de classe distribuant lui et son assassin Esteban Morillo de part et d'autre de la division des classes.

Oui ce sera par la socialisation, du culturel comme du politique, qu'on tiendra le projet critique et politique de l'historicité. Mais ici la question n'est que remise : elle garde en à-penser le problème de liberté et servitude, et fausse conscience serve, et fascismes populaires, et donc populismes exactement.

Amselle dans sociologie (politique), base dans Balandier / anthropologie

L'anthropologie contre les peuples - Amselle

Comme Taguieff prend pour cible les antiracismes dans un travail de fond sur le racisme, polémicisant la problématique, Amselle zoome sur le populisme "postcolonial" et anthropologique (discipline alma mater) comme excès et retournement réactionnaire sur la ligne de la critique des "notions qui divisent l'humanité" (102), racisme, évolutionnisme racialisant, primitivisme, sacralisation des cultures comme identiques à elles-mêmes.

Traverse l'objet pour s'en prendre à ses expressions 1. contemporaines, exigeant reconsidération (qui sont structurellement, historiquement, post-coloniales en donc déterminées par les problématiques des minorités et asymétries - le culturalisme, de tout bord qu'il soit, est bien postcolonial au 21e s. pour une part à extension maximale du monde), 2. dites réactionnaires. En excès, en retour ("back" - cf argument des réparations), en solidifications sacralisées, qui menacent le jeu du politique cosmopolitique et le regard scientifique universaliste, ici dirigé vers une gauche qui soit de gauche et sans effets de "transfuges" (ou par elle, car en dehors des références prises dans L'Huma, et l'évocation des internationalismes passés, les options politiques pour le présent ne sont pas dessinées explicitement - quel politique envisager, projeter, générer par l'utopie de la critique ?).

Argument : valeur miroir (= "back") des antiracismes, "postcoloniaux", etc. 112 : "Si la perversion [trope polémiste, qui plante une identité répère droite et morale et saine - et index de l'argument par miroir] du 'dieudonnisme' [trope polémiste le plus classique, celui-ci : isme-isation] tient à la transformation du social en ethnico-religieux, le rejet du racisme anti-Blancs assimilé à l'antisémitisme en constitute malheureusement l'exacte figure symétrique et inverse." Soit également un populisme-culturalisme, paradoxal [trope, etc.]. Où se marque alors la "négation de la différence gauche-droite". Et alors ?

Culturalisme et populisme - Amselle contd.

Amselle suite : le culturalisme est un populisme ?

Il appelle "la face cachée du populisme" sa généalogie Lewis Morgan, anthropologie évolutionniste, que reprendra le Engels de L'Origine de la famille etc., et reste d'évolutionnisme dans l'anthropologie, et dans les prolongements du marxisme vers les situations très dérivées de la gauche actuelle (en France - soit : options libertaire, "postcoloniale", nationalisme jusqu'à souverainisme, et al.)

Que dit, que montre exactement, du populisme ?

Amselle 91 : "le populisme anthropologique".
93 : cité JP Olivier de Sardan, sur "populisme méthodologique", avancé pour une anthropologie du développement (2001) en distinction d'un "populisme idéologique".
À mètre en série à la fois avec U Beck, nationalisme méthodol, et Spivak et al., essentialisme stratégique.

mardi 20 décembre 2016

Notes de critique - culturalisation, ethnicisation

. culturalisation : "a donné lieu [théories du potlatch] depuis à toutes sortes de cantiques et de ranz philosophiques de la part de nos penseurs mondains chargés de servir aux bourgeois cultivés leur pâtée culturelle", Claude Meisailloux 1977. Strike me down. Idéalisation dépolitisation, culturalisme  comme décriticisation, deshistoricisante. La culture sans problème, la Culture contre "Anarchy", Arnold.

. culturalisation : "imputation de groupe", Amselle juste même si la dénonciation si essayée (voir combien il écrit dans ces dernières années, de textes d'intervention) le "très-fâché" contre "les postcoloniaux", indique en problème. Dénégation de l'individu sujet, politique. "Bandes, tribus" etc.

. ethnicisation : terme d'Amselle comme vecteur pour sa polémique (lexique du "racisme qui vient" faisant part belle à "blanchité", "blanchitude", "F de souche" et "souchien" alors, à peine évoqué cela) mais aussi procédé de la politique de dépolitisation, racisme au pouvoir - Modi, Trump, paysage français droite et "gauche" confondues. Par : qui dit "Rom", "migrant", etc. Ethnicisation du politique (communalisme indien, et un pan argumentaire du castéisme).

Luftmensch pour l'anthropologie - savoir des dominés

Anthropologie et position de parole juive-interrrogative - Amselle, qui peut appuyer sa polémique sur les évidences d'un antisémitisme toujours en mutation, plus ça change, en France. Situation critique nécessairement en Europe, vécue dans les marges historiques et leur élasticité dans le temps qui fait l'incertitude longue de statut.
De même, la valeur critique du romanisme allemand, porté par les mais aussi refuge des chercheurs juifs pendant le déploiement de la germanistique.
Un savoir de la marge, de la position d'exclusion. Savoir des dominés. Abdelmalek Sayad élucide le cas des émigrés algériens superbement, j'y reviens.

lundi 19 décembre 2016

Culturalisations de la mondialisation

J'en suis toujours à ce marécage précis des culturalisations dans le profil de l'histoire depuis 1945, disons. De Mattelart, je prends un premier sondage de la valeur postWW2 et post-Auschwitz de la culture, qui va construire l'UNESCO, faire Malraux et l'invention d'un ministère de la Culture, les maisons de la culture en France etc. Une histoire de la culture, de ses institutions et institutionnalisations dans la sphère sociales, sa constitution en sphère - au moment où Arendt travaille à ressaisir la sphère politique. C'est sûr que nazisme et fascisme en avaient totalisé les articulations exactement. Arendt aussi, nécessairement d'ailleurs, sur les distinctions et articulations entre sphère privée et sphère publique. Et toute la réflexion post et néo-marxistes sur l'autonomie relative des sphères, économie et superstructure, production et reproduction.

