vendredi 4 décembre 2009

Politique et publicité

Pensant à l'histoire indienne, sa période de décolonisation : les activités de Gandhiji et de Mountbatten, comme publicistes. Animateur du reportage politique et spinner ; guru et playboy. Moulding opinion, narrative, images : press, photography, film.
On appellera ça "médias" plus tard, ou à partir de.
Et la décolonisation des années 40, puis 60 : contemporaine de modes médiatiques particuliers ; pour une politique de la culture effective.

Peuples

Peuples : Christopher Hill (The World Turned Upside Down) me ramène aux zones déjà pratiquées avec l'histoire politique radicale anglaise, et EP Thompson, The Making of the Working Class. The Diggers, et un retravail radical des common men common multitudes, et des commons et wastes ; digging, manuring, growing carrots and turnips.
Peuples par communautés, par congregations, lay itinerant preacher against the priests and learned professors. S'appelant "the X-ers", s'établissant en "colonies", dans les terres waste.

A lire avec les perspectives subalternistes : la religion comme mode politique (et inventions démocratiques) ; le commun et le rabble comme bien historique, bien politique. La lecture par "the worm's eye view" (Hill) : histoire d'en bas, qui récupère une participation historique d'individus et groupes "dismissed" par les historiographies majoritaires.

Quelque chose à reprendre dans Woolf, ça. Cette histoire du commun, en passant par R. Williams et les Keywords.

lundi 9 novembre 2009

Classements, suite, analyses

De SLU :

Yves Gingras : "On ne peut pas considérer que les universités européennes sont à la traîne" - Toute l’Europe, 3 novembre 2009[Yves Gingras est Professeur dans le Département d’histoire du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST). Il détient la chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences à l’UQAM]http://www.touteleurope.fr/fr/actions/social/education-formation/ actualite/actualites-vue-detaillee/afficher/fiche/4053/t/43985/from/ 2322/breve/yves-gingras-on-ne-peut-pas-considerer-que-les-universites- europeennes-sont-a-la-traine.html?cHash=b26c99240aClassement du CHE (Centrum für Hochschulentwicklung) allemand: huit universités françaises au rang de l’excellence européenne dans les sciences humaineshttp://www.educpros.fr/detail-article/h/d52ab74a8a/a/classement-du- che-huit-universites-francaises-au-rang-de-lexcellence-europeenne- dans-les-sci.html

Documents : classement ; comparaison internationale

Avancées sur le classement européen des universités :
http://www.amue.fr/presentation/articles/article/classement-europeen-des-universites-les-avancees/

Autonomie > une mission de "comparaison internationale"
Le MESR a confié une mission de "comparaison internationale des pratiques de l'autonomie des universités" à Philippe Aghion le 29 octobre 2009. Le but est de recenser les pratiques des universités étrangères pouvant être transposables dans la culture académique française. Philippe Aghion, médaille d'Argent du CNRS et ancien élève de l' Ecole Normale Supérieure de Cachan est professeur à l'université de Harvard. Il sera chargé d'analyser les différents systèmes d'enseignement supérieur étrangers et d'identifier les actions les plus remarquables conduites par les différents établissements.En savoir + > mission de comparaison internationale des pratiques de l'autonomie des universités


http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid49402/mission-de-comparaison-internationale-des-pratiques-de-l-autonomie-des-universites.html

Rapport : politiques nationales recherche / enseignement sup.

Le "Rapport sur les politiques nationales de recherche et de formations supérieures", publié en annexe au projet de loi de finances 2010, est disponible à l'adresse suivante:
http://www.performance-publique.gouv.fr/farandole/2010/pap/pdf/Jaune2010recherche_formationsuperieures.pdf

dimanche 8 novembre 2009

Liyannaj

LKP : Liyannaj kont pwofitasyon. Guadeloupe, ce printemps.
"On" traduit par "rassemblement".
Peuple, et cultures du peuple. Toujours, "les hommes". Mais aussi les modes du collectif : ici, "en".

mardi 3 novembre 2009

Classement de Shanghai 2009 : analyse

Vers quel classement européen des universités ? Etude comparative du classement de Shanghai et des autres classements internationaux

"A la veille de la publication du septième classement de Shanghai, le plus connu, le plus craint et le plus contesté des classements universitaires internationaux, l'Institut Thomas More consacre une nouvelle étude au projet, lancé par Valérie Pécresse pendant la présidence française de l'Union européenne du deuxième semestre 2008, de mise en ¦uvre d'un classement proprement européen.
Conçu à l'origine comme un authentique classement (ranking), la culture du consensus si propre à Bruxelles a transformé le projet en cartographie des établissements (mapping), utile et bienvenu sans doute mais moins propre à inciter le système universitaire européen à la performance et à la réforme.
L'objectif de cette note est d'offrir, à l'aide d'informations claires et précises, un éclairage sur l'ensemble des classements existants, d'en indiquer les forces et les limites, et d'en tirer les leçons pour rendre néanmoins le projet européen le plus efficace et le plus opérationnel possible."
La suite à l'adresse : http://institut-thomas-more.org/pdf/379_fr_BenchmarkITM4-Oct2009.pdf

vendredi 30 octobre 2009

Histoire

Un tournant politique d'une profondeur vertigineuse, en France et au plus large - je n'avais pas compris ça encore.
(Il a fallu, aussi, la quarantaine pour comprendre l'histoire sous mes pieds, l'histoire ici. Comment ça change, où ça se lit, se sent, et se fait).
Mondialisation (, disons comme signal) : nouveaux nouages toujours plus complexes, serrés, on s'y enfonce, du capitalisme avec la démocratie libérale, en saison agressive, crise financière ou pas. La nouveauté agressive se mesure quotidiennement à ce que ça écroule, ce que ça dérobe de sous les pieds ; ce que ça émerge de récifs, obstacles, concentrations d'impossibilité politique inédits. Ce monde qui file entre les doigts, des Trente glorieuses où je suis plantée, et leurs dérivations grises depuis le socialisme de gouvernement. Dilué suffisamment maintenant pour qu'il faille finir de regarder vers là. Et écarquiller pour prendre la physionomie nouvelle, de plein fouet.

lundi 26 octobre 2009

L'élite artiste : excellence en régime démocratique

Nathalie Heinich, dont je situe mieux l'intervention, multiple et touffue. 2005, L'Elite artiste. Avec les arcs-boutants de ses travaux sur l'écrivain, sur les femmes, sur la grandeur, etc. Et des travaux d'autres chercheurs du champ qu'elle trace, sociologie et histoire française, et anglophone.
Très important cette secousse à certains tropes du "Vraisemblable" théorique concernant l'art, et les discours littéraires - à placer à elle est : soit, s'il faut prendre appui sur un repère, l'angle des producteurs, leurs carrières, leurs statuts, en contradistinction d'avec l'angle des oeuvres et de la réception. (Reste à calculer la parallaxe que ça met en place ; à la cogiter. Il y a un espace de question là. Ouvert.)
Le coin enfoncé est avant tout dans le noeud de l'avant-garde : la notion qu'un progressisme critique artistique est naturellement un démocratisme, alors que le milieu s'organise par la singularisation, l'excellence, et les exceptions diverses, jusqu'aux "privilèges". Sollers comme figure exemplaire. Et les processus de l'artification, qui donnent à voir comment le statut de l'art permet une extension sociale plus large à une exception politique dans le tissu démocratique (ou ses prétextes, ses proclamations).
A prolonger, par la question de la culture en démocratie (en remontant par Tocqueville), et en amont vers le statut révolutionné qui pousse depuis l'industrie du créatif et de l'innovation ; dont Boltanski et Chiapello ont souligné des lignes d'ouverture, avec la notion des récupérations ("artification") de "la critique artiste".
Par ici, une dynamique pour continuer à comprendre le tournant culturel, soft, du capitalisme. La "logique culturelle du late capitalism". Jameson y était depuis longtemps - mais autres temps autres termes ; termes déployés. Suivre ces dérivations.
Reprendre pp. 303-316, 330 ff.

Quand ça change : production de l'historicité

Moments d'historicité, révolutions : l'apport, la production, de ces moments étant toujours la dénaturalisation d'un ordre maintenant mis en question.
Une vague de "réformes", même destrucrices - les pans de société française mis en accélération néolibérale, santé, système juridique, système universitaire et scolaire - permet scientifiquement, politiquement, ces découvertes de plages rasées : comment l'ordre rendu ancien tenait, sur quels implicites, sur quels contrats de pratique sociale et non seulement inscrits dans des règles et textes. L'expérience de ces dernières années dans le milieu du savoir, et des Lettres en particulier, des sciences humaines juste un petit peu plus largement, du roi-est-nu. De quel roi donc, et quels soutiens institutionnels, sociologiques, politiques, culturels-historiques. Passionnant, ici.
Une archéologie obligée, et non seulement obligée : possible.
Toute une histoire à refaire, de l'université depuis... - et ça file vers des antécédences vertigineuses, quand les enjeux se maillent, se connectent. L'étape des Idéologues et de l'enseignement normal, de l'Université napoléonienne (qui est la destruction des universités) ; l'après-guerre de 1871, l'époque des savants, du modèle scientifique (Durkheim), l'époque pré-68 des héritiers disséquée par Bourdieu et Passeron, de la "démocratisation" du supérieur, de Bologne. Beaucoup à déplier de ça.

vendredi 23 octobre 2009

Association of Translation & Intercultural Studies

Apparemment : une International Association of Translation and Intercultural Studies ; et
- Translation Studies Abstract
- Bibliography of Translation Studies
consultables depuis St Jerome Publishing.

Le régressif dans les post-

Il faut considérer ça soigneusement, le laisser tourner : que le "postcolonial" est aussi un turning away des anticolonialismes (révolutionnaires, socialistes) ; que les théorisations "des sixties", et le structuralisme même, avant de tourner avec Derrida-Deleuze-Foucault(-Loytard), un turning away des engagements anticoloniaux de paradigme sartrien, philosophiques et historicistes ; phénoménologiques et marxistes.
On le sait largement ; on l'a tellement creusé que c'est une plaine toute ouverte maintenant, et même ennuyeuse. Balisée râtissée par les critiques du postructuralism de la theory, du "postmodernism" - Jameson pour garder le marxiste ; Ahmad pour garder ces philosophies de l'histoire. Et des conversatismes de droite aussi, pour des retours divers.
Mais.
Certainement la remise en tension de anticolonial avec postcolonial reprend des effets. On peut commencer par là pour s'infiltrer dans les fêlures d'étranger des postco anglophones et francophones. C. Forsdick & D. Murphy on marquent les étapes toutes récentes - depuis leur territorialisation en 2003 : Francophone Postcolonial Studies.