Amselle, sur la racialisation, ethnicisation de la France, sur base d'import du "paradigme multiculturel et postcolonial", indique quelques pans ou quelques points - où il vient poser ses bagages avec amertume, et avec des perspectives faibles pour la construction de la contradiction, faiblesse du polémos.
D'une part, la question de la mondialisation et du nouveau protectionnisme, qui allie en effet des bedfellows étranges : "décroissants" et M Le Pen etc. Oui. Alain Caillé contre le nomadisme deleuzien et " sa version libérale chez Jacques Attali, pour s'opposer au cosmopolitisme" 23. Et alors louanges des sociétés traditionnelles pour modèles d'entraide et de solidarité (Clastres non mentionné mais répère pour moi disons, valeur de l'anthropologie anarchiste). Thèse du primitivisme de gauche, MAUSS, localisme. Critique déclarée, sans trope de précision pour identifier des discours, de l'anthropologie marxiste, dans sa tradition commet dans ses affiliés présents, pour même primitivisme : il y aura ensuite un chapitre consacré à elle, dans "La face cachée du populisme". Donc bien : valeur contemporaine propre à la société mondialisée (qu'il discute ici dans la tasse de thé du débat français : qu'est-ce que c'est que ce geste, trope polémique justement ? Même réduction du champ dans
Taguieff).
D'autre part, les culturalisations propres au présent politique français. D'abord une importation (culturelle, culturalisée , si prise comme "anglo-saxonne") de postco. Une dénonciation du lâchage de l'internationalisme (qui n'équivaut pas, d'où ambiguïté, à sa défense comme projet).

Il reste intéressant de noter, d'interroger, la prise anthropologique sur la mondialisation. La sienne, et plus généralement, parmi les discursivités en pratique sur le mondial. C'est vrai que je ne l'ai pas trop considéré en tant que question propre jusqu'ici, et qu'elle est nécessairement éclairante. Voir comment T Asad montre la prise particulière sur le séculier, par exemple, et comparativement par exemple, constrastivement, avec la religion comparée, puis ses disciplines venues en succession (- à suivre précisément). Comment l'anthropologie, sollicitée sur son terrain traditionnel mais terrain transformé et à recartographier, devant la sociologie, première active il me semble, si on ne veut pas prendre par les initiatives directes du côté de l'économie néolibérale.
Voir les disciplines, toujours. Comment l'anthropologie était prête et se reconnaît, comment est doit se réinventer et pratique sa concurrence par les autres plans de discours. Les disciplines du politique, ici, à situer aussi dans leurs positionnements et stratégies. Relations internationales, géopolitique, philosophie politique (plenty there : tient, comme les crises et échauffements disciplinaires font signal pour des mutations des objets et des conditions), études de migrations (géographie humaine)...

dimanche 18 décembre 2016

Amselle critique du peuple

JL Amselle rattrapé, depuis ses outings contre "les milieux, idées, postcoloniaux", par l'affect polémique : j'y reconnaît, avec la clarté d'une confirmation toujours éclatante, le répertoire rhétorique de W Lewis, de Taguieff.
Concernant les questions du peuple, de l'identité, du rapport entre l' "anthropologue et le politique", ces affects et ces interventions ont une adéquation énonciative remarquable : performatif du peuple à l'œuvre, voracement, et en sa jouissance verbale et fielleuse qui vient la verser à une tradition discursive reconnaissable, historisable. Déclinaison du trope des cliques, "accointances", "milieux", soit, selon sa propre catégorie (ironie énonciative qui signe le genre polémique), de "l'imputation de groupe", avec horizon de conspirationnisme, à figurer comme cible, à pratiquer en miroir. Passant par la déclinaison du trope du faux, pseudo, soi-disant, faux débat, etc. (39). Restent alors le "cosmopolitisme", l' "universalisme", mais aussi l' "internationalisme prolétarien" protégé au moins historiquement contre ses détracteurs de la "gauche" contemporaine.

Comme souvent aussi, cette jubilation polémique dégage des zones critiques très provocatrices en suggestion, en perspective. Amselle y contribue des réflexes anthropologiques sûrs et mûrs, importants à absorber. Sa "décontraction de l'identité" ("piège identitaire", 45) et comment elle parcourt les questions, et les situations. Identité passagère (46 dans Les Rouges-bruns), luftmensch, "groupe 'sérialisé' d'individus (Sartre)" ; contre les porte-parole au nom de la "communauté" juive ou telle 45 ; imputation de groupe et alors glisse métaphorique vers "bandes" et "tribus" et alors primitivisme 43, "culture", traitement médiatique holiste, "pente ethnologique" 13 et Ethnicisation de la France (2011) - contre la supposition "préalable d'un sujet historique - (i.e.) le peuple juif - que l'on aurait à 'aimer'" (judéophilie tout autant que antisémitisme). 

vendredi 16 décembre 2016

Sécularisation et littérature

Le plus frappant car inattendu dans Talal Asad jusqu'ici concerne la littérature. Et le langage. Non que ces transitions et chaînes d'implications historiques soient mal connues, mais ici replacées, remises dans une perspective. Chaînon important : la critique biblique, relecture réformée de l'énonciation évangélique et du rapport de parole dans le christianisme. Sécularisation, textualisation, littérature, sacre de l'écrivain contemporain du sacre de la république.

Finesse de T Asad, que j'ai grand plaisir à retrouver. Finesse d'anthropologue, qui se passe dans la complexité des questions du politique ou de la valeur. Finesse d'un anthropologue qui implique la littérature, et les langues, soit la traduction. 

mardi 13 décembre 2016

Anthropologie du sécularisme : Talal Asad

"What might an A of S look like?" (Formations of the Secular, 2003, 42) : une généalogie (son propre terme) des concepts du religieux - la mutation de "inspiration", "révélation" ; la délégitimation des autorités écclesiales, la Réforme productrice du High Biblical Criticism et la critique textuelle ; la textualisation et poétisation de l'Ancien Testament (Herder, Renan, WRobertson Smith, études de religions comparées), contemporaine sur son autre face de la sacralisation mythification de l'histoire (en progrès) qui peut ensuite donner le "sacre du citoyen" (Rosanvallon).

Relais du religieux au textuel, aux disciplines textuelles de l'historiographie moderne, à la littérature mais pliée entre rhétorique des polite letters et esthétique romantique, au langage et ses agonies de questionnement, etc. 
Lié à l'État moderne et ses intellectuels, anti-particularistes.
Une proposition clé concerne la double face de la sécularisation, qui est aussi le split entre le projet d'une histoire séculière et le discours/savoir moderne sur le mythe, le discours sacré (régime Durkheim, modèle universel universaliste, anthropologique, du sacré comme espace à l'écart, et du "sentiment religieux" comme lieu de l'écart, lieu de l'inconscient social), et le symbolisme (43).

T Asad y va avec une légèreté suggestive de traitement qui suggère puissamment mais passe trop en surface dans les formations discursives. Difficile d'entrer, au delà des repères déjà connus de cette grande transition et au delà des quelques points d'articulation où il fait soudain un éclairage, dans les engrenages des transformations.

Starobinski impliqué dans cette élucidation, pour ses apports en effet sur l'histoire de l'herméneutique, dont il est crucial pour une poétique de connaître profondément les formations en effet. Qui élucident la constitution du champ littéraire et du champ de la critique littéraire, et leur fonction, leur condition d'opportunité, dans le grand long processus de la sécularisation.

lundi 12 décembre 2016

Barbares

Glorious 70s ! Brassens, rappelé par JN Jeanneney dans la Concordance des temps du week-end consacrée aux Barbares : "les imbéciles heureux qui sont nés quelque part", et qui viennent de X, de Paris, "de Sète ou de mon cul". 

dimanche 11 décembre 2016

Faye sur le change, prosodie de l'histoire

Faye, ayant enfin donné ses cartes progressivement : extrêmement suggestif, sur deux plans.

D'abord comme addition dans ma propre écoute du polylogue des propositions théoriques des 70s, faisant résonance à, entre, Lyotard, Deleuze sur fabulation et styles (et Derrida sur style), Barthes sur logothètes, Bataille, Marx Marx Marx (sur les quantités de valeur rendant possibles toutes les explorations de l'économie des échanges et transversalement les échanges entre production matérielle et production signifiante, "langages", idées), Chomsky après Propp et les narratologies et le génératif transformationnel, Wittgenstein et les "langages" et les coups. Ces articulations difficiles, tentées, entre les lignes de la linguistique et des philosophies du langage - passant aussi, comme Deleuze, parmi les ressources des Stoïciens pour affermir les hypothèses de l'effectivité du langage dans le social, somaton.
Une contribution remarquable dans ces entreprises, polylogues (un milieu était possible, à la fois condition de et produit par - ici la perplexité sur les occasions, situations d'opportunité et de félicité, de telles conjonctures historiques), sur l'économie générale et commune, articulée, entre base et superstructure, entre social-économique ("langages lourds de") et langage et idées et idéologie.

Et, plus crucial encore : un essai de conceptualisation quant à la transformation dans les ordres du discours. "Change". Il termine son Introduction avec, 239 : "Et voici ce qui importe : le récit qui rend compte de la façon dont s'est faite acceptable l'oppression, commence la libération." Après le travail introductif, restera toute la tâche ouverte, programmatique, d'une autre paire de manches : les conditions, les physiques historiques, des passes énonciatives de libération, et toute la question de l'entrée appliquée, "agentive", dans le procès de la libération ou de la critique (mot concept chez Faye). Que faire comment faire quelles conditions de la critique organique.

Pour "rendre compte" de la transformation "redoutable Wirkung" qui installe l'hitlérisme, pivot de l'an 1932, "entrecroisement" (mot de Th Mann) qui courbe l'espace politique en ce "fer à cheval des partis" (extrêmes gauches extrêmes droites, destin du sorélisme, révolution conservatrice), il explore le potentiel de notions comme "l'oscillateur de langues" (231, montrant la génération italienne du concept de Stato totale), "l'éclateur idéologique" (232), la coupe, la prosodie (qui accentue certaines séquences), les renversements et permutations (221, 204), et "opérateur de passage" (233). "Rose des vents" des diverses polarités en enchaînement idéologique, et "oscillateur sémantique" (233). "Dialectique (s'il en fut)".
La difficulté que je rencontre alors est dans le pb que ça pose quant à la différentiation commode au sentimentalisme conceptuel, par Deleuze et Guattari, mot d'ordre / mot de passe. Que j'ai aimé composer pour mon étude de l'ambedkarisme. Le change, la transformation, est plus remarquable et plus éclatante (Blast, Fire!!) - la "formule" plus "éclairante" (le propos est de Carl Schmitt?) - dans ses générations totalitaires certes. Le relief que donne l'exceptionalité de l'hitlérisme et la qualité de la documentation minutieuse à la fois par la paranoïa du Reich et par l'expiation de Nuremberg etc. Mais. La qualité de transformation n'est dont pas en elle-même diacritique. La critique doit commencer au seuil suivant. Faye en dessine la ligne puis laisse le livre là : que le diacritique du nazisme réside dans "la mort" (Bataille alors en référence), la Totenkopf S.S., le "référent absolu" de la guerre à mort, guerre mondiale, Todeskampf, concentration (camps de), zone neutre des projecteurs et mitraillettes autour des camps, lieux d'exercice des SS, où cessent les différences. État total, guerre totale, mobilisation totale (E Jünger).
La qualité dans le langage du total : "il n'y a plus d'énoncé vrai, où le Mythe insurgé à triomphé du Logos et de l'opposition vrai-faux ; où toute vérification des énoncés est frappée d'interdit, où ne subsistent plus que les déplacements accélérés des récits idéologiques et de leurs référents, les uns par rapport aux autres - seule demeure la mesure dernière que donne le rapport au référent absolu ... la mort."
Il reste un hiatus, qui sera à reconstruire. 

samedi 10 décembre 2016

JP Faye : la redoutable Wirkung

Faye sur le paradoxe, bien vu, entre le corpus de contes, fictions, récits littéraires et imaginaires qui forment le corpus de l'analyse structurale expérimentée depuis Propp, la formalisation semblant : "plus ils ont de chance de tomber sous les prises d'une analyse aisément formalisable (ou structurale)", alors que : "Mais aussi merveilleux que soient les récits völkische de Wagner, Lanz, Eckzrt, ce n'est pas une telle analyse structurale qui ferait ressortir leur redoutable Wirkung" (203).
Change, donne-t-il comme titre à sa revue. 

Conditions de la critique : 1970s

MM demande, conversation autour d'une table amicale, entre universitaires littéraires : toi aussi tu dis/vois ça ?, l'explosion des années 70, vingt ans, puis on est dans un creux (s'agissant de la production intellectuelle française).
Motivations, dynamique, de cette explosion : fracture enfin de la chape gaullienne et des piétés recouvrant la Guerre d'Algérie dans un consensus national de droite à goût doux. Prospérité de la reconstruction sous Plan Marshall en Europe, pas pour rien - alors que montée en tension de la guerre froide aussi, et la valeur tensive du communisme. Victorianisme des années 50, un ordre colonial, un verrou social sur les mœurs. Replonger dans ça. Poujadisme, apparition de JM Le Pen. Quelque chose de l'ordre d'une satisfaction, bien-pensance bien sûr, satisfaction de soi.

De même que le structuralisme de l'après-guerre est clairement une solution expérimentée en anthropologie, dans les disciplines, au culturalisme dévastateur qui sous-tend l'agression nazie.