mercredi 21 octobre 2009

Ce que fait un roman : C. N. Adichie

Les frayages effectifs d'un objet-projet culturel, roman. Ici Half of a Yellow Sun, C. N. Adichie, sur la guerre Nigéria-Biafra de 1967-1970. Ce qu'il y a de production culturelle dans le fonctionnement narratif et sémantique d'un "personnage", d'un développement de tonalités changeantes, d'une construction narrative ; des logiques sémantiques d'une "histoire". C'est bien à de tels lieux ("lieux de la culture") que s'accrochent des perspectives, des révolutions douces (or yanking, poignant, appalling).
Ce que contribue le personnage d'Ugwu, ce repos narratif sur une zone douce, secondaire, "enfant", et "local", "peuple" - en constrate narratif avec les sophistications des intellectuels, professeurs, entrepreneuse, beautés bourgeoises etc. Régulièrement les chapitres s'ouvrent par sa scène, pour une relance ; pour toucher terre, pour reprendre le point de vue décalé sur le plan bourgeois, facteur d'histoire (et le drame est que l'histoire lui est graduellement arrachée, quand la cause du Biafra s'affaiblit, étape par étape). Il y a un populisme méthodologique, de ça. Qui vient prendre toute sa résonance quand le lieu d'ancrage de la représentation de l'écriture (Richard était le writer, d'abord en difficulté puis en voix de la nation critique), passe à lui, en toute fin d'histoire. (Relais, à peine ébauché, half-hearted : on n'a pas le temps d'explorer les chances de cette écriture, et son nationalisme.)
Les shifts de ton. Comment on passe de vie bourgeoise, éventuellement "révolutionnaire", à réfugié, en passant par traumatisé de guerre et toutes étapes de pertes et dégradations. Comment on voit bouger les termes d'Olanna, d'Odenigbo ; les carrières des uns et des autres placés à des lieux de l'histoire. Il y a bien un examen de ces changements ; examen des implications de l'histoire.
La question non résolue, alors qu'elle s'affiche un peu comme projet romanesque : mettre Ugwu en position de parole, et écrire un roman en anglais, qui rentre dans la circulation des prix littéraires de l'anglophonie. Et vient se caler dans l'histoire délicate (Achebe / Ngugi) de l'écriture nigériane en anglais : au creux de ses tiraillements. De sa postcolonialité.
Au moins on évite l'un des autres archipels d'écueils qui attendent du côté du diasporique. Ici on est dans le problème de la nation et du nationalisme, et ses divisions ; ses situations africaines, maximalement psotcoloniales.

Politique de l'ignorance - Freire, Rancière

Très nécessaire de forcer, d'encourager, la réflexion sur l'université et la politique du savoir par des moyens de décalage aussi puissants que Le Maître ignorant, de Rancière (1987), et The Pedagogy of the Oppressed, Paulo Freire (1970 - quand écrit? publié en portugais? C'est la traduction américaine qui date de 1970. Le contexte est pourtant bien fixé aux révoltes étudiantes et jeunes des environs de 1968).
On y mesure l'immense monde idéologique maintenant submergé, pour commencer. Et la mesure des régressions politiques ; immobilisations historiques au moment même des accélérations agressives. Avec Freire, on a aussi l'agency du problème du développement ; comme décentrement tiers-mondiste et post/néo/colonialiste du point de vue sur le rapport de "domination", d' "oppression". Le développement, remis en question par la philosophie de l'histoire qui va de la Bildung idéaliste (substrat ici) à l' "humanisation" marxiste (explicitée en valeur idéologique et critique de guerre - de libération).
Rancière par le problème toujours vivant et massif qui bouillonne de la Révolution française. La démocratie, simplement. Mais toute.

La production de l'ignorance.
Et les tropes stratégiques de la domination, par "l'invasion culturelle" (; de la libération par la "révolution culturelle" permanente.)
Simplement en faisant travailler au maximum la notion de l'homme historique, et donc "dialogique". Jusque loin dans des effets sociaux et culturels et subjectifs.

vendredi 2 octobre 2009

Metris Report : enjeux de "to understand"

Le "Metris group" développe son énonciation délicate de l'expertise ; avance dans la situation d'énonciation délicate de l'expertise. S'y fait buffet about ; y fait certains coups de speech act ; s'y fait instrumentaliser, de manières complexes. Sous le lissé du discours du consensus - par le trope européen-UE, et par le trope scientifique-positiviste - des tirages, des sous-conversations de différentes provenances et d'agendas hétérogènes.

Le trope prédominant qui sert pour la mise en oeuvre du rapport d'expertise est, récurrent : "to understand", à articuler avec "future research" et "emerging trends" ; avec "for science governance" d'abord et "policy making" ensuite, avec l'Europe - régulièrement confondue avec l'UE ; c'est un lieu premier de démaillage facile à fouiller - comme horizon de question. "How" ; et sous l'orientation de "governance". "Policy" et "governance" étant des termes rendus également valables pour la recherche et pour le politique et la politique européens.

Quelques premiers enjeux à déplier :
. "understand" à penser en distinction de [puisque c'est l'absence de distinction qui contribue à la consensualisation du discours] "instruire", par exemple, au sens de Barbara Cassin. Le "monitoring" et les "emergences, les "trends", à penser en distinction des pratiques philologiques mises à l'épreuve chez B. Cassin. A regarder aussi, d'ailleurs, et c'est l'occasion. "Instruire" une question, une délibération - mais aussi un tribunal. Quelle valeur de l'éventuel juridisme? On peut aller voir.
. "understand" en disctinction de "stand" : le rapport de pouvoir, soumission, curieusement inscrit en toutes lettres. Question des instrumentalisations, et instrumentalismes. Il y a une épistémologie déjà inscrite : et non une ouverture du champ épistémologique ; son champ de questions.
. ce que n'est pas "understand", exactement? Ce que ça limite? La problématisation, sait-on reconnaître rapidement depuis l'intérieur disciplinaire. Soit, sur sa face sociale : le débat démocratique. L'ouverture des problèmes : qui "fait manquer", soigneusement, par efforts créatifs continus, les consensus et les blocages d'histoire ; les "peuples". Historicisation, criticisation, vie démocratique ordinaire. (Les blocages en sont aussi le jeu ordinaire ; jamais un totalitaire de ça.) Dépositiver.
"Understand", en ce sens, est distinct de : "act" (encore l'agency), certainement de "transform", de "discuss" ou "debate"... Quoi encore plus précisément? De l'activité de mesurer les enjeux et mettre en jeu.

Ce qui est réglé d'avance par "understand" et demande à être débouché par une attention dont il faut continument inventer les modes puisqu'il s'agit bien du changement continu (et culturellement maximal nowadays) : le processus même des médiations qui articulent savoir et société.

A lire à la fois la continuation pratique du rapport des sciences sociales à la gouvernementalité de la période technocratique, et son inflexion vers un nouveau régime, de savoir-pouvoir, de science-gouvernementalité, encore à l'état de Frontier. A chercher du côté du late capitalism et sa cultural logic (Jameson) : l'immatériel et ses déterritorisalisations, les culturalisations, "soft power" et "soft sciences", "software" et "learnfare".

vendredi 11 septembre 2009

Académicisation : après 68

Quelque chose à regarder, pour mobiliser l'histoire de la situation universitaire : le déplacement des fronts et terrains de la pensée, et de la pensée critique, et de "l'engagement", et - ?? à voir justement. Passera par une recomposition de la période de l'université américaine comme hub du "militaro-industrial complex" - vers l'université. L'extension de l'université, par "démocratisation" : avec quel déplacement de valeur et fonction sociale?

Un fil à suivre est l'académicisation de la théorie marxiste - qui pose la question d'un découplage de l'unité théorie-praxis théorisée et expérimentée par les marxistes effectivement révolutionnaires. Le moment Althusser, comme moment de problèmes. Dans la même direction, voir ce que dit Ahmad de la réaction théorique/philosophique française (In Theory, pp. 190, 192, 194.)

mardi 18 août 2009

Subalterne et minorité

Le subalterne, à penser avec la question de l'agency de la minorité en démocratie. L'acquisition de la représentation politique.

Pas un en-dehors, un extrême, un transcendant d'irruption. Mais la lutte démocratique (précisément, et non seulement politique) même. L'ordinaire social. Et ses immenses violences.

Valeurs de la littérature ; pouvoirs

La littérature - et les savoirs de la littérature, ses powerbases, ses forteresses institutionnelles et culturelles - pour les consensus.
Et la littérature pour l'activité critique. La production plastique (B. Cassin, plasma du pseudos) et conflictuelle (Rancière) du consensus.
Au moins ces deux tranchants.
Sans parler des inanités.

Régressions du postcolonial

Faim de critique. Je tourne vers Rancière, Ahmad, la sociologie de l'art et de la littérature, et toujours fringale d'histoire. Je vois toujours looming la grosse masse du marxisme, qu'il va falloir, etc. La seule grosse tradition que je n'ai pas eu le courage de vraiment engager par la lecture pour le moment.

Les régressions du postcolonial :
. historiquement, par le tournant post-tiers-monde : les reflux et échecs de l'anticolonialisme et des nationalismes des indépendances ; la puissance déployée du capitalisme en mondialisation ; ses déchirements dans les ensembles nationaux, par migrations, inégalités séparatrices et génératrices de diasporas (et déracinements intranationaux aussi) ; montée des conflits ethniques-culturels-religieux. (cf. Andrew Smith dans Lazarus : "Postcolonial theory does reflect real changes in the order of the world, and emerges from a specific period of historical disappointment", p. 259)
. en termes de théorie : par la culture (politics of culture, à partir de Said et de dérivés de Foucault) ; par l'académicisation (the arena of struggle déplacée vers "les lieux de" l'université) ; par la littérarisation (trope de la narration de la nation ; imagination de la nation [Rushdie], postcolonial theory se développant sur un terrain de literary studies : voir où se plante le volume de Lazarus). Les reflux culturels post-marxistes et post-anticoloniaux : replis sur la global academy.
Y comprendre quelque chose par le même type de dynamique que celle des Culture Wars américaines.

dimanche 16 août 2009

Problèmes du peuple

C'est très délicat, juste là. Justement, la crête du politique. La ligne de crête entre culture et politique.
Ne pas, en particulier, y oublier la question de la souveraineté - démocratie - quand on réfléchit à sa culturalité, comme identité énonciative collective et historique. Ici viennent se greffer les plans de Foucault ou des culturologies. Mais tenir ce bout absolument, en le regardant bouger dans la main même.
D'où voir aussi Rancière, post-Althusser.

Cultures du langage-vie

Le Devisement du monde, titre du récit de Marco Polo.
Deviser, c'est étymologiquement par diviser, partager.

Groundation - groundings, groundations, groundsing (Barbados) : cité par Jouis James à partir du Dictionary of Caribbean English Usage (Richard Allsopp, 1996) : "The act of talking together, sincerely and for as long as necessary with or among socially deprived people in their own neighbourhood or dwelling places, many sitting relaxed on the ground (hence the term)."

mardi 11 août 2009

Critique, anticritique : débats sur la théorie, 80s

Aussi, noter : Habermas, dans ses échauffourées avec la "théorie" et "poststructuralism", parle des "young convervatives" (version anglaise des débats) ; Foucault, Derrida, Lyotard (les "postmodernism debates" des années 80, selon Norton), et leur attaque de la modernité. Postmodernisme comme antimodernisme. Héritiers, en cela, de la scission moderniste de la sphère esthétique ; esthétisation. "A surprising antimodernity 'alliance of postmodernism and pre-modernism' ".
Ici la "théorie" est sur son versant "postmod". Infléchissement des lieux de logomachie, aux 80s.