Chapes - mutation des ordres du discours

Expérience des écrasements hégémoniques : vivre plusieurs décennies rend possible autrement que jamais sans cela une traversée du phénomène historique et une sensibilité aux rééquilibrages, lents ou extrêmement rapides, des conditions. Mesure, cet automne politiquement terrible, de la mise en place fracassante de nouvelles acceptabilité et inacceptabilité des discours (cf Faye sur la République de Weimar). Mesure immédiate du poids nouveau, et par là mesure comparative du pesant qui était en place sans qu'on en prenne conscience autrement que par une évidence réflexe, topos d'opposition d'époque.
Le poids croulant de la dénégation raciale et postcoloniale en France et en Europe, parfaitement pesé donc, pour commencer. Et on pourra entreprendre (on le fera obligatoirement, bitter and incontrovertible experience) un répertoire des possibilités et flux discursifs càd politiques déniés verrouillés et tout simplement inaudibles, ovni, exorbitants.
Dans un plan particulier et qui m'est professionnellement intime, sont comprises les formations discursives de la théorie et du langage même, mais je les note simplement comme index, sans en faire valeur allégorique particulière. (Quoi que, etc.)

Je patauge pour saisir ici, c'est très fluet, ça demande saisie, écoute. Invention d'une écoute, qui plus est (déplacement de Klemperer hors de ses réflexes de philologie romanistes, mais aussi invention par le CCCS et Hall en particulier de cadres pour donner à entendre le thatcherisme et ses socialités, Policing the Crisis etc. 'Appalling effort' once again.).
Je note les déclarations de diverses instances démocratiques de société civile aux EtatsUnis, qui se mettent en ordre de bataille pour la lutte qui s'engage, Democracy Now, ligues etc.

Parmi les coordonnées des nouvelles chapes discursives : l'ethnicisation du politique, trope promis à une carrière spectaculaire dans les années qui viennent.

mardi 6 décembre 2016

Poétique hors les murs

Je continue ces sorties, avec curiosité et sans savoir bien ce que c'est que cet intérêt de cette saison de travail : Institut français à Edimbourg, Assises de la traduction littéraires, Being Human festival, éditions Ypsilon en essai aujourd'hui.
Quelque chose à voir avec l'identification, par différentiel, et toujours éventuellement poussée dans toutes les directions qui se présentent, de la nature disciplinaire de la poétique. Ce que fait. Et la nécessité de pousser toujours aux limites qui font le contour des concepts de littérature, obstacle épistémologique contre lequel ma dent semble s'affermir et s'aiguiser en sale croc dernièrement. Nécessaire. The old BS issue.
Parler de littérature hors des murs, rencontrer donc les discours sur la littérature et sur les langues, grand bain de l'idéologie. Et parler comme chercheur dans des situations d'interface, au moment où j'en suis, post-déception, dans l'analyse de la situation universitaire - au moment où elle est est - : ben m'intéresse. Devoir, d'exposition. Aller tester, éprouver, faire mon fieldwork, à ces zones de médiation que la théorie peine à penser puisque tout est à y repenser. Ethnographie du culturel, en immersion participante assez prête aux déconfitures conceptuelles et socio-savantes : que je prendrai, une fois m'être épousseté un peu l'image de moi, comme les épisodes comiques de la théorisation. Tout étant dans le théâtre de l'énonciation.

Je finis par me rabibocher avec Faye, tout en pestant encore sur sa façon de traiter sa lectrice. Il sonde des choses, avec les outils de son époque, et aussi selon une trajectoire propre. Une philologie qui ne prend ni par Auerbach ni par Klemperer, qui prend par le flanc philo bien sûr, mais par une phonie, je l'ai déjà noté ici. Et. 

Écrire (pour savoir)

Tiens tiens, situation présentée tout à fait intéressante et bien révélatrice : en considérant la possibilité de répondre à l'invitation d'IC pour faire un texte sur une traduction française de littérature afro-américaine moderniste, tâtonnant par désir de prendre la parole ici (sur ci, et dans ce lieu : littéraire, hors jeu de langage universitaire, espace de l'essai, exploratoire, woolfien), je me trouve devant : il faut aller chercher mon honnêteté. Subjectivité fine, fragile et même risquée. Celle qu'on ne sait pas d'avance. Ahhhh. Étonnement. Aimer ces dessaisies, et les mouvements qu'elles emportent. Essai.
Ou : tenir le BS à bout de bras. Ce qui est toujours, s'agissant de la littérature, la visée à laquelle je tiens, visée qui me tient. Délittératuriser. S'y appliquer à la pliure exactement du francophone parisien/métropolitain et de l'anglophone moderniste, dans ses zones noires et américaines, parfait.

Processus souvent identifié : l'aspect premier d'un projet, plein de la question narcissique de ce qui peut se produire de projection de soi en venant se placer comme auteur, sur tel point. Does my bum look big in this etc. Puis le travail par en-dessous qui reprend et remonte, où l'étau narcissique montre sa fonction de symptôme quant à l'inquiétude d'un ne pas savoir, et du à savoir se met en travail, aventure locale. Ici-même. Peut-être. Du désir de savoir, et sachant qu'on écrit, et d'abord qu'on lit, pour savoir. (Tsvetaeva et Meschonnic et l'HDR, autobiographiquement).
Prendre par la still small voice de ce filet de savoir. Puisqu'il s'agit de lire. Laisser la lecture faire ses entraînements. La surprendre.

JP Faye : critique de la narration, critique de l'histoire

La proposition de JP Faye exactement en nutshell, à la pliure : formule introduisant la 3e partie, "Vers une narratique générale", et "Poétique et narratique" : aux "confins improbables (ta-dah) entre une poétique de la langue [il s'agit explicitement de "l'ancienne poétique aristotélicienne" où "s'indiquent les prodromes d'une narratique"] et une critique de l'économie politique". [Il s'agit de Marx, et de l'ironie du sous-titre kantien au Capital.] 185.

Une couche supplémentaire indique, à bon escient, le rapport entre récit (conceptualisé comme rapport performatif entre langage ou formule et action), et Histoire (posé par Hérodote). Poétique de l'histoire donc, bien. 183 : "la critique de la pratique historique ou historienne, et de sa raison [les italiques indiquent le régime marxien du terme ici, mis en dérision par parodie de Kant], passe par une critique de la narration, et de sa possibilité même".

On est dans des propositions et mosaïques d'époque : évocation des formalistes russes et de Hjemslev (et de Mao!), évocation de l'économie généralisée, etc. Goux etc.

Proche, aussi, de Deleuze et Guattari avec les Plateaux amarrés à des dates historiques, énoncés structurants ou bifurquants.
Ex p. 186, "Qu'est-ce que le 9 Thermidor ?"
Et Lyotard sur les récits, et Ricoeur qui fait regarder dans une autre direction non marxienne, et alors Meschonnic par le récitatif (terme que Faye met dans le jeu, sans le détailler plus loin so far), et évidemment par la poétique, radicalement refaite.

lundi 5 décembre 2016

Étranges compagnons d'anti-mondialisation

 Il me semble clair que la signification politique des "populismes" nouveaux (malgré la défaite de Norbert Hofer en Autriche apprise ce matin) est avant tout et structurellement une contre-mondialisation.
Développements, mutations, de la mondialisation : mouvements anti-mondialisation, strange bedfellows, de Daesh, Trump, et Dakota pipeline indigenous resistance - on apprend ce matin la décision du refus de permis. Victoire.
Que penser de, comment penser, ces facettes contradictoires, effets diffractés et communs, qui éclatent encore le phénomène à saisir. Commencer par regarder ce qui reste actif à travers ces renversements : le néolibéralisme alive and well dans les nouveaux alliés dont Trump s'entoure, etc.

dimanche 4 décembre 2016

JP Faye comme bord à Saussure

Lisant Faye, décidément énervant mais pourtant irrépressible, je suis renvoyée à Saussure - alors que Faye en passe par la circulation, la transformation, et la version très particulièrement (130).

Met donc en relief ceci dans Saussure, que la situation post-Hitler ne pouvait plus manquer : le jeu de l'idéologie dans "les langages" (Faye), soit de "formule" et "antithèse", et leur logomachie. La conflictualité, les groupes modelés et modelant dans le discursif, la politique des sociétés et la guerre entre les sociétés. La guerre des discours.
Dans les Légendes, la guerre est, comme le régime et ses luttes dynastiques, présente et thématisée, mais laissée dans un plan du représenté. Ce hiatus, non pensé, non intégré à la théorisation, entre récits legendifères et sociétés des parlants. Zones aveugles du culturel, et de l'histoire anthropologique, aussi attentivement "ethnographique" soit elle. Irénismes, humanismes, de l'anthropologie et paléontologie, rattrapées par le politique sur leur flanc : leur conditions d'énonciation en régimes coloniaux nationaux. Hiatus symétrique ici : fossé conceptuel entre énoncés théoriques et conditions des énonciations, dont il faut travailler les médiations, vieille question répétée.
Culturalisme, finalement, de l'anthropologie qui trouve sa prise polémique (courriers tranchants aux journaux, critiques du colonialisme principalement anglais, et défense des peuples opprimés et en devenir genocidaire, Arméniens, Chrétiens d'Orient etc.) dans une valeur du peuple comme unité sujet, dépolitisé car rendu peuple par, interpellé comme peuple par, les pressions impérialistes, ethnicisantes. "Ethnisme" en effectuation ? Je n'en suis pas sûre ; Saussure les évoque et les défend comme des peuples constitués, et ici menacés. Question alors : les Anglais sont-ils un peuple ici, ou sont-ils la pousséede l'empire ? Difficile à décider. Plus difficile justement que s'agissant des Arméniens - meilleure question.
Un peuple, défini par sa mise en menace (coloniale ici). ? Cas d' "ethnisme" par "communauté de sort" dans les mâchoires des luttes des groupes (groupages, groupements) dans l'histoire ?
La guerre comme génératrice des unités de peuple. Duh.

Cornel West sur neofascism

Cornel West sur neofascism aux États-Unis, entretien avec Amy Goldman sur Democracy Now, jeudi je crois, bien.
Pouvoir avoir ce répère, bien.

samedi 3 décembre 2016

Saussure : le personnage populaire

Rappels de Saussure :
. le peuple non-identique, ou au moins du non-identique
. le peuple indifférent (on peut confondre Burgondes - ou est-ce Francs ? whatever - et Huns)
. et le personnage populaire. Question difficile ici. Certainement une question du jeu de la dualité , qui joue sur la double valeur du génitif (du peuple, / du peuple) : c'est bien un cas de ce double point de vue nécessaire, pour saisir la double face de ce populaire. Le personnage est aimé par le peuple-en-transmission/transformation, ce peuple s'y reconnaît, en tant que peuple et comme dans un roi (allégorie, disons), et d'autre part, bien qu'il soit roi et que les questions soient de dynasties, le personnage est populaire en ce que le produit social de l'activité poétique populaire. Activité ici, égale circulation, version, transmission, circulation. Contre les discours grammaticalisés, écrits, et immobilisés dans la machine officialisante du pouvoir : littérature, écriture, langues officielles. En "abandonné à la circulation", à l'oeuvre du temps et de la socialisation. Historicité, et donc "vie des peuples".

mardi 29 novembre 2016

Mondialités d'islam - jalons

Pour les Mondialités d'islam, décidément insister sur "interfaces anglophones et francophones", et du coup les interfaces historiques en effet commencent à devenir claires (lisant Leyla Dakhli) :
. Sikes-Picot au Proche-Orient, France en Grande Syrie, Brits en Palestine et Irak, Jordanie, puis voir Egypte.
. toute l'Inde-Pakistan, souscontinent entier et plus (Burma, et étendues en Malaisie large, Indonésie), du Raj

Sexualité mondiale

Gay Pride à Delhi : expérience sociologique, et mondialisée, cosmopolite plutôt qu'indienne. Images frappantes. Effet, avec goût de malaise, de clique. Comprendre ça. Connaught Place choisi comme lieu d'inscription.
L'étranger toujours comme aiguillage sociologique, compliqué du national.

dimanche 27 novembre 2016

Faye philosophie philologie - État et formule

Mystique philosophique énervante, JP Faye - le cryptique et l' "apocalyptique", argument ad Hitlerum. Il faut se frayer à chaque rupture de paragraphe un chemin dans l'enfumage, et les émanations du style coupé - pathos de l'indicible et de la profondeur.
D'autant plus énervant que les propositions travaillées sont fortes en suggestion, en particulier par leur qualité philologique, et par la finesse constitutive de la -phonie méthodologique : ici, germanophonie, qui prend maintenant une valeur singulière, quand l'histoire a beaucoup fait bouger, vers l'anglobophonie, les partitions des langues et de la pensée.
Je sais bien qu'en 1972 (Introduction aux langages totalitaires contd.) on peut en demander beaucoup aux lecteurs. Et tirer l'énonciation philosophique à son, ou à un, maximum.
Les propositions sont d'une philosophie philologique, en contexte d'âge sémiotique et d'heideggerisme. Elles ont l'avantage de prendre la philo allemande par la langue allemande, ses histoires discursives et ses effets en traduction - crucial dans le champ de possibilité du langage fétichisé. Même si la pratique de la traduction de l'allemand n'a pas été une garantie de philologie, ou discursivisation - Derrida, et peut-être Nancy et LacoueLabarthe ? Au moins.

Nouvelles du discours contd.