Althusser : théorisation du marxisme

Quelque chose dans cette maille de l'histoire intellectuelle française du moment structuraliste. 1966 et 1968. Le processus de théorisation, qui est l'établissement d'un nouveau rapport du travail intellectuel au social.
Situation de la "théorie", entre le domaine culturel/éditorial des Lettres et de la pensée (voir ses institutions : y compris les partis - PCF et ses autres -, leurs organes de presse et formes culturelles en compagnonnage de route), et l'université. Althusser depuis Ulm - et ses élèves : voir leurs implantations institutionnelles ensuite. L'une d'elles étant le Centre de Vincennes, devenu Paris 8 (ce devenir étant non neutre : mais de l'ordre d'une histoire intellectuelle, politique-sociologique, et idéologique).
Non pas Althusser (ici, voir), mais les usages d'Althusser sans doute mieux : une théorisation - ou, en regardant en symétrique, l'académicisation du marxisme ; son entrée dans la sphère universitaire, philosophique plutôt qu'économique -; un décrochage du travail intellectuel avec sa base sociale ; de transformation à vision de nouveau (malgré la théorisation, précisément, du passage à opérer entre pensée-vision et pensée-production). A penser en connection avec la formation de l'ivory tower universitaire américaine, prise dans la dynamique de sa propre histoire mêlée à celle de la trajectoire géopolitique et sociale américaine. Processus d'isolement. Des séparations nouvelles dans la carte sociale où s'inscrit le travail de savoir. Lesquelles ? Selon quelles motivations, quels "intérêts"/quels "pouvoirs" ?

La notion d'une science de l'histoire - le matérialisme historique comme science -, avec ses prétentions sur l'histoire.
Les débats marxistes, à hue à et dia, autour de l'oeuvre d'Althusser, contemporains et ultérieurs.

C'est un moment significatif (il fait converger des ensembles de forces, qu'il rend du coup lisibles) dans la genèse d'une situation actuelle des SHS, de l'université, de la recherche, de la politique de la culture. Et de la gauche.
Paris 8 en est sorti, de ce moment de redistribution. Mais aussi ses échecs.
Mis en relief par la grande ombre soudain perceptible des récupérations de la "théorie" par le capitalisme postfordiste (Boltanski ; autres critiques de Guattari-Negri dans Lazarus, par ex.).
Autrement : le paradoxe britannique de ces nouveaux champs disciplinaires issus de la gauche néomarxiste - Cultural studies, avec ses déclinaisons, puis Postcolonial studies et tous les libéralismes-multiculturalismes y compris complaisants - et la violence des arasements institutionnels par les REA et maintenant la fragilité devant la crise financière (les fermetures de départements ; le passage de la recherche sous l'administration de l'Innovation et business).

Althusser fait du, au, marxisme autre chose que Sartre.

lundi 10 août 2009

Moments de la culturologie critique

CLR James, The Black Jacobins, probably. 1938.
Stuart Hall à l'introduction de ethnicity dans les Cultural studies de UK.

Et à vrai dire l'ensemble de non-alignement, Bandung. Et des décolonisations, intellectuels de la décolonisation. (On peut reprendre le trajet dessiné par Young ici - Postcolonialism. An Historical Introduction)
Mao aussi, malheureusement : le cas énorme.

Les culturologies critiques des empires : des majoritaires du politique (y compris culturels : la France de Lumières est héritée, géopolitiquement, de Louis XIV. Quelque chose à voir ici avec l'horizon d'universalime. Passer par Montesquieu, aussi, et les libéralismes français, qui sont des fils minoritaires). Simplement : l'effet de montrer la culturalité de - et la contigence historique de - la carte des rapports de pouvoir. Dénaturalisation (- du politique? c'est ça? voir.)

Culturologie critique

Il s'agit de ne pas perdre la criticité, historicité, conflictualité, logomachie, démocratie-consensus-dissensus, quand on prend le culturel pour levier des pensées du politique. Pour réaccélérer, remobiliser, les modes politiques pris en orthodoxies ; en modes majoritaires.

Se placer dans le mouvant de ces logomachies de manière à faire résister le culturel aux gravités vers la droite ; à ses dépolitisations et conservatismes. Le culturel comme radical du politique ; contre le culturalisme (où Taguieff, par exemple, a en effet beau jeu).
Ceci impliquant une critique des penchants droitiers des entreprises de culturologie (les libéralismes - Tocqueville par ex.) ; en même temps qu'une histoire de ses résistances (les critiques marxiennes du marxisme, en partculier. Déjà Adorno/Horkheimer).

Essais de culturologie du politique

Repères de ces tentatives, pour aller les travailler. Par la question de la criticité, c'est-à-dire celle de la pensée de l'histoire opératoire.
Comment une culturologie - dont, au plus aigu, une poétique - peut rester bien sur le fil du critique en regardant le politique. Et sans reculer pour prendre appui sur --- : ici on peut commencer à recueillir les formes de ses régressions, ses retards, ses réflexes qui sont des idéologies, des statuts (acquis) et non des situations ("en avant") : les Lettres, l'essayisme (ce sont des modes culturels ; français), "Theory" et les orthodoxies du "poststructuralism" et "postcolonial". D'autres à déplier, à diagnostiquer.

Des auteurs à regarder, pour le meaty de ces questions :
. étape Weber, critique culturelle des sociologies matérialistes. (Qui exactement?)
. étape Théorie critique : Adorno+Horkheimer (et Benjamin, mais toujours son plan très à lui)
. l'étape Althusser, et l'étape, par exemple, Rancière
. E.P. Thompson et Christopher Hill et les historiens britanniques marxistes qui ne sont pas, par exemple, sur les plans d'orthodoxie d'un E. Hobsbaum,
. les généalogies des Cultural studies britanniques ; et Jameson, Eagleton,
. relectures de Gramsci par les Cultural studies, et les Subalternists
. Arendt / Klemperer / Auerbach et la Comp. Lit. américaine (avec Adorno+Horkheimer dans leur période américaine, sur les cultural industries)
. les Subalternists : dans leurs décentrement par Spivak-Theory, et dans leur développement par ... [quoi exactement ici? Les majorations de Chakraborty, les idéologèmes de Globalization theory,... à voir]
. les effets anti-marxistes de Deleuze-Guattari ; Foucault : le désir, contre la lutte.

A situer :
. dans les redistributions territoriales et intellectuelles de l'après-guerre : émigrations aux Etats-Unis, constitution de l'empire intellectuel-idéologique américain (y compris dans le processus de la Cold Culture),
. les histoires des décolonisations, où agency des intellectuels
. l'émergence de la structure institutionnelle/idéologique du global intellectual, dans l'epistémè de la mondialisation
. l'histoire des disciplines des Lettres, et de la place de la culture dans le social, et de la figure de l'intellectuel, et de l'université en France [toute l'histoire des structures de la production intellectuelle : dont l'édition, l'essayisme, le politisme] ; histoire de l'université américaine [ses scientismes, ses séparatismes, subis autant qu'arrachés]. ...

L'intellectuel postmarxiste - moments du politico-culturel

L'intellectuel postmarxiste, aussi.
Le modèle sartrien était déjà une sorte de coup de force par rapport à une orthodoxie idéologique, modèle englobant de la pensée de gauche par le schème marxiste. Déjà une phénoménologisation - dans la même direction que Arendt, par exemple. Ou ensuite que Derrida. Les herméneutiques, les philosophiques, avec Heidegger pour pôle de génération.
Les résistances philosophiques aux philosophies de l'histoire.

Les anti-historicismes "1968-ish" (écrit Keya Ganguly dans le volume de Lazarus, 167, en les indexant à Althusser et Foucault - how does this exactly work?) : les post-structuralismes, et leurs maille à partir, leur partie liée, avec l'historicisme marxiste. Il faut arriver à situer ce rapport.

La question étant celle des enjeux qui bouillonnent dans le rapport entre culture et politique. Et ses déclinaisons historiques. Histoire des nouages du politico-culturel - pour partir, en critique, du noeud que serre P.-A. Taguieff (Les Contre-réactionnaires, 2007).
Je m'intéresse à suivre les régressions critiques en particulier ; l'histoire des régresssions critiques et des réactions associées aux culturalisations ; culturalismes, essais de culturologie de la pensée politique. Par la philosophie (Arendt repartant de Platon, pour une impulsion dans une autre direction et que celle du marxisme et que celle de Heidegger ; Derrida repartant de Platon pour une reconquête du terrain philosophique en tant d'irruption hégémonique intellectuelle de la linguistique) ; par l'anthropologie structuraliste [ ; ...? ]
Il faut voir aussi le libéralisme profond de la linguistique/culturologie de Benveniste - peut-être? Ce qu'il y a là.

D'autres moments de mailles :
. maille Humboldt et les Idéologues ; le libéralisme et le républicanisme [what exactly, the opposite term here? A préciser],
. maille Herder et les Lumières françaises : politicisme [? - non, sans doute aussi un culturalisme, des Lettres ; de la philosophie comme Lettres] universaliste à contrer par culturalisme nationaliste,
. maille Derrida - Young et ses évolutions (de Cixous-poststructuralisme, à la généalogie anti-coloniale et marxiste du champ intellectuel postcolonial). Ici toute la formation discursive, l'arène de logomachie, de poststructuralism/postcolonial/postmarxism. Les débats bien éclairés par l'ensemble des contributions au volume de Lazarus. Les régressions de "theory", ici => et ailleurs.

samedi 8 août 2009

Europe de la connaissance

Les cadres dans lesquels s'organise la politique européenne de la recherche en Sciences humaines et sociales :
. présentation du 7ème PCRD
. Work Programme 2010 - Socioeconomic Sciences and Humanities

. Metris Report : Emerging Trends in Socio-economic Sciences and Humanities in Europe (Commission européenne, 2009).

L'intellectuel postcolonial - et Coetzee

Agenda : Il faut travailler la question de "l'intellectuel postcolonial" ; c'est-à-dire faire un travail de situation de ce quelque chose devenu majoritaire dans le contemporain ; le replacer outre évidence dans ses plans historiques et idéologiques. Avec toutes les contributions du volume de Lazarus comme bons points de référence et de départ, par exemple.
Comme l'une des incarnations des champs de force politiques contemporains du savoir-pouvoir : l'intellectuel mondialisé, acteur des mondialisations. Multiplié autant qu'elles.

Ici, prendre, brancher sur, avec Coetzee. Comme facteur, poétique, de décentrement de la question. La question étant posée comme critique le plus souvent par le versant d'une exigence d'histoire et de sociologie politique. Ici, le versant critique et poétique, qui permet bien de laisser en jeu l'ensemble des plans, sans pouvoir ignorer l'idéologique, les réactions et régressions, les houles éthiques, etc. Prendre par Doubling the Point, Giving Offense.

mercredi 29 juillet 2009

Agenda : agency & agencement

Est-ce que je l'ai déjà noté ici? A faire à calculer à mettre à l'épreuve : le rapport entre agency et agencement. Voir ce qui se passe quand on rapporte l'une à l'autre les perspectives de Deleuze-Guattari-Kafka, et Bhabha (mais il n'est pas exactement le point d'origine : par lui, y remonter. Généalogie dans les relectures postco des théories de l'idéologie : Althusser? Spivak, Perry, Slemon).
Passer aussi, pour la petite histoire et le symptôme, par la traduction de Bhabha (et Spivak) en français.