On va avoir, maintenant, toute une ère de médiatisation mondiale, soit multiplement nationale - chacun y allant de ses positionnements en géopol - des déclarations de Trump.
Ce matin dans tous les podcasts : Fidel Castro "a brutal dictator."
On va entendre les coups de menton et les expostulations, diffusées comme des déclarations géopolitiquement déterminantes - et c'est ce qu'elles vont être.

samedi 26 novembre 2016

Nouvelles du discours

À regarder :
. post-truth
. complotisme - conspiration theory
et ses effets sur les médias, ou rapport entre médias et alt-web.
Ah, et bien sûr la distance extraordinaire entre énoncé et performatif énonciatif dans la campagne de Trump. Qui a déjoué toutes les catégories en currency de lecture médias et sondeurs et équipes de campagne. Combien de traduction il faut arriver à faire, et le monde entier du commentariat s'y emploie depuis. Ce qui s'entend, par ses supporters, quand Trump dit ceci, cela, qui lui passe par la situation polémique.

Comment saisit-on ça dans une histoire analytique de la voix, politique. Du public, du délibératif, de la liberté de parole et liberté de la presse (et d'association, d'ailleurs) etc.

Travail, 1970s : postcolonialité française

Lire Robert Linhart (L'Établi est de 1978, Minuit), avec A Seventh Man, Berger, 1972. Puis ses prolongements dans Abdelmalek Sayad (posth., 1999).
Tout le travail littéraire ou de frayage discursif quel qu'il soit, entre ces bornes. À retrouver dans la texture francophone. Ce n'est pas la culture générale qui le met à disposition.

vendredi 25 novembre 2016

Internationalisme - décolonisation commune, for one

Je me demande ce qui de l'internationalisme (les, historiquement variés par les situations évolutives de l'expansion mondiale du capitalisme) n'est plus disponible pour les situations présentes.

Ça commence évidemment par l'évolution de la forme nation comme dépositaire du politique, et des valeurs idéologiques du nationalisme - outre l'histoire européenne nationale-coloniale, ses valences dans la Décolonisation étant une chose, ses répercussions plus longues dans les situations postcoloniales autoritaires ou de guerres civiles étant une autre.
Que la Mondialisation ait façonné d'autres valences, extrêmement complexes et diffractées, de la forme Etat-nation est un point de départ et non une conclusion. Que les populismes les plus récemment arrivés à hégémonie font basculer des planchers entiers des compréhension, de même.

Voir :
. carrière de la délégitimation du "tiers-mondisme" de guerre froide
. carrière de l'alter-mondialisme : sa dilution. Voir avec G Players. Il faut en particulier que je tire ça au clair.
. carrière des BRICS et nouveaux horizons de multi-latéralisme, 2000s - et régionalités de libre échange ?
. effet mondialisé de 2008, histoire commune s'il en est. Démaillages mais persistances.
. utopies du Blockadia, et celles du local : presque un situationnisme : Dakota pipeline en ce moment-même, Notre-Dame des Landes etc. Dans l'ex-TM ?? Luttes contre les barrages, Inde et Chine, that's for sure. And.
...

Il semble évident que la direction pour l'Europe est une décolonisation profonde et commune. Une internationalité (Il faudra trouver un, des, termes qui pourront remplacer celui-ci qui est lié, aux siècles nationaux, contre-géopolitique de la Mondialisation en basculement).

Internationalisme

Je me demande ce qui de l'internationalisme (les, historiquement variés par les situations évolutives de l'expansion mondiale du capitalisme) n'est plus disponible pour les situations présentes.

Ça commence évidemment par l'évolution de la forme nation comme dépositaire du politique, et des valeurs idéologiques du nationalisme - outre l'histoire européenne nationale-coloniale, ses valences dans la Décolonisation étant une chose, ses répercussions plus longues dans les situations postcoloniales autoritaires ou de guerres civiles étant une autre.
Que la Mondialisation ait façonné d'autres valences, extrêmement complexes et diffractées, de la forme Etat-nation est un point de départ et non une conclusion. Que les populismes les plus récemment arrivés à hégémonie font basculer des planchers entiers des compréhension, de même.

Voir :
. carrière de la délégitimation du "tiers-mondisme" de guerre froide
. carrière de l'alter-mondialisme : sa dilution. Voir avec G Players. Il faut en particulier que je tire ça au clair.
. carrière des BRICS et nouveaux horizons de multi-latéralisme, 2000s
. effet mondialisé de 2008, histoire commune s'il en est. Démaillages mais persistances.
. utopies du Blockadia, et celles du local : presque un situationnisme : Dakota pipeline en ce m
... 

Culturalisations à venir - barbarie, dêmos

Les Blancs débarquent : il semble que ce qui vient relance avec puissance tous les projets - nationalisme, protectionnisme par xénophobie, racisme géopolitique déclaré - de la culturalisation, racialisation, ethnicisation, du politique.
(Car je me trouve aussi à dire, sollicitée sur la question de "Being Human" : girding our loins, a culture war is coming, again. Et on m'entend comme sombre, en discutant des optimismes potentiels. Le thème du festival cette 3e édition : Hope and Fear. Thème de la rencontre parisienne : "A Moveable Feast: Being Human in Paris", rappelant l'usage cultuel de Paris est une fête après les attaques de 2015.)
Retour de la Mondialisation sur elle-même, encore un pli : est-ce que c'est un déplacement des forces de l'économique au 'culturel', civilisation et barbarie encore un coup.

On va voir ce que les marchés, et la finance, et "les milliardaires" (soit la structure de l'inégalité) vont trouver comme passes. La City dans le Brexit, par exemple, à regarder de près dans ses évolutions, coups sur l'échiquier historique, tactique l'oreille bien collée au rail, du capitalisme.

Le politique est toujours à réinvente aussi, passes à inventer. Arendt en présente une époque de noeud particulièrement critique, oui. Marx le décomplète par la lutte, repousse, en période du capitalisme industriel en explosion/expansion (Lénine passera au diagnostic de l'impérialisme), "le politique" vers la civilité superstructurelle, oui. Les désignations sont mobiles, parce que critiques, en prise historique : les laisser flotter dans l'histoire, y compris fine - politique, géopolitique, classe, NMS, femme, décolonisation (nationaliste y compris), internationalismes, dêmos en poussées, prenant/trouvant/modelant des formes historiques que les Récits, contestés, viennent mettre en fromage. (Tiens, je retrouvé Faye ici, mais aussi MR Trouillot).

Je me demande ce qui de l'internationalisme n'est plus 

Histoire commune : contre les civilisations

Me suis trouvée à dire, aussi :
retour à Paris depuis Shimla en novembre 2015 : la Syrie est ici, je le savais, maintenant je le sais, étendue matériellement dans nos vies personnelles et avec médiation par tv réduite sèchement - le sanglant ici - a une chaîne très courte :
academic, cultural, critical response : "the appalling effort" of creating/understanding (toujours cette interface de l'historicité, du contemporary articulé par G Stein) "a common ground between us".