Tranchants du postcolonial - avec le Companion de Lazarus

Definitely : le tranchant des questions posées autour du postcolonial et ses institutionalisations comme question, se concentre autour du savoir-pouvoir comme une pointe du contemporain.
Et : qualité remarquable du Companion de Lazarus. Lazarus lui-même (en particulier sur la droitisation, culturisation des enjeux de la mouvance critique/académique postcoloniale, par rapport aux anticolonialismes ; et le tournant post-89 pris par le mode des ajustements dépolitisants), Benita Parry (qui reprend en les aiguisant les enjeux du linguistic ou theory turn du POCO comme moyen de détourner le regard des perspectives matérialistes ; réconciliation, révisionisme), John Marx : qui en arrive aux noeuds d'enjeux des révisions canoniques par la littérature postcoloniale : et s'enfonce dans ses lieux tiraillés : Achebe/Ngugi sur l'anglais et la Littérature anglaise, Jameson/Ahmad sur le rapport mondial des luttes ou leur spécificité, noeud critique autour de The Tempest et ses réécritures ; autour de Heart of Darkness et ses réécritures, échauffements autour des compromissions de la littérature avec la classe universitaire mondialisée.

. question de la "situation de l'intellectuel" 2009 - "comprador intelligentsia" et ses variations et actualisations encore. Elément dans un système non seulement de globalized academia (ce serait seulement la dénoncer comme un faux : critique par le pseudo- seulement), mais de global cognitive capitalism (l'analyser comme telle, partie prenante, avec les flux de responsabilité - complicités, derivativeness, résistance - tout à déchiffrer à neuf).

. question du marché littéraire transnational, et les constantes actualisations des dynamiques de pouvoir dans la République mondiale des lettres (Casanova). "A stridently élite category", "a global class". (John Marx souligne, dans Lazarus ed.) Supposant un lectorat canonically educated, et orientation vers public occidental ou occidentalisé. Certainement, les bestsellers produits de ce marché global. Ce qui n'empêche pas entièrement la littérarité.

. question de la nouveauté, spécificité, du rapport de la littérature à l'academia. Avec justement - ici criticité du comparatisme - des nouages différents dans les anglophonies et les francophonies culturelles/nationales et universitaires contemporaines. Nouveautés du rapport littérature et pouvoir et culture. Le prendre pour tel, et cesser d'espérer aucun dehors, pour prendre bien le mouvement, on the flat, in the crowd, half blind with dust.

mercredi 22 juillet 2009

Agenda : His man

Note : il faut écrire les rapports entre Mrs Brown, figure fictionnelle de la dispensation moderniste (de même, le "she" de Mrs Dalloway et les "three Mary's" de A Room), et Friday, ou plus précisément peut-être "his man" de Coetzee. Pour une actualité de la minoration (de l'apartheid, la censure, mais aussi, plus fin et postcolonialement, de la nation et ses récits de philosophie politique ; ses discours de démocratie). Justement comme pas des allégories, mais bien des personnages et des modes du personnage. Tropes romanesques profonds, qui déracinent des natures du roman ; pour le moderne ; pour le ?? - quoi, dans le cas de Coetzee?

#2. His man est aussi, par contiguïté, writes-his-man, et this-man-of-his. (Nobel lecture).

#3. Il faut voir en rapport avec la civility suggérée comme point d'attention par Bhabha - avec le personnage et le sujet dans Coetzee. En rapport avec une actualité de la question, par ses émergences dans les formes mondiales de undocumentedness. Friday ouvrant par là une série où viennent peut-être se placer la jeune Barbare et certainement Michael K, la Marijana croate de Slow Man ; autrement la femme, latino-américaine?, du Diary - et une fonction poétique de l'Australie - puisque qu'elle est inscrite dans l'oeuvre à partir de Slow Man, puis dans le Diary.
Susan Barton, féminisation du rapport de fiction de Robinson Crusoe, était déjà une expérience du déport de la civility ; par ici aussi, une série (Martha, Elizabeth Curren, Elizabeth Costello, les femmes (la femme aux chiens) de Disgrace?)

lundi 20 juillet 2009

Postcolonial et culture, dépolitisation - Lazarus

Ce que fait Lazarus avec son projet éditorial du Cambridge Companion to Postcolonial Literary Studies de 2004 : repolitiser l'appréhension des thèmes et des débats de la "postcolonial perspective" (puisque c'est en effet avec Bhabha qu'il fixe l'orientation de la discipline née au bout des 70s), en finesse.
L'introduction place la voix devant une série de noeuds qu'elle indique et dont elle analyse l'enjeu :

1. contexte de savoir-pouvoir des années 1970 : culturalisme du postcolonial criticism - et les 1970s comme époque de dépolitisation : il y a du savoir et de l'intérêt sur le postcolonial dès les années 1970, où "postcolonial" est seulement historique et factuel ; le terme se charge en idéologique avec le "sea-change" (4) de la fin des 70s. C'est avec Bhabha qu'il marque le basculement, et dans les termes du passage d'une cible critique (class analysis) à une autre ("the discourse of 'minorities'", "critical revisions" et "postcolonial criticism" - Bhabha). Le "sea-change" est donc clairement fléché comme autre chose que le simple nouveau projet, post-indépendances, de l'anticolonialisme : il est post-marxiste, post-modernité ; caractérisé par une "aversion à la dialectique" et aux significations sociales holistes (4) et ouvert sur migrancy, diaspora, hybridity, liminality. Passage, aussi, d'une pensée du pouvoir et du politique comme conflit, à celle de la "différence culturelle", l'ambivalence, la complexité.
La contextualisation qui va avec alors, l'associe aux années 1970 comme celles d'une "reassertion of imperial dominance", "that is, of the global re-imposition and re-consolidation both economically" (unilateral capital) and politically (interventionist "New World Order" from the US). "Containment and recuperation of the historic challenge from the third world" / decolonization since 1945 (5 - la thèse n'est pas loin des retournements et instrumentalisations mis au jour par Boltanski pour ce qui concerne le trope révolutionnaire de la critique 60s, dans Le Nouvel esprit du capitalisme). Postcolonial theory & studies, visibles alors comme "a monumentalization of this moment - a rationalization of and pragmatic adjustment to, if not quite a celebration of, the downturn in the fortunes and influence of insurgent national liberation movements and revolutionary socialist ideologies in the early 1970s". 1975, and then 1989.
=> Anti-nationalist, and anti-Marxist disposition ; and intellectual position (issue in debate : "the class position of its leading practicioners" - "class" here, who says?) : not exactly "comprador intelligentsia", rather "the condition of the intelligentsia of global capitalism". (5)
Il y a bien ce passage du politique (Guerre froide et Tiers-Monde) au culturel-comme -capitalisme (ou hommisme). Soft power, soft politics. Voir aussi la diversité comme déflection du différentiel de pouvoir? Et la situation de l'intellectuel dans une actualité (mondialisée) des rapports savoir-pouvoir.

=> Agenda : non pas se faire coincer dans (ce serait encore un déterminisme sociol-pol), mais faire l'histoire de, cette situation de l'intellectuel 2007, et de celle du champ : histoire "global and politico-economic as well as more concretely institutional and academic-theoretical" (7).

2. élite and popular - sociology : comme il devient visible après les indépendances, le différentiel de pouvoir ne passe pas seulement entre colonisateur à colonisé, mais se conjugue aussi à la ligne maintenue ou produite entre élite et les "disenfranchised sectors of the society" : grosses majorités. Soulevant : "the question of 'the people' " (8). Projects for recovering and adequately theorizing popular consciousness and popular practice : histories from below, insurgent sociologies, new approaches in pol economy, mould-breaking developments in anthropology, feminist & environmentalist work in social sciences etc. "Such is the culturalist emphasis in postcol studies, however, that little of this pioneering work" in known. (9) Subaltern Studies, hijacked by the Spivak twist on it : unrepresentable, irreducible gap ; fetishizing of difference.

=> issues here : 1. epistémol : adequacy, rather than conditions of possibility, of reprensentation ; 2. méthodol : relation between theory and practice.
J'ajoute mes repères : Young et son projet marxien ; Derrida comme pôle culturaliste pour les postcol, Spivak y étant articulatoire ; Ashis Nandy et des tentatives pour renégocier le culture et le politique, entre Gandhi et Kipling, délicat. A placer aussi pour clarifier : un moment "cultural studies" britanniques des postcolonial studies.

3. l'Europe toute-eurocentrique : faire le départ entre l'eurocentrisme comme idéologie (passible d'une critique au sens kantien : idéologie dominante, et non totale), et comme épistémè (au sens Foucault, comme tout-déterminante), qui donne à confondre la modernité avec le projet de la modernité, et l'eurocentrisme avec l'Europe-même. Voir la critique que fait Habermas. Résultat dans des plausibilités de "disavow modernity, Europe, rationality themselves, as all inherently imperialistic and totalitarian". (13) => vu comme "sheer will to power".
Repose sur deux lectures de Said (l'Orient existe en dehors de l'orientalisme // l'Orient créé de tte pièce par, pas de hors D...). Misreading.
Trope de l'invention : Inventing India (1992), Imagining India (90), Inventing Ireland (95), Writing Ireland (88), The Invention of Africa (88).
Trope des totalisations : Chakrabarty (2000), Young (White Mythol),

4. littérature contemporaine, littératures postcoloniales : decentring, of all levels : reading, writing, publishing, criticism, Nobel etc. On n'ajoute pas ce corpus à l'étude de la littérature : il déplace les discours sur le littéraire même, même hors de toute référence à l'empire.

5. travail ici, sur le champ : introduire des concepts et débats, les situer dans l'institutionnel, les contextualiser dans le socio-politique.
Dont : nationalisme anticolonial, décolonisation, mondialisation, migrations, et brain drain.
Y compris une "Indicative chronology" qui cherche explicitement à être "authoritative".

Termes de Lazarus : "implications for politics and theory" ; "a field currently alive with activity and invention." (16)

Remarque 1. Lazarus vs Young : la proposition est donc inverse, sur le rapport entre luttes anticoloniales et postcolonial studies comme prolongement ou déflection du marxisme qui leur était inhérent.
Remarque 2. Drôle de statut, cette question du littéraire, qui est donné comme point de départ et terrain d'étude ici ; auquel l'introduction rhétoriquement aboutit par simple ordre d'évocation ; mais dont le rapport avec les deux plans du noeud savoir-pouvoir est éludé.

vendredi 17 juillet 2009

Structuralisme et tournant de la traduction

Une séquence à souligner ; sa proposition à présenter, et à élucider : que l'expansion de la thématique universitaire de la traduction, internationale (un comparatisme en serait pertinent), est un épisode nouveau dans une histoire de la pensée du langage, qui peut être post-saussurienne (ou pas : d'autres généalogies, qui se croisent, et sont causes de certaines vues brouillées. Y couper des chemins clarifiés). Le translative turn (comment se rapprocher de cet objet historique, pour en examiner les stratégies? les motivations?) comme "conséquence" "nombrable" celle-là justement (CLG p. 100), de la période du langage (où le structuralisme n'est pas seul, largement ; il faut le prendre en compte), et conséquence qui a une valeur en tant qu'elle n'est pas le backlash observable dans d'autres prolongations, ou après : des "retours" et des ouvertures ou précipitations vers des directions opposées. Qu'elle garde bien la question du langage, et d'une anthropologie linguistique, mais qu'elle force les produits saussuriens à déployer la diversité des langues.
Par ce point de vue, avancer dans la masse en suivant le fil des enjeux idéologiques : quelle conception des rapports entre langage et peuple/culture. Quelles idéologies du langage. Avec leurs incarnations institutionnelles ou de pouvoir.

La littérature, 2009

Comment la façon dont j'envisage l'étude de la littérature anglaise a changé, depuis mes premiers cadres, ou premiers moments d'autonomie. Histoire de génération (et pas seulement), dont je participe. Et trajectoire de lectures régulièrement transformatrices - simplement le travail.
L'étonnement que tant de termes pris pour existants et substantiels - évidences consensuelles qui ayant été établie par des fondateurs pouvaient fonctionner et nourrir une machine professionnelle/intellectuelle - se fragilisent un après l'autre, au fur et à mesure que je les identifie comme coques dépassées. Une carrière entière de ces termes ; on ne manquera pas de ces moules à briser, soigneusement.
Vers quoi ça tend, maintenant : la littérature comme question du public. Ce que je fixe en ligne de mire par "peuple", m'autorisant de Deleuze-Guattari via Kafka, et en prenant en charge, comme problématique, les ambiguïtés idéologiques dont l'histoire du terme est chargé, puisqu'elles m'entraînent dans le sillage culturel épais de ces grandes batailles, Kulturkämpfe européennes (au moins - coloniales, aussi, par coextension). Poème, et poème-langues (histoire-et-comparaison, pointe Monateri dans Comparer les droits, résolument), comme point d'interrogation depuis lequel reprendre une pensée politique, en craquelant soigneusement les attendus de la philosophie politique, du juridisme, qui font la charpente majeure des termes que je ne comprends pas : de ce qui justement est la masse d'obstacle à ce qui me paraît être la vie des peuples. Etat, nation, "politique", "peuple"!, citoyen, société, langue, culture, pouvoir. La littérature comme ressource pour l'anthropologique, contre les grosses masses impénétrables, qui dépossèdent et disempower - sauf par un travail interne, de fouille historique. (Abélès.)

Le point de vue du poème comme dimension du social et du culturel (mais où se pensera en effet la masse? Les puissances massives? Celles que j'ai prises en direct à l'estomac à Hong Kong, ou en entendant A. parler des cursus de formation à l'ESSEC) ; et comme prise pour la modernité, et ses dispositifs agressifs de pouvoir. Y vivre, et y multiplier de la vie. Vivre (et combattre dans) une culture. (There is such a thing as society.)

De là aussi, ou avec ça, un intérêt déplacé, et complètement revivifié (vivant, toujours plus vivant), pour la littérature comme contemporaine. Etre impressionnée par les savoirs anthropologiques qui sont fouillés et carved out, par les oeuvres. Largement loin de la notion très ENS ou "beaux quartiers" (GD) d'un déclin de la littérature - qui est pour sûr un déclin de certains ensembles de valeurs littéraires. (PWL : des littéraires qui "ne s'estiment pas assez".)

mercredi 15 juillet 2009

Tâche, activité, faire

Je ne sais pas depuis quand en France les disciplines sont identifiées par leurs tâches - ni en Allemagne, l'antécédance de l'Aufgabe, positionnée pour le traducteur par Benjamin en 1923, à partir de Baudelaire. Mission, être mandé. Je retrouve Abélès en conclusion épistémologique de Anthropologie de l'Etat (1990) : marquant le souci dans ces termes : "C'est la tâche de l'anthropologue que d'approfondir sans cesse cette investigation des mots, des actes et des intrigues qui font de l'action politique un drame à nul autre pareil." (232)

Dans Saussure, c'est : "ce que fait". Est-ce que ça distingue quelque chose? Les temporalités différentielles entre morale et éthique du travail de savoir. Meschonnic dit "activité" - sans le même concern exactement pour les disciplines puisque son plan de travail est le critique - et mesurer les "conséquences innombrables" de Saussure en suivant les lignes qui traversent les plans disciplinaires, le long des rigoles du langage.
Saussure historien : personne ne mande le linguiste. De même personne n'appelle, Beruf, ce "savant" (Weber). La différence est bien située du côté de pratiques-cum-idéologie (praxis) de l'histoire. Le point de vue n'étant jamais celui de l'avant ou du prospectif : le savoir toujours bien au bout de la phrase. Quelque chose de trop fin, ici, pour le nouer pour l'instant.
Il n'y a pas de devoir disciplinaire. Dette. Mais, disons, la "vie", pour simplement pointer grossièrement un certain mode d'historicité.

NB : Saussure parle bien de "la tâche du linguiste" : "est de définir ce qui fait de la langue un système spécial dans l'ensemble des faits sémiologiques" (CLG p. 33). Et de "Matière et tâche de la linguistique, ses rapports avec les sciences connexes", titre du chapitre 2 de l'Introduction (p. 20).

jeudi 2 juillet 2009

Situation universitaire, UK

Labour Research (juin 2009) rapporte ceci:

UNIVERSITY BOSSES WIELD JOB AXE
A tide of university job cuts across the country has prompted united resistance by
higher education unions the UCU, UNISON, Unite, the GMB and the EIS as well as
the NUS students' union.
The unions are demanding a redundancy avoidance agreement which the national
employers' organisation, the UCEA was, as Labour Research went to press, still refusing
to sign.
A national ballot for strike action by the UCU lecturers' union has been deferred until the
autumn term, following legal challenges.
Two thirds of all universities are said to be considering job cuts, despite a high level of demand
for higher education places and national funding settlements well above inflation. The UCU
accuses universities and colleges of cutting departments that actually generate surplus or
have excellent teaching and research, in response to the government's agenda on
specialisation.
Cardiff University is planning to axe 140 jobs and 250 courses. Stratchclyde University
has plans to get rid of 140 staff, while London Metropolitan University (LMU) is proposing
to axe at least 550 jobs, which equates to 800 staff actually at risk (one quarter of the
workforce).
The university has been hit by funding cuts and repayment demands totalling millions
of pounds following inacurate reporting of the numbers of students completing courses.
LMU unions also warn of continued outsourcing and privatisation, and attacks on union
reps, and say it could mean the "beginning of the end" for the university.

Précarisation des enseignants, UK

Dans l'Independent : Teachers face the sack in 5-year licence plan.

dimanche 7 juin 2009

Population, peuple, politique : Foucault

Sécurité, Territoire, Population, cours de 1977-78.
Se mettre dans les embrayages d'historicité (avec les déformations d'histoire que ça entraîne ; en les laissant loose) des passages entre 3 modes : loi-souveraineté-sujet, discipline-dressage-corps, sécurité-population-calcul. Y voir apparaître des mises en perspective, des rapports, toujours d'un pouvoir d'élucidation étonnant - ça dégage les réflexes de la philosophie politique, qui compriment la pensée du social - : suivre les mutations du sujet politique, et voir "émerger", "apparaître" (par ex. dans de nouvelles acceptions de mots déjà en place), du sujet du roi le peuple, avec l'économie politique (mercantilisme anglais, caméralisme, colbertisme) la population, la démographie, Malthus plus loin et Marx contre lui, le peuple, le politique, et l'horizon de la démocratie donc? Il n'en est pas encore là, p. 80. Peut-être un soin à l'éviter pour garder la ligne d'une généalogie des technologies de pouvoir (souveraineté à discipline à gouvernement), contre une histoire philosophie-politique.
L'émergence de la notion elle-même de gouvernement. Et d'un sujet qui peut être pris dans, pensé comme, cadré dans, un peuple-population. Oui individu, mais pris dans des régularités à laisser libres, pour auto-annulation des anormalités. Libéralisme. Valeur politique de "liberté" : ici infléchie.

mercredi 3 juin 2009

Culture, "expérience publique" (Gusfield)

Je continue à essayer de rentrer dans ce qu'enseignent les approfondissements, les élargissements, d'EP Thompson.

Joseph Gusfield, récemment traduit en français : sur The Culture of Public Problems. Drinking-Driving and the Symbolic Order (1980). Comprendre tout ce qui s'ouvre par ces travaux de sociologie et d'anthropologie du public, de la vie publique ; des entres labiles, qui sont les seuls lieux et sources du politique. Le quotidien du rapport.
Much to think about in the simple notion of culture comme expérience publique. "Expérience" est le mot de Thompson, puis des Cultural studies, pour penser les rapports de classe dégagé du piège des matérialisme et politicisme simples marxistes (avec "way of life", et toute une série ouverte) ; "publique" est un pas de côté par rapport à la fois à l'individuel, au collectif, et au politique - même à la "classe".

mardi 2 juin 2009

Ethnologie universitaire-en-2009

Il y a beaucoup à écrire d'ethnologie d'un département, d'une université - pour penser-vivre les difficultés, et la désertification. ça se travaille, bien entendu, par le sens. Et en l'absence, de plus en plus accusée, de public.
Il y a les peuples de grève, et les déserts scientifiques. Les deux. Il faut tendre l'oreille au plan pertinent, pour transformer la souffrance politique en sens, en travail. Morsure qui fait une chair.

Du "je me trompe" de 2006, j'ai compris que se tromper moins doit passer par les possibles, du minoritaire. Ses libertés dégagées, chaque. Par poussées de sens. Moléculaire, comme deuil du collectif - ce deuil étant extrêmement pénible, depuis un fond rationaliste. (Le collectif n'a pas eu lieu, n'a jamais lieu ; mais moments, de possibilité, de mouvement, motivation : sens, pour l'un ou l'autre, croyance qui motive des désirs denses).

vendredi 29 mai 2009

Homi Bhabha en situation d'énonciation

Much to say about the academic event at Paris 8 yesterday : cérémonie de remise de doctorat honoris cause à Homi Bhabha. Organisé par Marie Cuillerai, assorti des discours traditionnels environnants, puis d'une table ronde avec participation de J. Rancière et T. Samoyault.
D'abord, qu'en effet un lieu-temps de la culture, et de la théorie, est une tranche ("interruption") dans les discours d'époque et non un positif de la culture : moment de dissémination plutôt que de sens, de présence, de représentation. C'est la dynamique qui produit l'effet comique, ou de gêne, ou d'irritation, impatience - il ne se passe jamais quelque chose comme de la culture, de l'université, de la recherche, de la théorie. Des énoncés. Mais des diffractions, des malentendus inattendus, des dissensus sur le mode anti-héroïque. C'est la recherche, c'est le travail intellectuel. Bhabha apporte une contribution majeure à comprendre cette dynamique : on a à apprendre à la suivre, à courir derrière ce qu'elle fait savoir, d'infiniment pénétrant. Et d'infiniment plus fin que la soupe d'arguments dans laquelle il a fallu vivre pendant ce semestre de guerre universitaire déclarée, puiqu'on nous imposait ce milieu de débat.

jeudi 21 mai 2009

Perspective simple : valeur du tournant langagier

Le simple fait que la critique du structuralisme, de ses formalismes (et une partie non négligeable des politiques du structuralisme), repose sur la confusion langue/langage. Que c'est réduire, sémiotiquement, le langage à la langue qui fait déboucher vite sur le "fascisme" qui sidère le Barthes de la Leçon inaugurale.
Et que c'est la même confusion qui assoit les retours, réactions, vindictes, anti-théoriques et anti-langage.
Il faut bien une pensée du langage pour démêler ça, immédiatement. Benveniste et Meschonnic ont fait ce travail. La question de la diversité des langues - qui est la source constante de leur problématisation, par indo-européanisme et par traduction respectivement - étant la dynamique même de cette déconfusion sans larmes et sans drame. Sans reste d'aucune ontologie qui colle.

mercredi 20 mai 2009

Révolution et révolution - politique et political economy

La comparaison France-Angleterre, qui s'imbrique de toute façon en une histoire commune polycentrique, permet de trouver tout un nombre de points où des enjeux du politique, et du rapport société-culture, prennent des reliefs disponibles à l'analyse. Culturalité donc, à ces crêtes :
. Révolution française et Révolution industrielle, qui est aussi
. progrès et progrès, (des libertés citoyennes et de la démocratie, et des modernisations capitalistes, technocrates, utilitaristes pour commencer, rationnalisations contre traditions, calcul contre société)
. liberté-liberty et libéralisme : free trade, free labour surtout comme sa résultante sociale, laissez-faire. Où libérer et laisser entrent bien en distinction. EP Thompson situe bien le pôle idéologique de référence dans Adam Smith.
- politique (quels termes d'époque concernant ça? Constitution, estate, république, citoyenneté,...) et "political economy".