Le travail : radiographier, extraire la géographie, de ce qui fait faire histoire commune, dont celle de la Guerre ou celle de la terreur. Les médiations, historiques et géopolitiques, sont de grande complexité, et leur vue mal favorisée par la shallowness de l'analyse dominante dans le débat médiatique, national, air de conversation et de consensus ou même de polarités et dissenssions dans cet espace. Revenant d'Inde est important : je revenais avec la vue très large, écarquillée par mon séjour d'apprentissage dans la largeur de l'histoire, précisément. Frappée par les limites du regard depuis Paris. Qui m'en apprend beaucoup - puissance de l'expérience de l'étranger, toujours - sur ce qui est limité, bloqué, invisibilisé. 
L'évidence de savoir vivre maintenant dans cette histoire commune, qu'il faut découvrir (avec ses propres ressources, efforts de connection aux réseaux d'information et sources d'analyse, efforts de bibliographie et de corpus, efforts pour imaginer les alliances critiques-actives). Faire et découvrir et faire.

Histoire commune n'est pas l'histoire connectée, ni l'histoire mondiale, même si elle tire d'elle des ressources indispensables et constitutives. Elle doit unearth les médiations, longues, complexes, changeant très vite aussi, et que tous les acteurs ont profit à masquer, relais de situations de domination et de guerre des dominations. Il s'agit de travailler aux rapports. Ce qui permet aussi de rendre repérables les contre-alliances, traverses critiques, contre-blocs possibles, imaginables, utopiables.

La droite française qui se dessine avec l'émergence de la figure F Fillon : plante son repère avec la vision de la colonisation comme aventure culturelle.

La culturalisation va être un processus dominant, il semble. D.où : l'attention aux producteurs de culturalisme

jeudi 24 novembre 2016

Notes anglophones

Je note, remarques ou points de vue entendus hier soir en compagnie britannique et plus largement anglophone (ce qui se compose dans la situation parisienne, diverses antennes universitaires, et leur public de outreach - tiens, j'apprends, "public understanding", et l'existence d'une chaire de, depuis les études littéraires  - américaines dans le cas de Sarah Churchwell) :

. études littéraires considérées comme bien plus installées et culturellement socialement légitimées, solidement, que'en France
.quand je dis : la France a toujours été un pays fasciste (avant de préciser que une histoire longue et persistante, qui n'est pas celle du pays) : oui, problème de l'acuueil de l'autre. 

mercredi 23 novembre 2016

Poème - et pousser la littérature dans ses bornes

Poème : simplement, l'histoire dans le langage ; le travail de l'historicité dans le langage, la différence des langues y étant incluse comme forme, historique, majeure, de grande échelle.
Car "l'art dans le langage" ne résout pas le problème de "la littérature", tous deux appartenant au même bloc historique qui sont encore à déprovincialiser.

Je me trouve à dire : "en tant que poeticienne (en situation interndisciplianire), je suis attentive aux discursivités.

mardi 22 novembre 2016

Peuples du discours

Le peuple constamment refait dans les mouvements sociaux (dont les NMS, NSM des Sixties continuent à être difficilement digérables, dans les discours politiques).
Et donc aussi : tous les jours - selon Renan - non pas un plebiscite, mais la synergie conflictuelle, multiplement so, des peuples en poussée. Avec des lignes changeantes, précisément.

Reterritorialisations de la mondialisation

Les reterritorialisations de la mondialisation - tendance nouvellement dominante :

. d'abord les répertorier, pour pouvoir les penser ensemble
. et partir dans l'analyse avec la prudence de les penser comme des effets de la mondialisation et non comme ses désagrégations ou décompositions.

Daesh le plus remarquable : tournant territorial de ce qui avait été la difficulté géostratégique de la forme nébuleuse, années Al-Qaeda.
Mais dès la Yougoslavie.
Les murs, et la "prolifération des frontières" (Mezzadra Balibar).
Puis la question des terrees - situations amérindiennes etc.

lundi 21 novembre 2016

TINA - TIAA (= Alt-right)

Tiens oui, voilà ce qui apparaît, aussi : une réplique historique à TINA. There is an alternative - Alt-right, self-identified as, aux États-Unis.
L'avantage critique est dans la rupture d'hégémonie. Une lutte s'ouvre, un nouveau front de lutte, qui part avec des modes annoncés terribles. La constitution progressive de l'entourage gouvernemental de Trump est glaçante. ACLU en ordre de marche We'll see you in court.

Au moment-même où la droite française se rallie, momentanément politiciennement (car on attendra le 2e tour des primaires), à Maggie-Fillon. Comment continuer à lire ces étranges effets qui semblent être, en France et pour un.e angliciste, de décalage historique (les progrès à digérer aux États-Unis et au UK répétitivement avérés comme horizon de l'avenir français proche, régularité qui devient une prévisibilité) - qui sont politiquement autre chose que cela. Un blocage historique qui est aussi une spécificité politique, où peut-être il ne faut pas regretter l'immobilisme (enfin, immobilisme mon œil mille attaques mille lois enfonçant des coins localement ici et ici et corrosif aux institutions cumulativement, puis la massue de l'état d'exception) : qui est une résistance structurelle à bien des choses qu'il s'agit parfaitement de faire résister. Fragilement.

Voilà Angela Merkel déclarée "leader of the free world", my goodness - dirait ELB.

Du mondial à

Depuis un an - et alors même qu'une heureuse circonstance tout à fait extérieure vient lui donner une visibilité inattendus - je sais qu'il faut faire tourner "Généalogies du mondial", dans le sens d'une actualisation. Ça pousse par la poétique du peuple. La nouvelle poussée, confirmation éclatante et glaçante vient avec la montée en hégémonie des populismes, glissement de terrain de la mondialisation - par un horizon politique qu'on n'attendait pas, et passéiste, les perspectives de l'opposition par les gauches restant bloquées, pas percées par les altermondialismes/WSF, anarchismes, Occupyism, et toutes autres inventions politiques des 15 dernières années.

Populismes comme actualisation de la mondialisation, certain. Mais prendre par là. Reconfiguration du rapport au national, aux frontières, à l'autre civilisationnel etc. Mais aussi la relativisation du Mondial permet une réapparition, désambiguïsée et sortie de son ombre, mieux détachée, de l'option internationaliste et la valeur du travail sur l'histoire des internationalismes. Rouvre les possibles des rapports de monde. C'est un avantage critique.
Prendre par les migrations et la prolifération des frontières, Mezzadra S Sassen Expulsions etc.