Et Thompson monte une opposition entre "political economy" (le plus souvent il le marque avec les italiques, comme idéologuème) et moral economy : où "economy" passe d'une valeur à une autre - dans le premier cas économiste et matérialiste ("wages series" comme matériau analytique des historiens, Hayek-Ashton, par ex.), dans le second culturaliste et "whole way of life", "community", socialité tendue par un réseau de valeurs communes.

lundi 18 mai 2009

Discours sur l'université

La revue du MAUSS publie le 17 mai une pétition "Manifeste pour refonder l'Université française".

Peuples de révolution - suite

Toujours au fil de EP Thompson - "the Spenceans" (ex 530s) : ici sect-ion, formation, organisation, making, par mouvement politique ; et reconnaissance autour d'un pôle - "leader", la notion est difficile à penser, justement ; oeuvres du politique ou ses simples produits et les deux à la fois - personne, et personnage conceptuel. Personnage politique.
The Making permet de continuer à mull over la question du mouvement social (rythme politique ; agencement collectif d'énonciation) ; et la critique du groupe (Deleuze & Guattari). EPT parle de "tradition", comme accumulation et "diffusion" (530s) d'expérience politique et sociale, dont l'historien retrouve les dynamiques transhistoriquement, pour "reconstruire" des logiques, des récits, des séquences de sens. Parle de cultures.

Franck Lepage - suite : politisation de "culture"

Ce qu'il fait "culture", par ce recentrage : en faire bien basculer la conception du côté du politique, du there is such a thing as society (and indeed in fact there is only that - contra Thatcher), contre les culturalismes de droite : conservatismes, naturalismes, toujours lourds des possibilités essentialistes-originistes. Dépolitisantes pour leur objet, et simultanément ultra-politisantes, idéologisantes, quant à leur action. Débat Herder / premières Lumières françaises, encore prises dans le mouvement de rayonnement impérialiste culturel sur l'Europe.
Pour la suite de cette lignée, voir Mulhern, Culture. Peut-être aussi The Idea of Culture, de Eagleton. Et certainement toute la dynamique de la pensée anglaise de gauche des 70s-80s - et Cultural studies.

dimanche 17 mai 2009

Frank Lepage, culture-politique contre la Culture

Article dans le Diplo de mai 2009, "De l'éducation populaire à la domestication par la 'culture'" (cette "catastrophe intellectuelle"). Me fournit une généalogie dont j'étais ignorante, et qui est une force critique importante :
. dissociation entre socio-culturel et culturel ; impossibilisation de la culture comme éducation et pratique politique - action syndicale, féminismes, luttes des minorités, histoire, métiers, paysannerie, explication économique (il pense à Attac ici)... La vie des peuples donc, et - ou soit - l'invention de peuples, quotidienne et translocalisée . ("Tout le monde est producteur de culture, celle-ci n'étant rien d'autre qu'un rapport social"). Culture et politique.
Ce processus sur les années 60, aux gouvernements socialistes. Producteur d'exclusion, et de division de classes. A partir d'une bifurcation dans "éducation populaire" des classes moyennes originant les mouvements laïques (éduquer le peuple en appoint de l'école), et celle héritant des expériences d'éducation critique et politique des mouvements ouvriers fin XIXème (syndicalisme révolutionnaire, bourses du travail).
. point de généalogie, Christiane Faure, belle-soeur de Camus, arrivée à Paris en 1944 après le coup de hache de 1942 sur la citoyenneté des juifs d'Algérie. La Laïcité prenant une valeur de séparateur social, et de coupure avec le rapport "direct, càd politique, avec la jeunesse". En 1944 : il s'agit (Jean Guéhenno) "d'élever au plan de l'enseignement ce qui était livré aux propaganges, la formation des citoyens" : ménage de fond après Vichy, la collaboration française, et l'abîme social nazi.
. le Ministère des affaires culturelles, une fois créé après négociation sur sa territorialisation de la fonction publique, pour y tailler un poste de gratitude à Malraux : est administré par "des fonctionnaires rapatriés de l'outre-mer qui, après la décolonisation, sont affectés aux affaires culturelles. Efficaces mais idéologiquement marqués par leur expérience précédente, ils influencent la doctrine du ministère." => rayonnement de la France, grandeur nationale, "puissance de la France à l'international et pouvoir symbolique de l'Etat dans les régions ; apologie de l'élite et du génie français. Un ministère profondément antipopulaire."
=> sa généalogie est bien dé-coloniale, et son présent bien postcolonial. Voir thèse de R. Young sur le fond postcolonial comme déterminant de pans immenses du présent social et politique, en France comme ailleurs.

. lien accroché aux conventionnels de 1792, et Condorcet - inventeur des formules "éducation populaire", et instruction "pendant toute la durée de la vie". [...]

. 1944 : replanter une démocratie nationale ; Direction (au sein de l'EN) de la culture populaire et des mouvements de jeunesse [où "jeunesse"est pré-sixties, et autrement politisé]. Guerre froide, méfiance gaullistes / communistes : elle devient un enjeu dur [cf Cold Culture]. 1948 : fusionne => "Direction générale de la jeunesse et des sports". 1956 : "il faut acclimater le concept de 'ministère de la culture', expérimenté par des pays totalitaires, pour démocratie. Camus pressenti (dir maison de la culture à Alger, fondateur du théâtre du travail, adepte de la création collective contre l'individuelle). 1947 création RPF, Malraux récompensé par un ministère : pas "de la jeunesse" (trop sensible après Vichy), ni de la télévision, ni des arts. "Des affaires culturelles". 1983 : action culturelle se substitue à l'action politique : cf Bicentennaire 1989 : "Fin de l'histoire. Vive la Culture." Dépolitisation : tolérance // "Le politique est l'affirmation d'un jugement de valeur. Le culturel est son anéantissement et la mise en équivalence généralisée sous l'empire du signe." (postmodernisme, culturalismes ; et A. Brossat : Le grand dégoût culturel, 2008. Et Jean Dubuffet, 1968, Asphyxiante culture. rééd Minuit 2007). Domestication des classes moyennes cultivées par réaffirmation de la frontière qui les sépare des classes populaires. Dressage culturel. Voir la distinction à faire entre dispositifs de traitement social des populations "en difficulté" (défi-jeunes, éducation tt au long de la vie = apprentissages de la flexibilité et de l'esprit d'entreprise ; "politique de la ville", "développement local") et Attac, 2002 : Association pour la taxation des transactions pour l'aide aux citoyens, et son travail d'élucidation économique : "rendre lisible aux yeux du + grand nombre les rapports de domination, les antagonismes sociaux, les rouages de l'exploitation."
[...] Il y a des points de glissement, où s'indiquent des idéologèmes. Mais vaut.

Frank Lepage : ancien directeur du développement culturel à la Fédération française est maisons des jeunes et de la culture. Conf théâtrale L'Education populaire, Monsieur, ils n'en ont pas voulu (2007). Membre de la coopérative d'éducation populaire Le Pavé.

Noeuds du savoir-pouvoir en capitalisme cognitif : I. Garo

Un titre à ajouter peut-être aux repères dans l'archive "nouveaux réacs" : l'analyse d'Isabelle Garo (La Fabrique, 2009, 182 p.), L'Idéologie, ou la pensée embarquée.
Projet du livre: (je cite un entrefilet du Monde diplomatique, par Michael Löwy - mai 2009) "revisiter le concept marxien d'idéologie à la lumière des débats actuels autour de la 'pensée unique'" ; ausculter l'hégémonie du néolibéralisme, "discours idéologique à géométrie variable mais à visée constante" (I. Garo), et ses modes d'imposition "à travers la marginalisation de la pensée critique par une police idéologique soft, avec l'aide d'une pléiade de "penseurs rapides" qui on fait de la diabolisation de tout projet alternatif leur fonds de commerce." (M. Löwy).
"Ce qui permet de sortir de l'idéologie [conclut M.L.], ce n'est pas 'la science' en abstrait mais l'engagement dans la lutte contre l'aliénation. La grande majorité des producteurs d'idées, qui ne sont pas des idéologues à la solde des dominants mais des salariés soumis à une nouvelle taylorisation et d'embrigadement disciplinaires, joueront sans doute un rôle dans se combat."

Où la question de l'université prend bien sa place au coeur de ce cyclone de capitalisme cognitif.

vendredi 15 mai 2009

Peuple-nation, peuple-polis

Que le peuple traverse, comme agence politique, les dimensions de la nation et de l'état : une incarnation historique dans les rapports entre Irlandais émigrés dans l'Angleterre des années de l'Union (1800), et Radicals anglais. "There is thus a clear consecutive alliance between the Irish nationalism and English Radicalisme between 1790 and 1850" (EP Thompson, 482). The Irish "[bringing] their revolutionary inheritance with them" (483). "It was an advantage to the employers, at a time when precision engineering coexisted with tunnelling by means of shovel and pick, to be able to call upon both types of labour [English and Irish immigrant]. But the price which had to be paid was the confluence of sophisticated political Radicalism with a more primitive [agrarian riots] and excitable revolutionism." (484).

jeudi 14 mai 2009

Peuples de révolution

EP Thompson, sur les peuples millénaristes (- et le "chiliasm of despair"). Le temps, contre-révolutionnaire anglais, de l'écrasement du peuple non possédant et son arrachement à ses traditions sociales éthiques culturelles et politiques : temps des essais, explorations, bourgeonnements, rhizomations, poussées éparpillées, de peuples réactifs - peuples de la contre-révolution. Chapel comme sectes religieuses, en dissidence diverse de Established Church, et diversement populaires. Les religions des pauvres ; certainement, exactement, des récemment déshérités. " Les X-iens " . Formation de ces publics, ces "followings", ces diffusions - "making, formation", acculturations. "The Johannas" or "Southcottians" (423), "the Sealed People", "the Children of Israel" bien entendu pour modèle (429), the Lord's "own dear peculiar people" (430), plus ou moins élu, plus ou moins sauvé ou sauvable.
Des peuples de la Révolution - y regarder aussi les dynamiques, destructices aussi, des peuples locaux en territoire français (centralisation, dont politique des langues). Peuples anglais de la Révolution : les Jacobins anglais, vaincus et poursuivis après 1800. Et des peuples de la contre-révolution.

Le prix de cette histoire sociale, critique des assises et establishments de l'histoire économiste libérale des 50s-60s (Hayek déjà, et Ahston), dans son temps politique : le frayage d'une perspective sur la politicité des peuples religieux ; des socialités par la religion et par la culture. Perspective d'une politique de la culture, qui sera le plan sur lequel pourra se développer un Orientalism de Said, (un Foucault déjà, qui avait constitué lui-même son plancher théorique, par d'autres moyens), les Cultural studies. Puis les travaux sur la contre-modernité indienne, Chakravarty par exmple et Nandy.

L'Angleterre : vertus théoriques

L'Angleterre importe comme cas-modèle, et point de densité théorique dans l'histoire de la pensée politique. Et English studies donc, comme telles, pour une poétique du peuple contemporaine. Puisqu'il ne s'agit pas d'une parmi d'autres de area studies ou non-objet théorique prédéfini par l'aire "géographique" - mais bien d'un noeud historique spécifique, qui a la spécificité théorico-politique d'être l'un des lieux de l'une des modernités, et le cas-école de pans majeurs des déterminants contemporains : libéralisme, capitalisme, structuration de classes, théocratie et culturocratie, colonialisme.
L'Angleterre de la Glorious Revolution et de la Constitution de 1688, et de la contre-révolution anti-jacobine. Une contre-modernité, alternative : Révolution Industrielle contre Révolution démocratique et républicaine. Le cours parallèle et conflictuel et complexement croisé des économisme politique ("political economy" des utilitarismes disciplinaires et le mode capitaliste de l'Empire) et démocratisme politique débouchant sur le bonapartisme et le mode napoléonien de l'Empire.
Angleterre prototypant Adam Smith puis Bentham mais aussi JS Mill et Marx et Engels ; et Foucault en France, par Bentham et l'attention au moment du passage de "l'âge classique".
Ce qui monte de la lecture au long cours de EP Thompson.

Et vertus du comparatisme britanno-français : rendu incontournable de toute façon par l'histoire. Pour toute réflexion sur empire, peuple-nation-état, vie politique des peuples, sciences humaines lettres et langues.

dimanche 3 mai 2009

Agenda : sur les savoirs du social

Il faut connaître les, prendre le détail des, savoirs sur le social qui déterminent le présent politique, sans quoi une bêtise théorique. Savoir où ils sont produits, et dans quels termes institutionnels, culturels, économiques, petit-politiques.
Les think tanks ici, et les pratiques de formation des entreprises (qui ont rendu dépassé des formes comme l'apprentissage et recyclage ; qui sont en rythme de croisière avec VAE, formation-tout-au-long-de-la-vie, stage - et stageariat-tout-une-vie, qui s'étiquette "flexibilité"), mais aussi le coaching, l'innovation, et les disciplines de l'entreprise - marketing, économie diversement appliquée, NPM, que sais-je. Comment ça découpe, taille, dissèque, forme, l'épaisseur sociale. Fromage. Ici les disciplines au sens de Foucault.
Je le prendrai par la Communication. Mais possible aussi par le marketing. Tous les deux parlant anglais, Globish.

Mêmes inscriptions : les normes ISO.

Mob, et peuple-historicité

L'histoire des mobs anglaises, de la forme mob - reprise par exemple, au politiquement sérieux, par EP Thompson dans The Making of the English Working Class. The mobile ; de mobile vulgus. Une mobilité, mais penchant vers la manipulabilité, de la foule la masse le groupe le prolétariat le peuple (ces déclinaisons sont l'histoire). The excitable crowd, the moveable crowd. Volatile.
Question de agency (political), et question de mouvement social, soit historicité-peuple ; agencement-collectif.
Pour agency : la question que cherchent à récupérer, pour le discours historien, et sa face vaincus (Benjamin), les Subalternists dans les années 80 et un historien de gauche comme EP Thompson qui travaille pour une perspective de gauche en temps de Guerre Froide et orthodoxies libérales-économistes-"empiristes" (60s - qu'il marque comme un aujourd'hui droitisé après l'époque d'après-guerre). Agency d'un peuple, ses révolutions, ses cultures, ses poids dans la détermination de l'histoire et des valeurs de l'histoire. Peuple dans la nation, des Relations internationales, guerres mondiales et décolonisations.
Pour mouvement social : la notion d'un peuple-historicité : à observer, mettre en lumière, recomposer dans l'archive, à partir des temps de fracture ou "lieux de la culture" (Bhabha) - "insurrection" pour R. Guha (et "counter-insurectionary"), "riot" et Dissent et custom, tradition, "structure of feeling", "articulate"-ness, pour Thompson (et "counter-revolutionary"). Ouvrant vers le plan ouvert des Cultural studies. Moments du shifter.
Le peuple-agencement collectif d'énonciation (Del&Guatt) : cette intuition du peuple-comme-histoire, qui est également histoire-comme-peuple. Le politique comme ni l'état(-nation) d'une philosophie politique, ni le groupe en états [ce n'est pas ça, ici - quoi alors exactement? Il y a bien un ni à identifier ici - l'économisme-matérialisme marxiste?, la classe exactemenet?], mais le social, comme "mouvement" - histoire-peuple, rythme-anthropologique.
Le peuple est se qui se forme. Avec l'historicité d'une énonciation, qui fait que Thompson y contribue.

Puis les différentiels de pouvoir, champ électrique, des tensions entre nation et peuple.

jeudi 30 avril 2009

demos et ethnos

Et pas seulement.
Mais me reste l'importance de l'espace demos pour théâtre des libertés et des espace de manoeuvre des différences. Racine de ça pensée par le rationalisme français.

mercredi 29 avril 2009

Morale, politique, sous-politique - nation et état

The Making of the English Working Class, E.P. Thompson, 1963, pour continuer la question du peuple. Le passage ralenti, détaillé, sur les années d'agitation jacobine en Angleterre, découvre bien des ensembles politiques capitaux. Lus avec la résonance des efforts de re-perspective des Subalternists, passés par Gramsci et le poststructuralism, c'est le coeur du rapport entre culture et politique qui s'éclaire.
Question, dans les deux cas, de comment penser et faire l'histoire de traditions (contre les doxas de philosophie de l'histoire - marxistes exactement ? A voir de près) et du populaire. Du subalterne - Thompson dit, pour un pan de question contigu, "subpolitical" (soit : l'agency politique de la "majorité" du peuple non engagée dans les actions délibérées du Old Dissent ou du jacobinisme. Tradition of rioting, comme droit, inscrit dans la "British Constitution" au compromis de 1688, de la liberty : droit du free-born Englishman, son partage constitutionnel-national).
Question de regarder, pour l'histoire, ce qui manque à la construction de "politique" : la politique morale, et la politique culturelle (mais Thompson ne dit jamais, so far, "culture". Il reste impeccablement historien, parlant de métiers et catégories socio-professionnelles, de leurs alliances et articulations, oppositionnelles et différentielles).
L'histoire anglaise - question de la nation pour penser l'état - permet en effet une mise au point sur la théorisation du politique et les modes d'en faire l'histoire. Le comparatisme avec la France et l'Allemagne déploie, critique.
L'indénouable, anglais, du national (et multinational, dans le Royaume Uni, plus ou moins et colonial dès le premier Commonwealth) dans le politique, dans les poussées de démocratisme moderne. Le Dissent anglais (et ses histoires latérales aux colonies américaines) est un nationalisme, et une moralité sociale, religieuse. La référence de fond de liberty est Saxonne. En dictinction de la française, rationaliste et universaliste. "Philosoph"-ique, et déiste. Facile depuis là de penser la démocratie sans la nation, la nation ayant été si fermement bouclée par le système monarchique. Voir le devenir des régions et des représentants régionaux, ce grand brassage des régions ("Girondins") dans les événements révutionnaires, Versailles et Paris et Champ de Mars.
Ca fait bien deux lignées de théorisation (au moins). Un proto-marxisme et un proto-maoïsme. Démocratie politique-philosophie rationaliste [un sujet-peuple] // théo-éthocratie libertaire-politique morale [un sujet-nation-réformée ? ce n'est pas exactement ça]. (Voir aussi, suivre, la question des professionals et du travail intellectuel avec, sans, dans, le peuple dans ses tropismes jacobins en Angleterre pour Thompson.)

Ces noeuds, à rouler en tête.
Avec les situations américaine (carrière de Paine) et allemande : les Idéologues avec Herder et Humboldt, les Philosophes avec Locke et Blackstone. Voir.

Que faire ?

Les convergences : hier hôpital et université. Satisfaction (pour la satisfaction seule, puisqu'elle n'est pas l'établissement d'un sens - mais la satisfaction est une vie politique) d'entendre en rendre compte, dans les récits de différents journaux de médias, comme d'une convergence. "Service public", (le SNEsup se félicite d'un "chaleureusement").
Les convergences européennes, qui s'essaient au contre-sommet de Louvain cette semaine.
Les convergences en largeur qui se planifient pour le 1er mai : front syndical uni pour une première fois (par rapport à quoi exactement, dunno quite).
Les paquets de problèmes bien pris ensemble : le colloque de Paris 8 sur "Les universités et la mondialisation".
Ce sont ces traverses, ces déplacements et créations de perspectives, qui importent, et font sens - font effort politique de sens.

Peuples de grève

Bien sûr, un "Que faire ?" peut (ne peut que) commencer par une chronique de l'ici.
Les expériences de la Ronde des obstinés, et à la ronde [pratique de terrain, pratique de peuple : "Universités en lutte : Vous voulez en parler ?"] ; les fatigues aux manifs, les photos interrogatives, les irritations et impatiences et lectures échangées et démarrages d'unanimités. Les sociétés dans leur "making" (E.P. Thompson), les tutoiements, les convergences. Les lucidités qui viennent dans le cours des journées, with the mulling over and the exchanges.

lundi 27 avril 2009

Africultures

Site Africultures : http://www.africultures.com/.