Est-ce que c'est parce qu'il est plus simple de s'y retrouver, si le cadre national est réactivé ? Certainement en partie - les masses d'analyse classiques ici sont une sécurité autre que celle des encore-tâtonnements, encore sans canon lissé, de celles concernant le mondial. Repos, souffler, confort, folklore : un rapport au savoir, et à la critique, médiatisé et livresque. Contre une lutte pour discriminer, discerner, jouer de multiples et nouveaux paramètres en essayant les hypothèses etc.
Mais il s'agit, autant pour "populisme" (de quoi est-ce le nom, contemporain ?) que pour "nationalisme", "internationalisme" et "identité" - puisque la guerre qui se déclare se plante sur ce terrain - d'analyser-stratégiser leur fraîcheur historique, nouvel assemblage, à repérer, à situer, dans les recompositions conceptuelles-idéologiques et pragmatiques qu'il instaure.
Oui, quelqu'un du commentariat parle, sur France Culture ce weekend, des outils à inventer pour une gestion politique/économique mondiale qui ne passe ni par la Mondialisation ni par les Nations identitaires : certes. Question d'une imagination politique du mondial en effet. Well so.

Fillon, bah. Avec Thatcher pour modèle - wtf, 35 ans plus tard ?? Ça aussi, déjà un folklore et une modernité de grandmère. Ce qui ne veut pas dire sans réelle malfaisance programmée.

dimanche 20 novembre 2016

La gauche cucu

Tiens, soudain j'arrive à voir ça.

Remarque : l'université

Je remarque : avec ces dernières occasions où trouvée à parler depuis l'université (ou comme universitaire) hors de l'université (toute petite expérience, Institut français, Assises de la traduction littéraire, festival à venir - et contrairement aux bafouillages du Salon Kerchache et du Salon du livre,  - où : "nagé dans du béton", trouvée devant des "murs, en pleine gueule" : retour d'expérience, discours indigène - , car il faut des apprentissages dans l'envisagement de ces prises de parole, entrées dans les situations de parole) :
j'y suis soudain, la première étonnée, assez bien. Sans doute sachant mieux comment l'université me situe et comment j'en suis aussi extriquée comme falling between some of the cracks. Graduellement par la direction de mon travail, retrouvée dans des interstices. Détachée de sa qualité d'institution, ou dans le profil de son histoire, intime, ses papiers de famille et la nudité de ses formations et articulations. La reine nue, et les espaces de savoir et de critique qui restent possibles, c'est l'étonnement, à ses basques. État post-désillusion, pour dire grossièrement.
Plus elle se défend, (ou se négocie et se vend), plus l'espace s'ouvre, aux possibles. Qui seront sans moyens. Plus exactement sans doute : avec un accès imprévisible, et pas exactement négocié, aux moyens. (M Rigouste, piller : je vois bien cet espace-là, je l'encourage, mais sais aussi que ce n'est pas le mien, je n'y suis simplement pas, par position sans doute sociologique, placée là, située par, sachant qu'on ne se situe pas.)

samedi 19 novembre 2016

Histoire longue Nord-Sud - 2000s, 2010s, 1973

Dans la longue formation depuis l'invention de l'Ouest (Occidentalisme, repéré par ex par Mignolo, qui l'indexe à Jefferson pour une formulation, créole et à maturité), stades plus recents :

2000s : CZ me fait apparaître, jeudi soir TR : "Global South" dans la décennie de l'émergence des BRICS, juste. C'est aussi celle de la désagrégation de l'alter-mondialisme, et voir les dates concernant les WSF, après Seattle et Gènes.

2010s : des Printemps arabes, aux anti-mondialisation "populistes". Sera ça ?
2008 un tournant majeur, peut-être lisible ultérieurement comme la fin du néolibéralisme dominant. Steven Erlanger, Gary Gerstle & Bonnie Greer en débat à la LSE mercredi : que les possédants (du Nord, électeur des actuels populismes) se sont bien tirés de la crise mais pas les classes travail ou moyennes. Division de trajectoire.

Juste également, Shalini le suggère à la JE d'hier : il faut commencer à fracturer le raisonnement par "néolibéralisme". Son long usage en lui-même indique qu'il s'est transformé en recours automatique. Le réexaminer, l'actualiser, trouver ses tranchants actuels. Qui peuvent être à son revers aussi. L'anti-mondialisation des mondialisateurs.

Prendre par internationalismes musulmans, et par la généalogie de "peuple" et "peuples".

NB pour rappel aussi, ne pas laisser filer :

1973 : "la Crise". Chocs pétroliers, moment de l'infléchissement du compact fordiste. Des coups successifs viendront : Pinochet, révolution iranienne, (mais décolonisation portugaise en Afrique). Le temps que l'imagination capitaliste se refasse un programme, une décennie pour tourner (faudrait regarder de près, et par exemple du côté précisément des compositions en multinationales,
 ; le traitement du problème pétrolier par la visée de dés-industrialisation financière au Nord qui est encore Ouest à cette époque ; l'état de l'équilibre de la Guerre froide, 1977 est une date), et hop, Reagonomics Hayek et la Décennie de la politique économique idéologique.

Minority news - expérience Global South

L'euphorie de se reconnaître, après l'effort dépensé (S Dufoix, F Cusset, Simon Tabet) pour rassembler ce groupe pour le colloque Théorie critique et Global South : s'y retrouver, your tribe (F Moore Lappé), malgré la dépression qui fait toutes les conversations (état de Trump), et malgré en matinée au moins la maigreur du public : la faiblesse, minorité, du rendez-vous.
L'euphorie : le bien que ça fait de parler à ces niveaux d'analyse, informés, détaillés, internationalisés au sens de la compréhension large et multisituée des questions. La masse d'information et de culture conceptuelle comme humus commun, à partir duquel les vues apportées viennent dégager des ouvertures, tracer ces crêtes, déplacer les lignes, rafraîchir les perspectives effectivement. Partager aussi le mode de vie de gros lecteurs, de travail d'invention dans les textures (soit luttes) institutionnelles, et de circulation dans les locations du savoir.

Il y a la situation française, dans ces effets : francophone d'une part (G Players est dans la même position de conversation), et française en sus (il le souligne, comme notable, spécifique).
Je me sens : habituée de la minorité obscurité minoration d'une part. Et d'une autre : sans adhésion sans investissement particulier, pour cause d'anglicismes, dans la situation française. Je note cette observation. Elle sert : à aiguiser l'attention vers les verrous intellectuels et institutionnels en France, historiquement signifiants dans leur variation pour toute compréhension du mondial. Éclairants. Faut l'analyser.
FC note : pas les collègues par proximité, pas les activistes. Je note aussi, connection manquée avec les zones EHESS et chercheurs hors université. Shalini note : illisibilité, pour regard international, de la scène de la recherche à Paris.

État du speech-act. Activer ces voix dans la "location" français
Aux mêmes dates exactement que "Theory Now" à la nouvelle Colonie, Kader Attia, Lionel Ruffel, la puissance de ces réinventions ré-agrégations etc.

Beaucoup à récolter les travaux de jeudi et vendredi, agenda.