"La Critique postcoloniale, étude des spécificités", entretien de Boniface Mongo-Mboussa avec Jean-Marc Moura, "Seul auteur français à avoir publié sur la critique postcoloniale telle qu'elle est pratiquée dans les pays anglo-saxons, Jean-Marc Moura explique ici en détails quel en est l'intérêt et les enjeux pour la pensée dans les pays francophones."

lundi 6 avril 2009

Analyses sur l'université sous Bologne : allemande

Voir Konrad Paul Liessmann : Theorie der Unbildung. Die Irrtumer der Wissengesellchaft. Septembre 2006.

lundi 30 mars 2009

Repères de littérature indienne

(tiré du "Project description" du Network in Postcolonial Translation) :
. Tagore, Bankim Chandra Chatterjee, Sarat Chandra Chatterjee : Bengali
. Subrahmanya Bharati, Kalki : Tamil
. Premchand : Hindi
. Asokamitran, Jayakanthan, CS Lakshmi, Bama : Tamil again (lesser? contemporary?)
. Samaresh Basu, Sunil Gangopadhyay, Mahasweta Devi, Salina Hussain : Bengali (same)
. Rushdie, Amitav Ghosh, Vikram Seth : those mentioned for literature in English here

Network in Postcolonial Translation

Accueil du site ; Présentation du projet.

vendredi 27 mars 2009

Situation des disciplines - université européenne

Protests as Sussex University axes linguistics courses:
http://www.theargus.co.uk/news/4221118.Protests_as_Sussex_University_axes_linguistics_courses/
Linguistics axed:
http://www.thebadgeronline.co.uk/news/linguistics-axed/

Pétition: Save linguistics at sussex:
http://www.ipetitions.com/petition/Save_linguistics/?e

dimanche 22 mars 2009

Robert Young, juste

Postcolonialism, An Historical Introduction (2001), et la notion (Hakima Sharmie, romancière pakistanaise) d'un dépassé de "postcolonial literature" ; d'un américanisme dans la notion de "postcolonial literature".
Ce qui est juste dans le point de vue qu'il aiguise est la pointe vers le terrain du débat, et lieu des enjeux : d'accord, les grands travaux pour déplacer la perspective de la postcolonial theory d'une assise universitaire, intellectuelle, "theory", à une généalogie dans les luttes de libération de la décolonisation, avec leurs suites, diasporiques et déjà mondialisées, en internationalisme activiste, dans les libérations de gender, class, ethnicity. Généalogie donc dans la praxis révolutionnaire, et culturo-révolutionnaire, à remonter jusqu'à Lénine et Mao. Généalogie marxiste, contre la généalogie d'une histoire des Humanities. La question de la place qu'il donne à l'anthropologie sera intéressante à regarder ; et le point de travail, bien sûr, ce qu'il fait de la Literary Theory, qui vient d'un autre circuit international.
Il est juste que le terrain de ces questions soit en effet
. l'embarras marxiste traditionnel, c'est-à-dire la problématique ultra-riche, du rapport entre théorie et praxis ;
. les recherches vers une articulation du politique (rapports économiques) au culturel (rapports de société/s) (Gramsci, les Cultural studies britanniques, avec la New Left - mais aussi déjà Weber ; commencer par là ; et l'Ecole de Frankfort - avec leurs inventions ou conditions institutionnelles, en émigration)
. l'histoire contemporaine de l'université américaine et du radicalism, de la critique. Le statut social de l'université, des universitaires et des intellectuels ; de la parole publique et de l'écriture critique. Et des effets de cet ensemble, ce noeud politico-culturel, comme coeur productif, de gré ou d'instrumentalisation, de l'hégémonie culurelle et épistémologique américaine. Ici.

Et l'université américaine - ses lieux choisis - est bien le lieu déterminant, l'arène des enjeux. Ce qui s'y découpe se renvoie hégémoniquement, en mondialisation. Ce fait est à décompléter, à frayer, pour ses lignes de faille, et sa vie ; mais c'est bien là qu'il faut regarder, et intervenir.

lundi 16 mars 2009

Réformes sociologiques : de professions à métiers du savoir

Je cite, info reçue par diffusion mail:
Henri Peyronie, professeur émérite en sciences de l'éducation à l’Université de Caen, présente une analyse en termes sociologiques des modifications introduites par la masterisation des concours pour les enseignants du premier degré (www.snuipp.fr/IMG/pdf/fsc325.pdf, p. 19), qui n’est pas sans rappeler celle des enseignants du second degré. Extrait:

"Avant on préparait au «savoir enseigner». Or le nouveau concours évalue un «savoir parler sur» le système scolaire et sur le savoir gérer. La nouvelle rhétorique du ministre «recruteur » et les textes de présentation des nouveaux concours («une logique de recrutement conforme aux besoins de l’employeur») annoncent des traits de professionnalité étrangers à la culture du monde de l’école et à la recherche en éducation. Avec des épreuves de concours destinées à évaluer, non plus des compétences académiques mais la capacité à tenir des discours au plus proches des idéologies managériales, le statut change.
En termes de sociologie du travail, la fonction enseignante passe avec ce projet d’un statut de «profession» (caractérisant traditionnellement avocats, médecins, professeurs d’université et de lycées) dont les caractéristiques sont des études longues, une autonomie professionnelle et une évaluation par les pairs, vers un statut de «métier» (caractérisant les travailleurs plutôt dominés)."

Peuples de grève

Parmi les informations, analyses, documentations, points de vue, qui se multiplient et se forment en une culture universitaire tout à fait nouvelle, des points.
Sur le droit de grève, à noter après analyse lue (M. César, P13) : "Ainsi, les règles applicables à l'exercice du droit de grève [...] entendent éviter aux agents d'avoir à se confronter à des relations personnalisées dans des conflits dont la nature est collective, et de leur permettre ainsi de pouvoir exercer pleinement un droit démocratique fondamental garanti à ce titre par la constitution et de leur garantir l'exercice de ce droit hors de toute pression explicite ou implicite émanant de leur hiérarchie."

Sur le droit de grève : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000414601&d

Position syndicale : http://www.snesup.fr/Votre-metier?aid=3803&ptid=10&cid=3723%u2028

dimanche 15 mars 2009

Sur le Translative turn

Le fil à prendre : que le tournant envahissant de la traduction, dans divers champs, porte le potentiel d'une remise en route de la question du langage, par celle des langues. Post-theory. L'histoire serait : un linguistic turn (qui est aussi un tournant critique : féministe, minoritaire, cultures, le populaire, marxismes, liberals des 60s), les backlashes anti-Theory pour repousser l'extrémisme linguisticiste (sémiotique) et remailler un rapport au sujet et au social, les moments des cultural turn, postcolonial turn. Thématiques identitaires, aplatissement du rapport de sens à société, pan aveugle du langage.
La traduction, montant par en-dessous, venant de directions inattendues, sortant d'histoires mineures ou minorées : vient rapporter le langage, avec les langues, rapports de sens rapports de pouvoir. Politique des langues. Le langage comme la vie des peuples.
C'est à regarder de près ; en suivre les segments historiques, en dessiner les généalogies possibles.
Ici aussi, la généalogie indienne devrait aider à relativiser, comparer.

Culture et politique : Cultural studies

Toujours campée à ce carrefour, à voir ce qui passe, nombreux : du rapport entre culture et politique, et de l'enjeu des transformations de ce rapport depuis : 1989, 1945, 1947 (Sétif, Sartre), 1980 (la "Décennie", les révolutions Thatcher/Reagan), 1968-1980, etc. Toutes ces ponctuations. Enjeu capital pour le présent.
Les Cultural studies de Birmingham, les tournants pratiqués par la génération des élèves de F.R. Leavis, ont fait ce geste théorique fort : reprise du marxisme, en temps de New Left, par une culturologie. Qui impliquait, d'un même geste - c'est ce qui se découvrait - la distribution d'un autre rapport entre High culture et popular culture. Promotion de ce concept : popular culture, autre chose folkore ; actualisation de la pensée romantique de la culture. L'arrachement au politologique (plutôt : le pouvoir nu, et ses jeux aux coordonnées dogmatiques - à voir), et à l'économisme, vers un wéberien, un gramscien, (un Frankfurt School? peut-être pas) de la société : révision du noeud infra/superstructure. Placer une perspective quant à the politics of culture.
Et la création d'un espace universitaire hors carte, et l'invention pratique de modes de travail fresh.

Les déplacements opérés par les Postcolonial studies ont une autre dynamique. Dominique Combe (papier sur Said, pour le numéro de Littérature sur Les écritures postcoloniales) rappelle bien la situation de Said en philologie ; une continuation de comparatisme européen. Puis les usages de Said.
Il faut voir donc : l'apport de Stuart Hall, spécifiquement ; l'intervention de Spivak et Bhabha dans la scène universitaire américaine ; les développements australiens et leur situation. Le plan du scholarship indien devrait aussi permettre de mieux situer le phénomène des Poco - comme histoire universitaire américaine, ses mondialisations ; ses rapports d'hégémonie culturelle.

vendredi 13 mars 2009

Plateaux de la traduction

Trivium : Revue franco-allemande de sciences humaines et sociales (blurb : "Éditée par les Éditions de la Maison des sciences de l’homme avec le concours de partenaires allemands et français, la revue électronique Trivium publie des traductions d'articles. Elle se conçoit comme un instrument d’échanges, de coopération entre les communautés de recherche francophone et germanophone et de communication en sciences sociales et humaines.")

Europe espace de traduction : réseau de 6 universités (Paris 8, Vienne, Dresde, Naples, Istamboul, Bucarest).
- Paris en 2009 (Paris 8) : "La traduction comme enjeu. A partir de Freud, Derrida... Réflexions, rencontres et lectures sur les relations entre psychanalyse, philosophie et traduction".
- Naples en janvier 2009 : "Vivre et écrire entre les langues"
- Naples 2010 : "Traduire l'Europe, traduire en Europe". "Festival".

Aussi :
Europeana : "Think culture". Bibliothèque électronique.

Le postcolonial : pour culturologie du politique

Je continue à cogiter l'apport de la question du colonial (c'est-à-dire : la problématique postcoloniale) pour une culturologie du politique. La poursuite du projet, engagé de longue date et donc déjà riche d'une histoire aux coordonnées multiples (décolonisation des années 50-60 ; postcolonial des 80s ; néocolonialismes des guerres des 90s, des terrorismes et ethnocratismes des 2000s), d'une réinterrogation des bases de la philosophie politique européenne par les exigences d'une anthropologie critique.

Avec Fanon, Les Damnés de la terre (1961), c'est le rapport de classe et race qui est noué, et arraché aux coordonnées des "intellectuels" et "élites" complicites avec la "bourgeoisie colonialiste" : qu'en situation coloniale (40), le blanc est riche, le riche est blanc (43). La "classe dirigeante", "espèce dirigeante" (43). Et les cadres théoriques du marxisme sont critiqués par l'évidence matérialiste d'un rapport économie politique / culture sociale décalé :
"L'originalité du contexte colonial, c'est que les réalités économiques, les inégalités, l'énorme différence des modes de vie ne parviennent jamais à masquer les réalités humaines. [...] Aux colonies, l'infrastructure économique est également une superstructure. [...] C'est pourquoi les analyses marxistes doivent être toujours légèrement distendues chaque fois qu'on aborde le problème colonial." (43).

Avec Ashis Nandy aussi, un autre nouage des plans d'analyse est forcé : psychiatrie et sociologie ; sujet socio-culturel et régimes du pouvoir ; subjectivité sociale-culturelle et police politique.

Avec Rancière, La Mésentente (1995) : le rapport de la philosophie au politique, par sa mise en ordre dans les formes de la "police", et l'ordonnancement d'une culture conceptuelle qui le philosophisent. La philosophie politique : ce discours de la mise en police du politique. Ses termes modernes (après les étapes de Platon, Aristote, Marx), postcommuniste : le triomphe totalisant, mondialisant, consensualisant, de la "démocratie" qui est une démocratie de "police". Politique du consensus et de l'humanitaire, de la communication et de la communauté. Qui continue à faire ses partages, et à produire ses "sans". Ses demos : par les éruptions d'ethnos qui sont les demos contemporains.

Pourquoi une anthropologie critique doit toucher à la labilité du rapport (partage, avec Rancière) entre privé et public, et au processus de socialisation qui se fait dans le nouage langagier - ici le poétique - , qui est le nouage des sociétés.
Question du peuple. Comme société-et-nation.

jeudi 5 mars 2009

Documents : trends dans les universités britanniques

Higher Noon, academic news and opinion. EducationGuardian.co.uk
Top universities face cuts in research funding :

. Arts and language subjects miss out on funding. Concern over expertise in languages being lost as universities shift focus to sports and media to keep up with demand :
http://www.guardian.co.uk/education/2009/mar/05/universityfunding-researchfunding

. Gains for media studies and sports science; Cambridge, Imperial and UCL among losers :
http://www.guardian.co.uk/education/2009/mar/05/university-research-funding